Les grands groupes mondiaux se disputent la tâche de connecter l’Afrique. La motivation est claire : par exemple, l’industrie du mobile devrait contribuer à hauteur de 166 milliards de dollars d’ici 2020 à l’économie de l’Afrique subsaharienne, soit 8 % du Produit intérieur brut (PIB). Les opérateurs de téléphonie mobile continuent à étendre la connectivité à travers la région et à déployer de nouveaux réseaux (3G et 4G LTE) et services mobiles. Ce qui fait de l’industrie du mobile l’un des moteurs de la croissance économique et de création d’emplois. L’Afrique subsaharienne reste la région la plus dynamique au monde. Plus de 200 opérateurs, dont quelques grandes multinationales, y sont présents. Pour assurer des télécommunications de qualité, ils doivent procéder à des investissements massifs.
Actuellement, la quasi-totalité des pays sont dotés d’un réseau 3G. Cependant, le manque d’infrastructures et les zones à faible densité démographique ne sont pas de nature à favoriser le développement de la téléphonie mobile.
Selon des experts, une augmentation de 10 % du taux de pénétration de la téléphonie mobile équivaut à une progression du taux de croissance économique de 0,6 %. Jusque-là, des études ont démontré que le développement de la téléphonie mobile favorise l’accès aux services bancaires et aux soins de santé. Les utilisateurs d’Internet via le mobile sont de plus en plus nombreux à préférer faire des achets au moyen de leur téléphone portable (46 %) que de leur ordinateur de bureau (10 %) ou même dans un magasin (44 %). Le nombre d’abonnés aux mobiles en Afrique subsaharienne devrait approcher 1 milliard d’ici 2020, ce qui représente plus de la moitié de la population de la région.
L’accroissement des investissements dans les réseaux mobiles par les entreprises de télécoms, ainsi que celle des plateformes de paiement en ligne, font de l’Afrique subsaharienne une destination privilégiée pour les investisseurs et potentiellement un nouveau pôle économique du monde au cours des prochaines années. Les experts de Frost & Sullivan indiquent qu’un investissement de 80 milliards de dollars dans les réseaux mobiles à travers le continent pourra hisser le taux de pénétration mobile à 80 % d’ici 2020. Ils soulignent que les transactions mobiles compteront pour 75 % de toutes les transactions bancaires et la valeur des transactions devrait atteindre les 300 milliards de dollars en 2020. Ce qui rendra plus faciles les transactions dans le commerce et les affaires, qui sont essentiels pour attirer les investisseurs sur le continent.
Samsung bat ses cartes.
Le fabricant sud-coréen compte fournir la moitié d’environ 80 millions de smartphones, qui seront vendus sur le marché africain d’ici 2020. Sur les 100 millions de téléphones mobiles vendus en Afrique, un cinquième est constitué des smartphones qui représenteront 20 % du marché du mobile de l’Afrique en 2017. Le smartphone a apporté de nouveaux services à des millions de personnes et plus d’efficacité aux entreprises. L’usage du téléphone mobile se développe en Afrique qui montre un appétit considérable pour le mobile, plus simple d’accès et moins cher. L’Afrique ferait même rêver les opérateurs de téléphonie, tout comme les fournisseurs d’accès à Internet ou les géants de la Toile. Par exemple, Google s’intéresse à ce marché via son loon project et Twitter s’associe gratuitement aux opérateurs en se garantissant à peu de frais des abonnés.
En 2017, le sous-continent devrait compter 346 millions d’utilisateurs uniques, soit un taux de pénétration de 37,6 %, contre à peine 14,6 % en 2007 : une progression de vingt points en une décennie. Le déploiement des réseaux 3G, 3,5G, 4G quelle que soit la famille technologique retenue (UMTS, LTE, etc.) constitue l’enjeu technologique majeur de la décennie en Afrique. Le rapport eTransform Africa met l’accent sur le besoin de construire une industrie des TIC compétitive et concurrentielle pour promouvoir l’innovation, la création d’emplois, et stimuler le potentiel d’exportation des entreprises Africaines du domaine. Il identifie les meilleures pratiques dans l’utilisation des TIC dans huit secteurs clés. Par exemple, l’agriculture, l’adaptation au changement climatique, les services financiers, la santé… Ce rapport fournit également des informations sur le développement des centres technologiques, tels que iHub et NaiLab au Kenya, Hive CoLab et AppLab en Ouganda, Activspaces au Cameroun, CTIC au Sénégal, Kinu en Tanzanie ou mLabs au Kenya et en Afrique du Sud.
Ces centres créent de nouveaux espaces de collaboration, d’innovation, de formation, de développement d’applications et de contenu et de pré-incubation des entreprises africaines de demain. Le défi à relever pour l’avenir du continent est de réussir à faire en sorte que les innovations en matière de TIC profitent à tous les Africains, y compris les pauvres, les plus vulnérables et les habitants des régions les plus reculées. Face au potentiel qu’offre la croissance des marchés des télécoms, les opérateurs et les équipementiers utilisent une autre stratégie : la surenchère et la surestimation des marchés. Une bulle sur le marché des télécoms est en train de se former. Le prix de la connexion est le véritable frein au développement d’Internet en Afrique. Le coût d’abonnement est le plus élevé au monde : 5 à 10 fois plus important que dans les pays développés. Ces tarifs élevés sont en partie dus au fait que la connectivité est assurée par des stations terrestres de télécommunications par satellite, qui sont très coûteuses.
Les multinationales viennent chercher un relais de croissance. Parmi eux, les géants d’Internet (Google, Facebook, Microsoft), des leaders télécoms: Orange, Samsung, Huawei, les leaders du e-commerce Amazon, Cdiscount, etc. Le marché du numérique, sur un continent qui abrite 1.2 milliard de personnes actuellement et qui en 2100 accueillera 4.4 milliards d’habitants, est énorme. En plus, le continent enregistre un taux d’urbanisation en forte progression – plus de 3 % par an – avec le développement de mégapoles et voit émerger une classe moyenne – plus de 300 millions de personnes vivant avec un revenu journalier supérieur à 10 dollars. Les grands groupes mondiaux se disputent la tâche de connecter le continent. C’est devenu une course contre la montre pour les multinationales qui veulent se partager le gâteau. L’Afrique pourrait ainsi se servir du numérique pour un développement durable.