Annoncée avec fanfare, la société qui succède aux défuntes Lignes aériennes congolaises (LAC) et à l’ancêtre Air Zaïre inaugure ses premiers vols, en août prochain, avec des aéronefs rachetés à l’italienne Alitalia.
Deux Airbus A320 d’occasion. C’est l’option levée par le gouvernement pour concrétiser son projet de (re)création de la compagnie nationale d’aviation. Ainsi, comme le rapporte l’AFP le 27 juin, la RD Congo a acheté ces gros porteurs auprès de la compagnie italienne Alitalia. Le coût, sans surprise, n’a pas été dévoilé. Cependant, sur le catalogue de 2003, année de fabrication des A320, l’avion livré neuf avec des pièces de rechange coûtait entre 57,6 et 61,6 millions de dollars, sa capacité étant de transporter entre 150 et 180 passagers.
D’après une source proche de la transaction, les deux appareils acquis datent de 2007-2008. Un peu décalé par rapport au 30 juin, date commémorative de l’accession de l’ex-Congo belge à l’indépendance, le vol inaugural de Congo Airways pourrait avoir lieu en août. La nouvelle compagnie aérienne commencerait par desservir le réseau domestique : d’abord huit villes des provinces et, au bout de trois ans, quatorze destinations intérieures.
Bien qu’ayant choisi de faire du neuf avec du vieux au lancement de l’entreprise, le gouvernement envisage l’achat, dans une étape ultérieure, de nouveaux appareils. Cette fois-là, selon la source, il s’adressera à l’avionneur européen Airbus. Et Congo Airways pourra alors déployer ses ailes hors du territoire national.
Tous les observateurs conviennent que la RDC vient de loin, de très loin. En effet, après la faillite retentissante – à trois reprises depuis 1960 – de la compagnie aérienne nationale, le pays ne compte plus actuellement que sur deux sociétés privées : la Compagnie africaine d’aviation (CAA) et Korongo Airlines (dont Brussels Airlines est l’un des actionnaires). Et, pour corser le malheur national, la CAA figure sur la fameuse liste noire des compagnies aériennes interdites de vol vers les pays de l’Union européenne.
Black-out dans les allées du pouvoir
Certes, par la volonté du gouvernement, Congo Airways prend forme. Qu’advient-il, dès lors, de l’assistance technique dont elle était censée bénéficier d’Air France ? Black-out total dans les allées du pouvoir sur le sujet. Néanmoins, l’agence Reuters, citant un dirigeant du transporteur éthiopien, rapporte qu’Ethiopian Airlines négociait l’entrée au capital et dans la gestion de Rwandair (compagnie aérienne du Rwanda) et de Congo Airways.
«Actuellement, nous avons un accord technique avec Rwandair et nous assurons la maintenance technique de sa flotte. Nous allons étendre cet accord à un partenariat capitalistique et commercial», a déclaré le directeur général d’Ethiopian Airlines, Tewolde Gebremariam. « Nous sommes également en discussion avec la République démocratique du Congo », a-t-il ajouté en indiquant que sa compagnie lorgnait aussi le ciel ougandais.
Bénéficiant d’un préjugé favorable dans les milieux d’affaires internationaux, Ethiopian Airlines est classée première compagnie aérienne en Afrique en termes de chiffres d’affaires et de revenus par l’Association internationale du transport aérien (IATA). Elle ambitionne de devenir un transporteur de classe mondiale et de positionner l’avion comme moyen privilégié pour les déplacements en Afrique. La compagnie publique éthiopienne dispose actuellement d’une flotte de 77 appareils. Elle a également commandé 44 avions qui devraient lui être livrés entre 2016 et 2018.