Les autorités ougandaises se trouvent sur la dernière ligne droite avant la production, dans deux ans de leur premier de pétrole. L’Ouganda pourra, ainsi, figurer parmi les pays producteurs.
« Le secteur pétrolier, aussi sexy qu’il puisse être, n’est qu’une partie de l’économie. L’Ouganda n’est pas l’Arabie saoudite, ce n’est pas le Venezuela, nous ne sommes même pas le Nigeria », a annoncé Maria Kiwanuka, la ministre des Finances de Yoweri Museveni. Avant de préciser que la « manne pétrolière de déstabilisera le pays ».
A l’en croire, le gouvernement ougandais ne fera pas du secteur pétrolier une « économie parallèle » mais concentrerait les revenus pétroliers sur un compte unique afin de mieux contrôler leur utilisation. Des sources concordantes, l’Ouganda, entouré de pays pétroliers, disposerait dans son sous-sol de quelque 3,5 milliards de barils de brut qui intéressent, depuis quelques années, des majors du secteur pétrolier. Des forages prometteurs ont été réalisés jusqu’à 3600 m de profondeur. L’Ouganda, le Rwanda, le Kenya et le Soudan du Sud se doteront d’une raffinerie commune, qui sera basée en Ouganda. Ensemble ils y détiendront 40% du capital à côté du secteur privé.
Le ministre d’Etat ougandais à l’Energie, Simon D’Ujanga, avait déjà confirmé l’évolution des démarches pour ce projet que les quatre pays veulent réaliser en partenariat avec le secteur privé. La raffinerie, dont la construction devra s’achever en 2017, aura une capacité de traitement de 60 000 barils de pétrole par jour. Une partie de l’or noir sera transportée via un pipeline qui reliera le Soudan du Sud, l’Ouganda et le Kenya avant d’atteindre la ville côtière kényane de Lamu pour son exportation. Le projet porte sur une capacité initiale de 30 000 barils par jour, qui évoluerait suivant le chronogramme établi.
Selon Fred Kabanda, géologue principal au Département d’exploration et de production pétrolière, la première phase « pourra être opérationnelle entre 2016 et 2017, avec l’accroissement de la capacité de production à 60 000 barils deux ans plus tard ». Pour ce projet, l’Ouganda a fait appel aux groupes français Total et chinois CNOOC comme partenaires stratégiques.
En République démocratique du Congo pendant ce temps, un bras de fer s’est engagé depuis que le gouvernement a accordé un permis d’exploration à quelques entreprises, notamment le britannique Soco. Au ministère des Hydrocarbures, on a beau être rassurant, les ONG, avec à leur tête, WWF, n’en démordent pas. On précise, au cabinet, que « depuis mars 2011, le gouvernement a initié une évaluation environnementale stratégique comme solution durable à la problématique de l’exploitation des ressources naturelles dans les aires protégées ». Cette évaluation, a-t-on expliqué, « permet de réaliser une analyse économique comparative des coûts, des avantages environnementaux, économiques et sociaux pour l’efficacité de l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles et de fixer les conditions dans lesquelles la première (l’exploitation du pétrole) pourrait être éventuellement réalisée sans pour autant porter préjudice à la seconde ». Il s’agit précisément, pour le gouvernement, « de procéder à une exploitation responsable de ses ressources naturelles pour apporter des ressources financières pour le développement en tenant compte des vies des populations environnantes, d’explorer les hydrocarbures sans détruire la faune et la flore, même dans les aires protégées ».
Pour les ONG, les activités de Soco n’ont pas leur place dans les aires protégées de la RDC. En Ouganda, les opérations d’exploration ont été entreprise notamment au sein du Quenn Elisabeth Park et du Murchison Falls National Park, deux sites situés de l’autre côté de la frontière commune entre les deux pays et qui constituent le prolongement « naturel » des Virunga. Depuis 2009, la RDC a suspendu l’octroi de tous les permis sur les hydrocarbures.