Depuis une dizaine d’années, l’or vert ne rapporte plus grand-chose aux planteurs qui sont obligés de se tourner vers des filières lucratives. Professionnalisme et compétitivité sont les maîtres mots pour sortir de la zone de turbulences.
À peine se reprenait-elle après les années de guerre, la filière café est retombée dans les travers de la mal gouvernance. L’Office national du café (ONC) vient de révéler que l’objectif affiché de produire, à l’horizon 2015, 120 000 tonnes, dont 100 000 destinées à l’export, ne sera pas atteint. En 2010, la production nationale avait atteint la crête de 10 000 tonnes par an, Mais très vite, elle est retombée à environ 8 000 tonnes compte tenu de beaucoup de pesanteurs, dont la surtaxe. D’après l’ONC, le café rapportait à l’économie nationale près de 15% des revenus d’exportations, soit environ 250 millions de dollars. En réalité, l’objectif de 120 000 tonnes par an est le seuil qui avait été atteint dans les années 1970-1980. À l’époque, la production de café représentait plus de 60% des recettes d’exportation des produits agricoles. Le Zaïre exportait environ 70 000 tonnes de café par an.
Sale temps
Selon les données du ministère de l’Agriculture, l’effondrement des exportations annuelles du café congolais occasionne chaque année une perte d’environ 235 millions de dollars pour l’économie nationale.
Exploité actuellement par plus de 4 millions de paysans vivant dans les zones rurales, le café a besoin d’un partenariat public-privé pour redécoller. Le ministère de l’Agriculture a élaboré une stratégie nationale pour servir d’outil de référence dans ce secteur et coordonner les actions des bailleurs, des ONG et d’autres partenaires. L’ONC se plaint de la fraude à la frontière avec l’Ouganda et le Rwanda pour contourner la surtaxe, notamment à Goma, Butembo (Nord-Kivu) et à Bunia (ex-Province-Orientale) où le café est très cultivé. La production de café a baissé à l’Est à cause des guerres récurrentes, de diverses maladies qui attaquent le caféier, de l’échec des différentes politiques agricoles et du découragement des petits producteurs. Conséquence : l’abandon des plantations de café pour d’autres filières plus lucratives. Le vieillissement des caféiers et le manque d’entretien ainsi que les coûts de transaction plus élevés par rapport aux pays voisins sont également parmi les causes de cette baisse.
Pour l’Union européenne (UE), l’appui des bailleurs est souhaitable à côté de l’engagement du gouvernement afin de mener les réformes nécessaires. John Schuler, de Suisse Café Africa, a émis le vœu de voir naître au Congo une caféiculture professionnalisée et compétitive en recourant à un engagement soutenu du secteur privé, du gouvernement et de son organisme, qui assiste les producteurs de café à l’Équateur et au Bandundu.
En 2010, elle avait organisé un atelier à Mbandaka pour la promotion de la culture de rente basée sur le café et le cacao. Les producteurs ont été formés sur les nouvelles méthodes et techniques en vue d’accroître la production et d’avoir des revenus substantiels. La culture de rente est possible dans tout le pays. Le café, le cacao, la banane, l’avocat, l’ananas, l’huile de palme, etc., sont considérés comme des cultures d’avenir pour le Congo. Suisse Café Africa sensibilise les producteurs locaux pour qu’ils constituent des coopératives afin d’accroître leur production à hauteur de mille tonnes par an. La relance de cette filière caféière exige notamment la décapitalisation du secteur agricole et la reconstruction des routes de desserte agricole.