Depuis une vingtaine d’années, le pays ne sait plus produire des statistiques concernant le secteur caféier. Certains entrepreneurs n’ont pas encore baissé les bras, mais ils en appellent à une amélioration du climat des affaires.
Les membres de l’Association des exportateurs du café de la province du Nord-Kivu ont pris leur courage entre les deux mains et sont venus présenter, à la fin du mois d’août à Kinshasa, leurs doléances au ministre en charge de l’Economie et du Commerce, Jean-Paul Nemoyato. Continuant d’investir dans cette culture de rente, ils ont constaté que le nombre de taxes qui leur sont imposées ne peuvent permettre un épanouissement de ce secteur. Un grand nombre d’entre eux préfèrent se délocaliser, en s’installant dans des pays limitrophes, comme l’Ouganda et le Rwanda. D’autres montent des subterfuges pour échapper à une taxation considérée comme « exagérée ». Dans le mémorandum que le président de cette Association, Kambale Kisumbu Kamungele, a remis au ministre de l’Economie, en présence du Secrétaire général de la Fédération des entreprises du Congo (Fec), Kimona Bononge, il y est indiqué que les perturbations créées au niveau de la production locale sont favorables à l’embellie remarquée dans les Etats voisins. Alors que la RD Congo n’a pu exporter, l’année dernière, que 8.000 tonnes, pour une valeur de 17 millions de dollars, l’Ouganda a pu réunir, à titre d’exemple, 500.000 tonnes, écoulées à 500 millions de dollars. Il faut ainsi revoir certaines réalités, sur le marché local, pour relancer la chaîne de production.
Une volonté de sortir de l’ornière
Des réflexions se poursuivent au niveau des provinces de l’Est afin de relancer la filière caféière. Il y a plusieurs décennies, ce produit alimentait sensiblement le trésor public et faisait la fierté de la population de cette partie du pays. En mars 2012, des délégués des provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu s’étaient retrouvés à Goma pour lever des mécanismes susceptibles de renforcer la sensibilisation, au sein de la population, et la commercialisation, auprès des opérateurs économiques. Ils partaient d’un constat malheureux : la production nationale du café avait chuté de 90 %, causant une perte au trésor public estimée à 235 millions de dollars. Les exportations se limitaient à quelque 9.000 tonnes, soit près de 150.000 sacs. Faute d’un outil de travail approprié, l’0ffice national du café (Onc) ne pouvait plus apporter les services attendus aux autres maillons de la chaîne.
En avril dernier, toutes ces parties prenantes se sont à nouveau retrouvées, dans le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, pour approfondir la réflexion sur le développement et l’organisation de la filière-café. Cette-fois, elles ont élargi le cercle des participants, en invitant des personnes concernées habitant le district de l’Ituri, en Province Orientale. Les échanges ont porté sur le mode d’«amélioration des revenus des petits producteurs de café et des opérateurs locaux, à travers la facilitation des échanges économiques, l’amélioration des prix et l’augmentation de la production. » Une liste de recommandations a été adoptée à la fin de ces assises. Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) s’était associé aux travaux, à la grande satisfaction des participants.