Etant donné leur poids dans le commerce mondial, ils ont un réel pouvoir de nuisance. Les premiers à en faire les frais sont Allemands. Daimler, le numéro un mondial de la voiture haute de gamme a revu hier ses profits à la baisse pour 2018 à cause dit-il de cette guerre commerciale. Car, avec BMW, Daimler est le plus gros exportateur de voitures fabriquées aux Etats-Unis pour le marché chinois et le constructeur prévient : il n’y a pas d’alternative à la mesure de cet immense marché chinois. Les taxes sur les voitures américaines et le soja ont été les premières mesures de rétorsion annoncées par Pékin. L’oléagineux américain dont la Chine est un gros importateur en souffre déjà, son cours recule sur le marché américain. Et Pékin envisage d’étendre cette surtaxe aux produits pétroliers américains.
De quoi perturber le cours du baril ?
Les importations chinoises d’hydrocarbures en provenance des Etats-Unis pèsent un milliard de dollars par mois, ce n’est pas rien, mais il n’y a pas vraiment de quoi faire dérailler les marchés pétroliers. Après quelques mois d’adaptation, les producteurs américains trouveront de nouveaux débouchés. En matière de représailles commerciales, la Chine ne peut pas avoir la main aussi lourde que les Etats-Unis puisqu’elle exporte beaucoup plus qu’elle n’importe de ce pays, c’est d’ailleurs l’origine du conflit, mais elle a bien d’autres armes « qualitatives » à sa disposition auxquelles a fait allusion Gao Feng.
Une bureaucratie pointilleuse et incontournable
Dont les exigences de plus en plus raffinées pourraient très vite devenir un supplice chinois pour les entreprises américaines. Leur activité en Chine n’a aucune incidence sur la balance commerciale des deux pays, mais c’est bien elles qui pourraient trinquer. On imagine les effets ravageurs d’éventuelles inspections dans les usines de Foxconn, le sous-traitant de Apple. Ces marques américaines redoutent encore plus des campagnes de boycott. General Motors par exemple réalise 17 % de ses profits sur le sol chinois et se souvient du préjudice subi par les constructeurs japonais et coréens. Au moment où leur gouvernement était en guerre ouverte avec celui de Pékin sur des questions de défense nationale, leurs ventes chinoises se sont effondrées.
La Chine suspectée d’avoir ouvert un nouveau front avec les Etats-Unis en vendant de la dette américaine
Dette dont elle est l’un des plus gros détenteurs au monde. Si elle inonde le marché obligataire avec des bons du Trésor américains l’Etat fédéral devra payer de plus en plus cher pour emprunter. Recourir à cette arme, cela revient à appuyer sur le bouton nucléaire. Mais attention, cette arme fatale est à double tranchant.
En bradant ses bons du Trésor, Pékin ferait aussi fondre la valeur de ses réserves. Ce n’est pas vraiment dans son intérêt. C’est vrai qu’au mois de mars et au mois d’avril, d’après les chiffres les plus récents dont on dispose, Pékin a commencé à vendre plus qu’elle n’a acheté de bons du Trésor. C’est encore minime, de l’ordre de 4 à 5 milliards de dollars par mois, juste assez pour montrer les dents. Aller plus loin avec n’importe quelle arme d’ailleurs aura aussi un coût pour la Chine tant son économie est imbriquée avec celle des Etats-Unis.