Désormais, les jeunes pauvres potentiellement et/ou économiquement actifs, les très petites entreprises, les petits exploitants agricoles peuvent avoir accès au crédit dans les Institutions financières de proximité(IFP), grâce au soutien et à l’accompagnement d’un fonds national
Pour rendre possible cette démarche, le gouvernement a, depuis le 14 mars 2011, mis en place une structure baptisée Fonds national de la microfinance (FNM), doté d’un capital de 2,5 millions de dollars. Son siège national est basé à Kinshasa et des succursales et il a des agences à l’intérieur du pays. L’exécutif a confié une double mission à cet établissement public. Premièrement, il s’agit de rendre autonomes les populations économiquement vulnérables exclues du système bancaire, à savoir les commerçants, les petits entrepreneurs, les artisans, les artistes issus des couches pauvres les jeunes, les chômeurs habitant en milieu urbain ou rural. Deuxièmement, il faut améliorer la qualité opérationnelle et financière des Institutions financières de proximité(IFP) sur toute l’étendue du pays.
Dans l’accomplissement de ses missions, le FNM a mis en place une stratégie globale d’offre des services financiers et non financiers. Elle s’effectue à travers plusieurs actions simultanées et organisées en cinq axes d’intervention, à savoir le renforcement des capacités techniques des Pauvres entreprenants et des IFP ; le refinancement et les lignes de crédit aux IFP partenaires ; la sécurisation des prêts ; le suivi-évaluation ainsi que la gouvernance du FNM.
Ces diverses interventions convergent vers un objectif précis qui est celui d’assurer l’autopromotion économique et sociale des populations à faibles revenus tant en zones rurales que dans les centres urbains. Les activités paysannes de transformation alimentaire, les petits commerçants, les prestataires de services, les artisans, les vendeurs de rue et tous ceux qui travaillent au grand jour dans le secteur non formel ou non structuré, intéressent au plus haut point le FNM. Toutefois, la bonne volonté ne suffisant pas, un responsable reconnait que cette structure ne peut pas servir tout le monde à la fois. Il faudra du temps et surtout beaucoup de moyens pour que sa vision puisse atteindre le grand nombre.
Une Procédure longue et complexe
L’accès au crédit pour cette catégorie d’acteurs économiques passe par une procédure longue et complexe, mais à la fois exaltante et enrichissante. Tout commence par un simple geste d’enregistrement du potentiel entrepreneur pouvant se faire sur le site internet du FNM ou par le dépôt de son dossier au siège national ou provincial. Vient ensuite une présélection des candidats au niveau des instances du FNM. À l’issue de cette étape, ceux qui sont retenus sont dûment informés par le biais de leurs adresses respectives. Ils seront alors conviés, par la suite, à suivre une formation en gestion des micro-projets pendant une durée d’un mois, du reste gratuite, en guise de renforcement des capacités.
Au terme de cette formation, les candidats sont répartis en groupes de 4 à 5 personnes pour créer une Microentreprise associative(MEA), le FNM n’admettant pas la procédure d’obtention d’un crédit individuel. Chaque MEA ainsi créée devra, sous l’assistance et la supervision des experts formateurs et ceux du FNM, élaborer un business plan (ou un projet bancable) et des statuts organisant son fonctionnement et sa gestion. Le business plan présenté, accompagné des statuts de la MEA, devra être en phase avec les secteurs éligibles édictés par le FNM. Parmi ces secteurs d’intervention, on cite notamment l’agriculture, l’élevage, la pêche, la petite transformation, la fabrication, le commerce, l’artisanat ainsi que les services. L’approbation de ce plan par les différentes parties prenantes ouvre la voie aux membres de la MEA à l’obtention des documents juridiques comme preuve de la création effective de la microentreprise, à faire prévaloir devant les instances publiques du pays. Et, enfin, viendra l’étape du financement proprement dit des projets par les institutions financières de proximité. Les responsables des MEA étant des personnes vulnérables, c’est le FNM qui offre la garantie en leur lieu et place.
S’agissant du plafond des montants alloués aux projets retenus, il est fonction du domaine d’intervention tel que fixé par le FNM. Le financement tournerait autour de 5 à 10 mille dollars pour un projet MEA. En ce qui concerne le taux d’intérêt et les modalités de remboursement, ils sont à convenir entre l’institution financière et la MEA sur la base de l’étude de rentabilité pour chacun des projets, et ce, sous l’intermédiation du FNM.
Une expérience à dupliquer
C’est en 2012 qu’a commencé la première expérience avec des jeunes entrepreneurs à Kinshasa. Dans un premier temps, 1400 jeunes avaient déposé leurs dossiers auprès du FNM. Après une première phase de présélection des candidats, 800 d’entre eux étaient inscrits au programme de formation. Sur ce groupe, 108 ont effectivement répondu aux attentes du FNM et de ses partenaires. Une cérémonie officielle de création des premières microfinances associatives des jeunes avait été organisée, à leur intention, en mars 2015, par FNM en collaboration avec le Guichet unique de création d’Entreprise.
À cette occasion, à chacun des responsables de ces nouvelles microentreprises, des documents essentiels à la naissance d’une micro-entreprise leur avaient été remis. Parmi ces pièces, il y avait on cite notamment le registre de commerce et du crédit mobilier (RCCM), les statuts notariés, le numéro d’identification nationale, le numéro impôt, l’autorisation d’ouverture de l’établissement, le numéro d’affiliation à la sécurité sociale, le numéro d’immatriculation à l’Institut national de préparation professionnelle, l’accusé de réception au ministère de l’Environnement de la déclaration d’installation classée ou de la demande du permis d’exploitation.
Ces documents juridiques créateurs de la MEA ont été obtenus par le FNM auprès du Guichet unique de création d’entreprise contre paiement d’une somme de 120 dollars. Après le financement, le FNM n’entend pas abandonner la micro-entreprise nouvellement naissante. Il l’entoure de son soutien et de son accompagnement jusqu’à lui permettre de produire les fruits escomptés.
Thierry Matigi Ndeye, un des jeunes entrepreneurs de cette promotion, affirme qu’à l’issue de ses études universitaires, il espérait trouver un emploi le plus vite possible dans une société de la place. Mais, aujourd’hui, après les diverses formations suivies dans le cadre du projet avec le FNM, il voit les choses autrement. « Je suis tenté plus d’en créer plutôt que de déposer des demandes d’emploi partout dans la ville », assure-t-il. Son nouveau crédo : « Le FNM vous rend accessible, crédible devant les banques et malgré vos poches vides, vous pouvez obtenir un financement ». Pour lui, cette expérience est à multiplier pour permettre aux autres jeunes d’intégrer ce processus qui mène à l’autonomisation.