Dans l’Est, le quinquina est en passe de ravir la vedette aux café et thé

Ce sont les cours mondiaux en hausse des écorces du quinquina, de la poudre de totaquina et du sel de quinine qui sont à l’origine de la ruée sur la culture de quinquina au détriment des autres produits agricoles.

ACTUELLEMENT, on observe une flambée des prix sur le marché mondial. Une hausse continue. Les écorces du quinquina sont vendues à plus de 1,50 dollar, la poudre de totaquina à 52,80 dollars et à 89,76 dollars le kg. En République démocratique du Congo, l’on observe, depuis mi-2017, une certaine ruée sur le quinquina dans les régions agricoles de l’Est. 

Les cultures de thé, café et cacao ont connu un certain ralentissement au profit du quinquina qui aura décidemment ravi au café son auréole. Le quinquina est un arbre longtemps perçu comme important grâce à la substance qu’il renferme, la quinine. Son écorce et ses racines sont utilisées pour leurs propriétés médicinales, ce qui lui a valu pendant un temps d’être récolté de manière excessive. Cet arbre renferme de la quinine, de la quinidine, des tanins et bien d’autres principes actifs importants. 

Multiplicité des taxes

Au Sud-Kivu, des taxes ont été créées par le fisc local. Aussitôt emboîté par l’Office national du café (ONC) et les autres services au niveau étatique à tel point qu’Ilunga Leu, le ministre de l’Industrie, a dû effectuer le déplacement de Bukavu pour corriger la liste des droits, taxes et redevances dus à l’État et aux entités administratives décentralisées. 

La société Pharmakina avait, en effet, menacé de suspendre ses activités si l’État ne supprimait pas des taxes créées de toutes pièces. Pharmakina dispose, en effet, de 4 000 ha – dont 3 800 ha dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu – de plantations de quinquina en RDC et au Rwanda, et en tire l’essentiel de sa matière première. Le laboratoire congolais est l’un des premiers producteurs africains de sels de quinine et de toute une gamme de médicaments (sirops, comprimés, solutions injectables pour nourrissons, enfants et adultes) destinés à combattre la fièvre et le paludisme, l’une des maladies les plus mortelles en Afrique subsaharienne. 

Installée à Bukavu, l’entreprise produit 100 tonnes de sels de quinine par an. Mais Pharmakina doit encore acheter une bonne quantité d’écorces auprès des paysans en vue d’atteindre 2 400 t d’écorce de quinquina l’an requis pour ses usines de transformation. Mais de plus en plus, des entreprises kinoises qui fabriquent des liqueurs achètent aussi des écorces quinquina dans la région. Un marché d’exportation s’y est aussi développé, selon le ministère provincial de l’Agriculture du Sud-Kivu. 

Exportations

Seule entreprise de la filière en RDC, Pharmakina qui emploie quelque 2 000 personnes, dont 1 300 saisonniers, est aussi l’unique unité pharmaceutique du pays à avoir ciblé l’export. Un marché qui représente environ 40 % de son chiffre d’affaires – dont le montant reste confidentiel. Ce sont surtout les sels de quinine qui sont exportés vers l’Asie (Inde, Pakistan, Chine), l’Europe (Allemagne, Espagne, France) et quelques pays africains dont le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Cameroun, le Bénin et le Ghana. 

Quant aux produits finis (comprimés, sirops, etc.), s’ils comptent quelques clients au Rwanda et au Burundi, ils sont surtout écoulés en RDC. À Kinshasa, notamment, qui absorbe 60 % de la production. Ce marché si bien achalandé est parfois perturbé par des troubles qui agitent le Nord-Kivu. Par ailleurs, Pharmakina doit affronter la concurrence asiatique (Shalina, Zenufa, etc.) sur son propre marché intérieur. Des pharmacies indiennes viennent également s’approvisionner en quinquina dans le Kivu, puis fabriquent en Inde des médicaments qu’ils exportent ensuite vers la RDCongo. (Lire encadré).

Recettes

Et combien la vente locale ou l’exportation du quinquina et ses dérivés rapportent-t-elles au Trésor public ?  Aucune régie financière, ni le ministère de l’Agriculture, ni la Banque centrale du Congo (BCC), ne dispose des données spécifiquement retracées sur les exportations de quinquina. 

Et pourtant, utilisé notamment dans la production des boissons gazeuses et des sodas, le quinquina rapporte gros notamment aux pays andins où il peut atteindre 20 à 30 m de hauteur, pousse naturellement dans la Cordillère des Andes, dans les forêts d’altitude (de 1800 à 3000 m). 

Il est notamment cultivé en Indonésie, en Afrique et en Amérique du Sud. Il possède de grandes feuilles opposées et des fleurs en grappes roses claires ou blanches crème.  Il possède également des petits fruits, qui poussent généralement vers la fin de l’année. Ces feuilles et fruits sont aussi commercialisés dans l’Est de la RDC.