Dans un rapport publié à l’issue du Business meeting, un atelier organisé en 2013, le ministère de l’agriculture et développement rurale démontre comment il va moderniser ce domaine durant les huit années à venir. Le document planche sur un investissement de plus 5 730,8 millions d’US$ comme coût total du Programme National pour l’Investissement Agricole en République Démocratique du Congo sur la période allant de 2013 à 2020.
Cependant, nul n’ignore que l’incidence de la pauvreté en RDC reste très élevée en comparaison à celle des autres pays de l’Afrique centrale avec un taux de 71,34% pour l’ensemble du pays. Dans le même temps, la situation nutritionnelle est critique et le retard de croissance ou malnutrition chronique, touche 43% d’enfants de moins de cinq ans et 13% d’entre eux souffrent de la malnutrition aiguée globale avec une insuffisance pondérale, quant à elle touche près d’un enfant sur quatre, reconnaissent les experts en la matière.
Comment relever ce défi en huit ans alors qu’il y a de cela plus de 50 ans que le même discours est toujours tenu, le même rapport rédigé et des multiples meetings organisés sans que rien ne bouge et que le pays s’engouffrent davantage dans une misère noire pour ne pas citer le dernier rapport sur les indices du développement humain qui place la RDC à l’avant dernière position ? Dans son allocution présenté à cet atelier, le Ministre de l’Agriculture, Monsieur Jean-Chrysostome Vahamwiti, un des rares qui est sur le terrain que dans des bureaux climatisés, n’a pas manquer de déclarer que ce programme s’intègre dans les Politiques Agricoles Communes régionales et leurs processus de planification stratégique. « Il constitue une déclinaison du deuxième pilier du DSCRP 2 qui est de diversifier l’économie, d’accélérer la croissance et de promouvoir l’emploi, visant directement à réduire l’extrême pauvreté et la faim ». Plus spécifiquement, le Programme National d’Investissement Agricole s’inscrit dans la droite ligne de la mise en œuvre de la Note de Politique Agricole du Gouvernement de novembre 2009 et de la Stratégie Sectorielle de l’Agriculture et du Développement Rural (SSADR) adoptée en avril 2010 et constitue le cadre de planification stratégique et le plan d’action de la future Politique Agricole Nationale.
Programmes ambitieux, des chiffres vertigineux
Rien qu’en parcourant la ventilation du coût total (en millions d’US$) par programme, les montants requis pour la mise en œuvre du PNIA au cours de huit prochaines années sont importants. Cependant, souligne ce plan, les experts de l’agriculture reconnaissent que la République Démocratique du Congo reste dans des proportions inférieures à la plupart des pays d’Afrique subsaharienne si l’on tient compte de la population qui s’évalue actuellement à plus de 80 millions d’habitants à l’horizon. Ici, la dépense annuelle moyenne est seulement de 8,2 US$ par habitant, ce qui reste modeste par rapport aux enjeux en termes de lutte contre la pauvreté et la malnutrition dans le pays le plus peuplé d’Afrique centrale.
En réalité, l’objectif global du PNIA est de stimuler une croissance annuelle soutenue du secteur agricole de plus de 6%, indispensable pour réduite la pauvreté, pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations congolaises et pour générer durablement des emplois et des revenus. Ce qui vise concrètement, selon les indicateurs publiés dans ce document, près de 6% du taux annuel de croissance du Produit Intérieur Brut agricole, une réduction de 20% du taux de personnes souffrant de la faim, de plus de 100% du taux d’amélioration des revenus des producteurs agricoles et près de un million d’emplois générés. Le souci est de promouvoir les filières agricoles et développer l’agri business afin d’assurer durablement la sécurité alimentaire des populations et d’améliorer les revenus des paysans et d’autres opérateurs du secteur par la création de 15 parcs agroindustriels fonctionnels. Cette politique vise à améliorer la gestion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations en constituant des réserves stratégiques. Ainsi la proportion de la population en situation d’insécurité alimentaire sera rapidement réduite à un taux inférieur à 20% et la malnutrition infantile chronique et aigue respectivement à moins de 20% et 5%.
Pour atteindre ces objectifs, les spécialistes de l’agro-industrie souligne qu’il faut développer et diffuser les produits de la recherche auprès des utilisateurs et améliorer le niveau de compétence professionnelle des différents acteurs en augmentant de plus de 75% le taux d’adoption des technologies appropriées, en améliorant la gouvernance agricole par la promotion et l’intégration de l’approche genre et en renforcer les capacités humaines et institutionnelles. Car tout ceci dépend de la volonté du gouvernement au regard du budget alloué à ce secteur (actuellement…), au volume des investissements privés, au taux de participation de femmes dans les instances de décision, à la forte implication des populations , au bon fonctionnement des techniques d’encadrements et au contexte sociopolitique stable, précise-t-on dans le document du Ministère de l’Agriculture.
Citation : Il constitue une déclinaison du deuxième pilier du DSCRP 2 qui est de diversifier l’économie, d’accélérer la croissance et de promouvoir l’emploi, visant directement à réduire l’extrême pauvreté et la faim. Le Ministre Vahamwiti