QUI l’aurait cru? La rivière Inkisi qui arrose la bourgade de Kisantu, au Kongo-Central, à une centaine de km de Kinshasa, regorge de capacités hydroélectriques exploitables. Le 23 septembre, au nom de l’État, Papy Pungu Lwamba, le vice-ministre aux Ressources hydrauliques et à l’Électricité, a, en effet, signé un protocole d’accord sur le développement d’un projet hydroélectrique sur Inkisi avec Zhou Yuefei, le président de la société Sichuan Huafei Energy Investiment, développeur du projet.
Inkisi tient sa source en Angola où la rivière n’est distante que 45 km et s’allonge sur 555 km en République démocratique du Congo. Les deux parties ont conclu un autre PPP portant, cette fois, sur le Luvua, dans la province du Tanganyika. Classée rivière dans l’atlas de la RDC, le Luvua est un cours d’eau de 350 km reliant le lac Moero au fleuve Congo qui est appelé Lualaba dans la région. Bémol, ni le ministère des Ressources hydrauliques et de l’Électricité ni Sichuan n’ont révélé ni le montage financier que les deux projets nécessiteraient ni les capacités installées des futures centrales d’Inkisi et de Luvua, dénommés respectivement Sanga et Kalumba.
Mais le vice-ministre Papy Pungu s’est dit rassurant sur le prochain travail d’optimisation de la conception des deux projets auquel Sichuan Huafei Energy devrait s’atteler ainsi que les négociations au sujet des banques qui devront financer les projets dont question. La firme chinoise Sichuan Huafei Energy compte actuellement 32 sociétés holding et actionnaires. Ses ressources en énergie hydroélectrique contrôlées sont supérieures à 5 000 MW.
Sichuan Huafei Energy a soit construit, soit investi dans plus de 70 projets des centrales hydroélectriques. La firme chinoise développe des activités en hydroélectricité, notamment en Chine, Indonésie, au Laos et au Népal. Selon Papy Pungu, la RDC envisage, en matière d’énergie, des approches orientées vers de nouveaux modes de production et de consommation tels que l’agriculture, l’industrie, les infrastructures, les transports.
Centrale de Kinsuka
Autres projets des centrales hydroélectriques « de proximité », le ministère des Ressources hydrauliques et de l’Électricité, annonce pour 2020, sauf imprévu, la construction d’une centrale hydroélectrique à Kinsuka, banlieue ouest de la ville de Kinshasa, à hauteur de l’île de Kwidi. Le projet est un partenariat public-privé. L’État à travers la SNEL SA et la firme Great Lake Energy (GLE), qui développe un projet similaire dans la région de Ruzizi, au Sud-Kivu. GLE est en pourparlers avec un conglomérat industriel chinois, le kenyan Industrial Promotion Services (IPS) et le norvégien SN Power. Cependant, GLE se fait déjà un souci : la sécurisation du site pendant sa construction et durant la période son exploitation. Même si Great Lake Energy n’a pas indiqué sur quoi portent son inquiétude sur la sécurité, des observateurs supputent sur des considérations foncières autour de l’île de Kwidi. La confusion endémique qui gangrène les affaires foncières ne porte pas seulement sur la terre ferme. Quasiment, toutes les îles de la région de Kinshasa ont connu un lotissement pour la plupart ombrageux. Mais Great Lake Energy fait prévaloir son projet : la future centrale de Kinsuka aura une capacité installée de 200 mégawatts (MW), soit l’équivalent de la capacité énergétique que le complexe d’Inga I et II expédie à Kinshasa.
La centrale de Kinsuka serait donc plus puissante que celle de Zongo II (150 MW) dans la province du Kongo Central, à près de 250 km de Kinshasa. Cette centrale est censée résorber le déficit chronique sur le réseau interconnecté de la Société nationale d’électricité, dans la desserte de la banlieue de Kinshasa et de sa périphérie. Les premiers essais du nouveau barrage hydroélectrique de Zongo II se sont avérés concluants avec l’injection, début septembre 2017, de 37 MW sur le réseau de Kinshasa, renseigne le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques.
Interconnexion Zongo II-Inkisi-Kinsuka.
Les régions devant être desservies par l’électricité produite par la centrale de Zongo II, principalement Kinshasa et le Kongo-Central, verront s’améliorer non seulement la qualité de l’énergie leur fournie mais aussi, par ricochet, la production industrielle ou encore la sécurité de la population et de ses biens.
Les travaux sur les ouvrages de cette centrale comprenant le barrage avec trois groupes, la galerie d’amenée, le puits d’équilibre, la chambre des vannes, l’usine et le canal de restitution, ont été exécutés à près de 100 %. Les lignes d’alimentation du chantier et la liaison d’interconnexion Zongo I et II sont également réalisées à 100 %, en passant par la construction des 34 fondations des pylônes sur les 159 de la ligne Zongo II et Kinsuka à Kinshasa, longue de quelque 200 km. Dans le cadre de ce projet, la SNEL SA fait état des travaux additionnels concernant notamment l’agrandissement du poste de Zongo II avec une usine secondaire en prévision de la construction de la ligne Zongo II-Inkisi (60 km), l’augmentation de la capacité de transit de la ligne Zongo II-Kinsuka de 225 à 400 MW, ainsi que l’agrandissement et la construction d’une salle de commande au poste de Zongo 1 (75 MW). Le projet Zongo a été financé à travers un accord de prêt de l’ordre de 360 millions de dollars entre la RDC et la chinoise Exim Bank. Et concernant la future centrale de Kinsuka, les environnementalistes redoutent déjà que le projet n’entraîne davantage des dégâts écologiques dans une zone déjà en proie aux activités extractives de Carrigès et des petits exploitants des moellons.
Cependant, en vue du désenclavement de Kinsuka, le gouvernement a programmé la réhabilitation de la route reliant le centre Pompage à la banlieue. Et dans le cadre du budget de transfert aux provinces, le gouvernement compte construire 10 morgues notamment à Kinsuka.