Selon les prévisions des experts, la production mondiale du coton devrait afficher une hausse autour de 8 % en 2017-2018, pour se situer à 24,9 millions de tonnes (Mt). Cette hausse serait exclusivement due à l’accroissement des superficies dédiées à cette culture qui pourraient passer à 31,7 millions d’ha. Toutefois, on est toujours en-dessous de la moyenne de ces 20 dernières années, autour de 32,7 millions d’ha. Le rendement attendu : 785 kg/ha. Les 5 principaux producteurs mondiaux de coton sont attendus : 6,1 Mt pour l’Inde ; 5,2 Mt pour la Chine ; 4,1 Mt pour les États-Unis ; 2,7 Mt pour le Pakistan et 1,6 Mt pour le Brésil.
Le CCIC estime la consommation à 25 Mt, en progression légère de 2 %. Le prix du coton sur le marché international a été de 1.40 dollar/kg en moyenne en 2009, déprimé par une surproduction due aux subventions accordées dans certains pays industrialisés (dont les États-Unis), une concurrence des textiles synthétiques et par le ralentissement de la croissance économique mondiale. Actuellement, le prix est entre 0.80 et 0.82 dollar/kg. Dans le court terme et le moyen terme, il devrait osciller entre 1.40 et 1.60 dollar/kg, car on peut s’attendre à une reprise économique. Le marché international semble donc très favorable au développement des produits d’exportation traditionnels de la RDC, qui a d’importants avantages comparatifs agro-climatiques pour leur production. Ce qu’il faut faire, c’est transformer cet avantage comparatif en véritable compétitivité et ainsi profiter des opportunités offertes par le marché international.
Pour sa part, le Comité consultatif international sur le coton (ICAC) prévoit une demande « toujours vigoureuse », en 2018-2019, en progression de plus de 1,1 Mt contre 880 000 t en 2017-2018. Par ailleurs, l’Afrique centrale a l’ambition d’atteindre une production de 100 millions de litres d’huile à base de coton et 200 000 t de tourteaux, une production de 350 000 t de fibre textile, soit environ plus de 830 000 t de coton graine chaque année, à l’horizon 2020. C’est ce qu’a annoncé la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) à Paris, à l’occasion du lancement officiel (21-22 mars) du plan de densification et de diversification des industries coton-textile-habillement dans l’espace francophone (DEDICOT).
Son représentant, le chef du service Agriculture et Développement rural, Abakar Mohammed, a dévoilé à la table ronde des professionnels des industries du coton la stratégie régionale du développement de la filière coton-textile-confection. L’une des actions concrètes envisageables dans le cadre du DEDICOT, au profit de la région Afrique centrale, est de réaliser une interconnexion avec le Viêt-Nam, en ce qui concerne la formation aux métiers du coton. Il est prévu à cet effet, l’octroi des bourses de la francophonie à quatre étudiants d’Afrique centrale (Cameroun et Tchad) pour une formation à l’Institut national polytechnique de Hanoi.
Avant le lancement de ce plan stratégique de la Francophonie, Abuja a abrité (14-17 mars) les 16è Journées de l’Association cotonnière africaine (ACA). Cette importante rencontre des acteurs de la filière cotonnière, qui est un cadre d’échanges et de concertations des experts, a eu pour thème cette année : « La mécanisation de la culture cotonnière, une nécessité pour booster la production du coton africain ». La République démocratique du Congo y a été représentée pour la première fois par l’administrateur directeur général de la Nouvelle cotonnière du Tanganyika (COTANGA), Deogratias Symba. Le délégué de la RDC ne s’attendait pas à aussi un accueil chaleureux que celui qui lui a été réservé aux 16è Journées de l’ACA. À Business et Finances, il a confié qu’il a mesuré à sa juste valeur la « considération » que les membres de l’ACA ont pour la RDC en matière de coton.
