Tout le monde connaît la « Banque Lambert », qui permet aux personnes en difficulté d’emprunter de l’argent auprès de particuliers, à défaut de s’adresser à des institutions financières formelles qui ne prêtent pas à n’importe qui. Mais la « Banque Lambert » peut être un couteau à double tranchant.
Dans un contexte socio-économique difficile, une grande partie des Congolais a du mal à emprunter de l’argent dans le circuit formel. Fini aussi l’époque où l’argent se prêtait et se remboursait entre amis et collègues sans intérêts. Seul recours pour tous ceux qui tirent le diable par la queue, la « Banque Lambert », c’est-à-dire, en jargon kinois, les usuriers. Un usurier commente : « Tout le monde peut avoir des difficultés financières à n’importe quel moment. C’est la raison pour laquelle les gens viennent vers nous pour une solution rapide. Contrairement aux institutions de micro-finance telles qu’Oxus, Finca, Mecreco où il faut beaucoup de temps pour obtenir un prêt, notre réaction est plus rapide face à l’urgence. » Une jeune journaliste confirme : « Chaque fois que je suis en difficulté, je me tourne vers les prêteurs à usure. Ce sont, pour la plupart, des cambistes ou des salariés ayant des fonds disponibles et prêts à l’usage. Pour moi, c’est devenu un réflexe automatique. »
Disposer d’un capital en liquide
Dans le monde de l’usure, il n’y a pas de profil type. L’essentiel c’est de disposer impérativement d’un capital en liquide disponible rapidement. Les emprunteurs, pour leur part, sont surtout des gagne-petit, des chômeurs qui vivent de débrouillardise, ou encore tous ceux qui, à un moment donné, sont confrontés à un manque d’argent. Un usurier précise : « Toutes les catégories sociales sont concernées, mais les élus ne sont pas nombreux. Sont exclus les mineurs et les plus démunis. En matière de Banque Lambert, il n’y a pas d’ami ni de frère, sinon c’est la faillite assurée. » La transaction devient effective dès le moment où les deux parties signent un document sur lequel est indiqué le montant et la date de remboursement, en présence de deux témoins qui signent aussi. »Ensuite, il est demandé à l’emprunteur de donner en gage un objet de valeur. C’est la seule garantie pour l’usurier de récupérer son argent en cas de problème : téléphone haut de gamme, bijou en or, téléviseur, chaîne haute fidélité. Pour les gros montants, le débiteur doit mettre en gage un véhicule qui sera filmé ou photographié par les deux parties en présence de témoins pour éviter toute contestation éventuelle, voire un titre de propriété. « Si ce protocole est respecté l’argent est disponible immédiatement », confirme l’usurier.
Rembourser ou perdre le bien gagé
Les taux de remboursement varient en fonction de la somme empruntée et du délai. Ils vont de 20 à 100 %. Une jeune femme avait emprunté 250 dollars en