DANS l’ordre, c’est la Chine qui a construit plus de centrales photovoltaïques que les autres pays en 2019, soit 30,1 GW de capacité supplémentaire installée. Suivent les États-Unis avec 13,3 GW et le Japon avec 7,7 GW. Au sein de l’Union européenne, la capacité installée est de 16 GW, l’Espagne et l’Allemagne ayant réalisé les meilleures performances avec respectivement 4,4 GW et 3,9 GW. L’Afrique et le Moyen-Orient ont installé des nouvelles centrales d’une capacité de 9,1 GW. En Afrique, l’Égypte a enregistré la meilleure performance avec 1,7 GW ; l’Afrique du Sud, 1 GW et le Maroc, 200 MW.
Au cours des années à venir, les centrales photovoltaïques auront le potentiel pour devenir une importante source d’énergie dans plusieurs pays à un rythme accéléré, affirme l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son Global Photovoltaic Market 2020. Les coûts de production de l’énergie solaire photovoltaïque et de l’éolien continuent leur chute. Les coûts actualisés (LCOE) de ce type d’énergies à grande échelle ont baissé au cours des six derniers mois, accompagnés par une chute du coût des infrastructures de stockage.
Baisse des cours
Le LCOE du solaire a connu une baisse de 4 % en six mois, au niveau mondial, passant à 50 dollars/MWh selon Bloomberg New Energy Finance. Celui de l’éolien est passé à 44 dollars/MWh grâce à une chute de 9 %. En Chine, la mise en place de modules solaires photovoltaïques monocristallins coûte désormais 38 dollars/MWh grâce à une baisse de 9 %. « Les nouvelles constructions solaires dans le pays sont, maintenant, presque au même niveau de coûts de fonctionnement que les centrales à charbon », affirme Bloomberg NEF.
Une baisse qui devrait se poursuivre selon les projections des experts. « Si la tendance actuelle se poursuit, le LCOE des meilleurs projets solaires et éoliens passera sous les 20 dollars/MWh d’ici 2030. Aujourd’hui, les meilleurs projets solaires au Chili, au Moyen-Orient et en Chine, ou les projets éoliens au Brésil, aux États-Unis et en Inde peuvent atteindre moins de 30 dollars/MWh. Et de nombreuses innovations en cours de réalisation, permettront encore de réduire encore plus les coûts », affirme Tifenn Brandily de Bloomberg NEF. Entre autres innovations en cours, la baisse des coûts actualisés des batteries de stockage qui sont passés à 150 dollars/MWh, soit la moitié des coûts pratiqués il y a deux ans.
En France, l’Institut Photovoltaïque d’Île-de-France (IPVF) et le CEA à l’Institut national de l’énergie solaire (INES) ont lancé un programme commun dans le domaine du photovoltaïque. L’objectif de cette collaboration, appelée « Tandem Made in France », est d’accélérer le développement de cellules associant les matériaux pérovskites à la technologie d’hétérojonction de silicium afin de créer un dispositif tandem à haut rendement, transférable à l’échelle industrielle.
En favorisant l’échange entre IPVF et le CEA-INES, deux instituts qui disposent de compétences complémentaires, ce programme commun d’une durée de trois ans accélérera le développement d’une technologie française qui doit permettre d’atteindre 30 % de rendement. L’objectif est de fabriquer une cellule tandem Pérovskite sur Silicium à 2 terminaux à haut rendement et par des procédés compatibles avec la production industrielle.
IPVF et le CEA-INES ont développé un important savoir-faire dans le domaine des procédés de synthèse et de dépôt des pérovskites et de leur intégration en dispositifs photovoltaïques. Le CEA-INES a par exemple obtenu un rendement record supérieur à 20 % à l’échelle d’un mini-module de 11 cm² en décembre 2019. IPVF, de son côté, a atteint des performances de 15 % de rendement sur 25 cm².
Enfin, le CEA-INES est l’un des pionniers sur la fabrication de cellules silicium à hétérojonction, l’une des technologies les plus intéressantes pour un couplage avec les pérovskites. Ses équipes ont notamment réussi à produire, en janvier 2020, des cellules hétérojonction démontrant un rendement de 24,63 % sur des équipements industriels permettant des cadences de 2400 cellules par heure.
Tarif prosumer
En Belgique, l’application du tarif prosumer est reportée au 1er octobre 2020. Le gouvernement wallon s’est accordé le jeudi 7 mai sur le report de cette redevance imposée aux détenteurs wallons de panneaux photovoltaïques pour leur utilisation du réseau électrique. « Nous présenterons, pour début juin, l’ensemble des mesures d’accompagnement et dispositifs nécessaires permettant d’assurer une application de ceux-ci qui soit concomitante avec l’application de la tarification prosumer au 1er octobre 2020. Ces mesures d’accompagnement (report depuis le 1er janvier, compensation directe, primes,…) s’inscriront dans un budget global de 200 millions d’euros. Ceci est la première étape de concrétisation de la décision de principe », a indiqué Philippe Henry (Ecolo), le ministre wallon de l’Énergie.
Faute d’accord au sein de l’arc-en-ciel wallon fin avril quant à un nouveau report de l’application de cette redevance, celle-ci était entrée en vigueur le 1er mai. Mais vu le mécontentement des libéraux francophones désireux de défendre l’une de leurs promesses électorales, les discussions s’étaient toutefois poursuivies ces derniers jours au sein de la majorité pour aboutir finalement à un report au 1er octobre prochain. L’accord de majorité bouclé en septembre dernier par les socialistes, libéraux et écologistes wallons prévoyait pour mémoire le report de ce tarif prosumer à la fin de la législature actuelle, en 2024.