Les assises d’Abuja ont regroupé tous les secteurs de la filière cotonnière africaine et mondiale, explique Deogratias Symba. Elles ont été organisées en collaboration avec la National Cotton Association of Nigeria (NACOTAN) et le soutien du ministère de l’Agriculture du Nigeria. À l’issue des échanges, les participants aux 16è Journées de l’ACA sont parvenus à la conclusion que « seules, la mécanisation et l’irrigation de la production rendront compétitif le coton africain sur le marché international ».
En matière de mécanisation de la production cotonnière en Afrique, tous les participants aux assises de l’ACA ont reconnu que la RDC est pionnière. En 1959, déjà, le pays avait mécanisé la culture du coton. Près d’un demi-siècle, il se retrouve dans le peloton de queue, le Soudan devenant le premier pays africain à avoir mécanisé totalement sa production nationale.
RDC, jadis 1er producteur africain
Les premières tentatives de culture de coton en RDC remontent à 1908. C’est l’ingénieur agronome belge MT Claessens qui en a pris, le premier, l’initiative dans l’ex-province de Léopoldville (Kongo-Central). Mais ses essais ne furent pas concluants à cause de l’irrégularité des pluies. Après lui, l’Américain E Fisher expérimenta (1912-1914) la culture du coton dans les régions de moyenne altitude avec saison sèche de 3 à 4 mois et une pluviosité de plus ou moins 80 mm réparties sur 5 à 6 mois (Maniema, Sankuru et Kasaï). Et il observa qu’à partir du 5è mois après les semis, grâce à la sécheresse, les capsules du cotonnier s’éclataient entièrement et facilitent ainsi la cueillette.
Ensuite, c’est le professeur belge, E Leplae, qui fut chargé d’étudier et de déterminer la cultivabilité du coton dans l’Ubangi en Équateur (1ère zone), dans les régions de l’Uele et du lac Albert (2è zone), dans le secteur couvrant les rivières Lomami, Sankuru et Kasaï (3è zone) et dans l’actuelle province de Lualaba : Dilolo, Sanda et Kapanga (4è zone) et dans les provinces du Tanganyika et du Haut-Lomami (5è zone). À cette zone, s’ajoute la province du Sud-Kivu.
En 1959, dans le cadre du plan décennal (1949-1959) du gouvernement colonial, il était déjà question de la mécanisation de la culture du coton. C’est le cas au Tanganyika, où 439 000 ha avaient été prospectés, 33 656 fermes loties et 3 500 ha destinés au coton, dont plus de 2 600 à Kongolo, labourés mécaniquement au profit des fermiers. Le rendement à l’hectare était alors de 680 kg pour les terres travaillées manuellement et de 819 kg pour celles labourées mécaniquement. Par ailleurs, la lutte contre les maladies du cotonnier se faisait sur 12 000 ha par poudreuses à main, traction mécanique et par avion. Il y avait aussi un programme de 3 000 à 3 500 ha de pulvérisation aérienne d’insecticide et de 2 000 ha par tracteurs pour l’année 1960.
En 1960, la RDC était le premier producteur de coton en Afrique, avec une production de 200 000 t de coton graine produites par environ 800 000 petits agriculteurs, et plus de 53 000 t de coton-fibre exportées. La culture du coton était assez bien répartie sur le territoire national (Équateur, province Orientale, Maniema, Kasaï, Katanga). La production s’est effondrée très rapidement après l’indépendance avec les turbulences politiques, la disparition des services d’appui à la production, le coton étant une culture annuelle très exigeante en engrais et produits phytosanitaires. Les exportations de fibre de la RDC ont disparu dès 1977 ; et en 1989 la production était tombée à 11 000 t de coton graine (5 % de la production en 1960). Elle était de 800 t en 2006 produites par moins de 5 000 petits agriculteurs au Katanga et en Ituri. La production a cessé au Katanga et seuls quelques petits producteurs continuent à produire en Ituri, vendant leur coton graine à CODENOR/SOTEXKI (Kisangani) et à des égreneurs ougandais.