PAS MOINS de 456,3 milliards de dollars ont été envoyés, reçus ou dépensés de janvier à décembre, depuis 469 millions de comptes en Afrique subsaharienne l’an dernier, révèle l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). La quantité de comptes connait une croissance annuelle de 11,9 %, et avec la pandémie de Covid-19 qui limite au maximum les déplacements, il est fort probable que ces performances augmentent encore. Si la tendance se poursuit, il y aurait là un moyen de mieux tracer les flux financiers dans les divers États d’Afrique subsaharienne, et donc de mieux gérer leurs systèmes économiques, indique GSMA. Comme on peut s’en rendre compte, l’Afrique subsaharienne est le plus gros marché d’utilisateurs de mobile money. On s’en souvient, le rapport 2018 de GSMA soulignait que l’Afrique comptait pour 48 % des utilisateurs du mobile money dans le monde. C’est le plus gros marché devant l’Asie du Sud, l’Asie de l’Est et le Pacifique combiné. Selon le même rapport, 55 % de la population adulte combinée du Bénin, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal utilise le mobile money.
Dans les pays africains où le mobile money est en croissance, plus de 60 % des adultes dispose d’un compte. Cependant, GSMA note que trois géants du continent trainent les pas en termes de pénétration du taux de croissance du mobile money. Faute notamment de législations favorisant le déploiement des services mobile money, le Nigéria, l’Ethiopie et l’Egypte (242 millions d’habitants cumulés) sont les « trois pays les plus peuplés d’Afrique avec une disponibilité limitée des services d’argent mobile et des faibles taux d’inclusion financière, souligne le rapport GSMA.
Situation par région
En 2018, plus de 866 millions de nouveaux comptes mobile money ont été ouverts dans le monde. Soit une croissance de 20 % par rapport à 2017. Au total, 143 millions de personnes utilisaient les services d’argent mobile. La valeur mondiale de la transaction mobile money a été estimée à 40.8 milliards de dollars pour 2018, pour 34.9 milliards pour 2019, soit une croissance de 16,8 % au niveau mondiale.
La zone ayant connue le plus fort taux de croissance reste l’Asie ; l’Asie de l’Est et Pacifique (35,7 %) ; l’Asie du Sud (17,9 %) par rapport à l’année précédente. Le Moyen-Orient et l’Afrique du nord cumulé sont à 25 %. L’Afrique subsaharienne qui détient le plus grand nombre d’utilisateurs ne fait que 15,3 % de croissance. Selon le rapport GSMA, cette performance pourrait s’expliquer par le fait que la majorité des populations de cette zone ont déjà accès à un service mobile money.
Selon ce même rapport, l’industrie du mobile money traite actuellement plus de 1.3 milliard de dollars par jour et, alors que les transactions d’entrée et de sortie représentent encore la majorité des flux d’argent mobile, les transactions numériques ont progressé de plus de deux fois plus vite que le taux ; principalement en raison des paiements de factures et des décaissements groupés.
Le rapport 2018 de GSMA note par ailleurs que les populations exclues du circuit formel de la finance sont les plus grands bénéficiaires des services du mobile money. Sont concernés, entre autres, les minorités et les personnes vulnérables comme les femmes et les personnes déplacées de force.
Entre 2017 et 2018, le gap d’accès aux services financiers entre les hommes et les femmes s’est rétrécit dans 17 pays africains et en Bolivie (Amérique latine). Et pour cause, les populations rurales constituent encore une grande majorité des bénéficiaires du déploiement du mobile money. « Au Ghana, au Kenya et en Zambie, la part des adultes recevant des paiements agricoles est environ le double de la moyenne des économies en développement et environ 40 % d’entre eux reçoivent ces paiements sur un compte, le plus souvent un compte d’argent mobile », souligne l’enquête. Et, « 55 % des fournisseurs de services mobiles dans les pays touchés établissent des partenariats avec des organisations humanitaires », ajoute l’enquête GSMA 2019.
Avenir prometteur
Pour le mobile money, les indicateurs sont donc au vert avec un avenir encore prometteur. Et pour preuve, la multiplication des mécanismes d’interopérabilité entre les opérateurs, d’une part, et, d’autre part, la collaboration opérateurs-système financier classique. Les seuls points faible à noter, ce sont des législations peu avantageuses dans certains pays, sans oublier les tentatives de taxation à outrance des transactions. Et sur ce dernier point, l’Ouganda est le point le plus noir en Afrique. « Environ 100 000 agents ont vu leur bénéfice diminuer de 35 à 40 % et environ 30 000 agents ont complètement cessé leurs activités », note le rapport GSM 2019 sur l’industrie du mobile dans le monde.
GSMA est une association de plus de 750 opérateurs et 350 compagnies du mobile dans le monde. En avril 2019, elle a lancé la certification des services mobile money. Au moins, neuf fournisseurs sur trois continents sont actuellement certifiés avec succès, couvrant collectivement plus de 133 millions de comptes d’argent mobile, fait remarquer Mats Granryd, le directeur général de GSMA.