Croissance sans développement en Afrique : comment corriger l’anomalie ?

 Des écoliers à Ikarama, un village du Nigeria, en octobre. (Crédits REUTERS)
Des écoliers à Ikarama, un village du Nigeria, en octobre. (Crédits REUTERS)

En Afrique, où plusieurs pays jouissent d’une croissance soutenue, 5% en moyenne, continuent de présenter des niveaux extrêmes d’inégalité et de pauvreté. L’accès à l’enseignement supérieur y est estimé à 7%, le taux moyen de pauvreté (moins de 1,25 USD/jour) à 40%, et le risque de mortalité chez les enfants de moins de un an y est le plus élevé au monde avec 59 décès pour 1 000 naissances. En outre, 621 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité malgré les vastes réserves de pétrole et d’énergie hydraulique dont dispose le continent.

Cette situation laisse de nombreux jeunes Africains sans meilleure alternative que de s’aventurer sur les routes périlleuses de l’émigration, notamment vers l’Europe. D’autres se tournent vers la radicalisation, qui se nourrit du désespoir et du désœuvrement. Il nous faut corriger cette trajectoire.

Aujourd’hui, les niveaux d’investissement dans les secteurs de l’éducation et de la santé (avec 5% et 15% du PIB respectivement) sont trop faibles pour créer un capital humain suffisamment qualifié pour rattraper le niveau des pays avancés. Pour augmenter les ressources intérieures et faire face à ces besoins accrus d’investissement, les Etats africains doivent avant tout améliorer le système de collecte des recettes fiscales. En effet, une amélioration de 2% de la pression fiscale débloquerait un montant qui dépasserait le volume de l’aide internationale. Au demeurant, une grande partie de ces fonds sont gaspillés en raison de la corruption.

L’Etat doit également chercher à améliorer la fiscalité appliquée aux multinationales, dont les profits qui peuvent être de l’ordre de 10% du PIB du pays hôte sont en grande partie rapatriés dans les pays d’origine ou vers des paradis fiscaux. L’Afrique doit également capitaliser sur ses atouts qui peuvent lui permettre de jouer un rôle de premier plan dans le monde globalisé.

La démographie : Il est estimé que la population africaine atteindra 4,4 milliards d’ici 2100. Le nombre de villes africaines dépassant le million d’habitants atteindra 100 en 2030. Ces chiffres nécessitent que l’on opère des changements dans le modèle de production agricole pour répondre aux besoins alimentaires. Il faut miser sur l’industrialisation, la mécanisation, l’accroissement des services et la formation professionnelle comme sources d’emploi et de développement de demain.

L’entreprenariat : En 2014, 26% des Africains ont créé des entreprises, comparé à 7,4% en Europe et 13,4% aux Etats-Unis. Ces entrepreneurs ont besoin du soutien de l’Etat pour améliorer l’environnement des affaires, la protection des biens et des personnes et l’accès à un service bancaire adapté pour favoriser l’investissement et la création d’emploi qualifié.

Transition énergétique : Le changement climatique a un impact dévastateur, non seulement sur l’environnement, mais aussi sur l’économie. Cela représente dans certains pays des pertes allant jusqu’à 25% du PIB. Une croissance verte fondée sur l’efficacité énergétique améliorera la qualité de vie et créera des millions d’emplois dans un continent qui regorge de ressources naturelles.

Technologie et innovation : L’Afrique compte environ 850 millions usagers de téléphonie mobile, 200 millions d’internautes et 120 millions de personnes inscrites sur Facebook.