Des rails pour booster la relance économique

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« Sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny », disait Henry Morton Stanley, le célèbre explorateur britannique au service de Léopold II, le roi des Belges. Une réalité qui garde toute sa quintessence plus d’un siècle après. La réhabilitation et la relance de la Société Nationale des Chemins de Fer du Congo (SNCC), détentrice du plus vaste réseau ferroviaire du pays,  augure, sans doute, le retour aux fondamentaux pour la mise sur orbite de l’émergence de la RDC.

Pour ses 2.345.000 Km², la République Démocratique du Congo, 2è superficie africaine après l’Algérie au ¾ désertique, n’est desservie que par près de 4006 Km de chemin de fer dans l’ensemble (3641 Km pour la SNCC et 365 Km pour la SCTP) dont plus de la moitié est à réhabiliter. Un flagrant déficit dont l’incidence sur tout élan pour un développement socio-économique ne peut qu’être désastreux.

Car, en effet, s’il faut quelque peu tenter d’imaginer, à contrario, un seul instant l’heureux apport d’un réseau SNCC fonctionnel de manière optimale, c’est, par exemple, 2 à 3 points de croissance économique en termes de Produit Intérieure Brut (PIB); fixer les populations avoisinant les chemins de fer dans leurs milieux d’origine dans les deux Kasaï, le Nord-Katanga, le Maniema, la Province Orientale, le Nord et le Sud Kivu et arrêter l’exode rural avec comme incidence heureuse favoriser le développement de l’arrière-pays; assurer et consolider l’intégration sociale et économique des provinces traversées par ce réseau de par leur désenclavement; et connecter la RDC à certains pays de l’Afrique australe tels que l’Angola, la Zambie, la Tanzanie, le Zimbabwe et la République Sud-Africaine.

Un partenariat Public-Privé pour réussir la réhabilitation et la relance de la SNCC.

Entreprise qui traverse d’énormes difficultés, la SNCC devait, en réalité, être déclarée en faillite. Mais, au regard de son importance locale et sous régionale, le gouvernement congolais a décidé de la relancer. Et, c’est ainsi qu’un financement a été mis en place sur base d’un modèle financier de 600 Millions USD. Initialement, le gouvernement devait y intervenir à une hauteur de près de 35O Millions USD et la Banque Mondiale à raison d’environ 250 millions USD. D’autre part, il y a un opérateur privé dénommé VECTURIS qui a été recruté sur base d’un appel d’offres international dans le cadre de la réforme des entreprises publiques. Il est bon de rappeler ici que le gouvernement, au vu de l’inefficacité et l’inefficience des entreprises publiques congolaises, a entrepris, surtout pour celles qui étaient transformées en société commerciale, une énorme réforme pilotée par le Comité de Réforme des Entreprises Publiques (COPIREP). Dans cette réforme, il a été question, et sur base de la conditionnalité de la Banque Mondiale, de recruter des opérateurs privés pour gérer ces entreprises. Ainsi, en était-il de l’avènement de VECTURIS à la SNCC sur près d’une douzaine d’entreprises soumissionnaires, en 2008, à la suite de l’appel d’offres lancé par le COPIREP. Cependant, si l’objectif assigné à VECTURIS était la stabilisation, à la SNCC, on est passé de la phase de stabilisation à la stabilisation renforcée sur base d’un financement de la Banque Mondiale complété par le gouvernement.

Il est vrai que la situation de la SNCC n’était pas des plus souhaitables.

Une voie totalement dégradée. Sur les 3641 Km de voies ferrées, environ 1600 km en mauvais état et environ 500 Km en très mauvais état qui nécessitent un remplacement total. Une production en phase d’extinction très avancée. D’une centaine des locomotives en propre trente-huit ans auparavant, il n’était plus resté à la SNCC que vingt locomotives dont dix en location. Toutes, des locomotives de très vieille génération. Si en 1975, la SNCC produisait 3 milliards d’unités de trafic, ce qui représente en valeur monétaire actuelle à peu près 500 Millions Usd, elle ne produit plus que 250 Millions d’unités de trafic aujourd’hui, soit l’équivalent de 45 Millions Usd . Dix fois moins. Une enveloppe salariale qui devrait absorber plus de la moitié des recettes engrangées. En effet, les charges du personnel représentent plus de 60% du chiffre d’affaire. Ce qui n’est pas normal pour une entreprise dans ce secteur d’activités. Des agents retraités qu’elle ne sait pas contenter pour leur mise à la retraite et qui continuent à constituer une charge salariale.

Mobilisation tous azimuts du gouvernement et la Banque Mondiale pour remettre la SNCC sur les rails.

Exécuter le plan social par la mise en retraite des agents retraités mais restés en attente de leurs décomptes finaux et les agents éligibles à la retraite; couvrir les couts opérationnels de la SNCC afin d’assurer la continuité de son fonctionnement; et envisager les investissements, telles sont les principales tâches que se sont assignées, en priorité, le gouvernement et la Banque Mondiale en vue de redresser l’entreprise ferroviaire congolaise. Les observateurs notent une mobilisation peu coutumière à l’endroit de la Banque Mondiale. Dans le cas de la relance de la SNCC, notent-ils, la Banque Mondiale finance même le fonds de roulement c’est-à-dire qu’elle vient en appui au fonctionnement quotidien de la SNCC. Elle intervient dans les coûts opérationnels, elle finance le social c’est-à-dire les mises à la  retraite; alors que généralement, dans ce genre de projet, elle ne finance que les projets. Du gouvernement, il est dit que l’intérêt particulier qu’il porte sur l’exécution de ce projet se traduit, outre  son apport à la relance économique, dans l’expérimentation d’un partenariat Public-Privé comme modèle d’approche pour une réforme des entreprises publiques réussie.