Des avancées dans la démarcation de la frontière commune

Il n’a fallu que six jours à la commission mixte constituée d’experts congolais et rwandais pour repérer les bornes fixant la délimitation terrestre entre les deux pays, dans une zone longtemps querellée et où de nombreuses personnes ont perdu la vie.

Une base militaire des Fardc non loin de la frontière avec le Rwanda. (DR)
Une base militaire des Fardc non loin de la frontière avec le Rwanda. (DR)

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’enjeu était de repérer, sur une distance de 27 km, allant de la « grande barrière », à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, jusqu’à Kibumba, au nord-est du territoire de Nyiragongo, les 22 repères physiques consacrant la frontière terrestre, dans une zone souvent disputée par les deux pays. L’emplacement de ces différentes bornes a été localisé, même si, pour certaines, il a fallu croiser les données géographiques, en utilisant des Gps (système de positionnement global). « Nous nous sommes basés sur les coordonnées géographiques, qui se trouvent sur le protocole d’accord de 1911. Il y a des bornes, qui étaient cassées, mais des vestiges ont été retrouvés. La borne 22 a été repérée sur le mont Heru, à Kibumba », a indiqué Roger Rachidi Tumbula, le délégué du gouvernement provincial du Nord-Kivu dans la commission mixte. En plus de ce document historique de 1911, les experts congolais et rwandais ont analysé des rapports des technocrates, des documents des colonies et une pile de cartes géographiques.

Si les deux parties peuvent se frotter les mains pour avoir relever ces repères sans accroc majeur, il faut maintenant se mettre à l’eau, la deuxième étape consistant à repérer les bornes-frontières dans le lac Kivu, frontière naturelle entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Les mêmes experts estiment que ce travail ne devrait pas être harassant, s’ils sont équipés de tout le matériel approprié. A plusieurs reprises, des pécheurs congolais ont été interpellés et malmenés par des marins rwandais, concernant la délimitation de cette frontière lacustre. Leurs outils de travail et fruits de pêche ont été souvent confisqués, sans que les dossiers ne connaissent une suite. Après le travail de la commission mixte, il faut penser que ces guéguerres vont prendre fin et que chacun pourrra connaître, aisément, ses eaux territoriales.

Séance de validation à Kigali    

Il est prévu que les experts congolais et rwandais présentent leur rapport, lundi 15 septembre au cours d’une séance de validation, à Kigali. La version finale de ce document devrait être conforme aux réalités prélevées sur terrain. Le travail est mené dans le cadre d’une recommandation, qui avait été adoptée au terme d’une réunion bipartite RDC-Rwanda, tenue à Goma, au début du mois d’août. Le focus de cette rencontre, qui avait connu la participation des délégués du ministère congolais de l’Intérieur et les membres de la Commission permanente des frontières, était la matérialisation et la démarcation de la frontière commune. Il faut rappeler qu’un premier travail avait été mené en 2009 et qu’à cette époque, il s’était limité, pour plusieurs raisons, au repérage de seulement cinq bornes-frontières. En ce mois de septembre 2014, la question a beaucoup évolué et il ne faudrait pas s’arrêter en si bon chemin. Dans le meilleur des cas, cette clarification de la délimitation de la frontière commune devrait englober tout le tracé, en partant du point de jonction frontalier RDC-Ouganda-Rwanda, dans le territoire de Rutshuru, jusqu’aux confins de la plaine de la Ruzizi, dans la province du Sud-Kivu. Cela serait un acquis, qu’il faudra amener auprès d’autres institutions compétentes, comme le parlement, afin de le couler en instrument pertinent de gestion dans les relations internationales.

Réunis en septembre 2012, à Lubumbashi, les ministres provinciaux congolais, en charge de l’Intérieur, s’étaient engagés « à réaffirmer les limites nationales et à les doter des technologies de surveillance de pointe afin de les préserver ». Cette rencontre s’était penchée sur la gestion des frontières nationales et internationales ainsi que la coopération transfrontalière.