Dératisation, une nouvelle opportunité d’affaires à Kinshasa

Le centre des affaires de la capitale déborde de rats d’égouts. La Société nationale de loterie a décidé de dératiser à ses propres frais son siège social situé au 203, avenue de l’Équateur dans la commune de la Gombe.

 La Société nationale de loterie (SONAL) a attribué les travaux de la dératisation et les autres activités connexes (désinsectisation, désinfestation, fumigation et traitement des eaux usées) à la société Clean House. L’ADG ai Mick Fushi Bekene a estimé que l’offre de Clean House est « économiquement avantageuse » sans avancer le moindre chiffre sur le coût du marché. 

La dernière fois qu’une campagne de dératisation a été effectuée dans la capitale remonte à début mars mais uniquement dans la commune de Kintambo. L’opération a été menée par deux organisations non gouvernementales de la place. Pourtant, les prestations de désinfection, désinsectisation et dératisation des milieux ambiants, selon l’arrêté ministériel n° 1250/CAB/MIN/S/022/MC/2006 du 9 juillet 2006, reviennent à la Direction nationale de l’hygiène. Une directive qui remonte, en effet, à l’époque de la colonisation, selon les ordonnances royales du 7 octobre 1913 relative aux emballages, préparation, fabrication et coloration artificielle des denrées alimentaires et du 5 décembre 1953 relative à la protection et à la salubrité des denrées alimentaires. Ces deux ordonnances ont été amendées à travers l’ordonnance-loi n° 41/291 du 2 septembre 1955 relative à la désinfection, la désinsectisation et la dératisation. 

Mais hélas, le service de dératisation au sein de la Direction nationale de l’hygiène n’est plus opérationnelle que pour les navires, les aéronefs, les trains, les véhicules d’occasion importés… La seule motivation de cette restriction est plus financière. La taxe y relative a rapporté plus de 1.79 milliards de FC en 2015, 1.88 milliards de FC en 2016 et 3,4 milliards de FC en 2017. La Direction nationale de l’hygiène a pourtant pour mission le contrôle technique des établissements publics, l’inspection et la prise des mesures préventives, les mesures d’hygiène et de salubrité des établissements classés humains, marchés et activités commerciales en plein air, l’hygiène industrielle, l’hygiène de migration et/ou des voyageurs, les mesures d’hygiène et de sécurité sanitaire alimentaire, des produits cosmétiques, toxiques, soporifiques et veineux à l’intérieur du pays. 

La dernière opération de dératisation et de fumigation réalisée dans la capitale par la Direction nationale de l’hygiène date de la fin des années 80. Depuis, ce qui relevait du service public a été repris par des privés. L’on dénombre une dizaine d’entreprises de dératisation, de désinfection et de désinsectisation à Kinshasa. Cependant, jamais des rats n’étaient aussi nombreux dans la capitale, singulièrement dans les quartiers catégorisés huppés, Ma campagne, Beaux-vents, Limete, Gombe. 

Ici, tous les immeubles ou presque disposent chacun de sa colonie de rats qui ont la particularité de n’avoir peur de personne. Que d’anecdotes ! À Limete, sur 4ème Rue industrielle, une femme a failli se fracasser la jambe, en tentant de prendre le large devant une souris qui traînait dans sa cuisine. Mi-juin, aux premières heures de la journée, parti des alentours de l’Hôtel des impôts, un gros rat a fait tressauter tout le monde, vendeurs, passants, etc., sur son passage, sur l’avenue du Commerce, avant de glisser dans un trou vers l’avenue Bokassa. Des enfants de la rue, dits « Shegués », en auraient profité pour se livrer à des pickpockets, confie Trezeguet, vendeur, sur l’avenue du Commerce, des télécommandes des téléviseurs et des dvd, il y a peu. 

Trezeguet a, en effet, changé d’articles de vente. « Des raticides et autres pesticides se vendent comme de petits pains », confie le petit commerçant. Selon des estimations difficilement vérifiables, il y aurait autant de rats et souris que des personnes à Kinshasa. La population estimée à plus de 10 millions d’âmes. La protection et l’assainissement de l’environnement relèvent pourtant de l’obligation constitutionnelle de l’État. Hélas. En France, en mai 2017, la justice avait ordonné à l’État de dératiser intégralement la prison de Fresnes, en région parisienne. L’activité se porte plutôt bien, résume la Chambre syndicale dératisation, désinsectisation, dési