L’huile de palme était, à l’indépendance, le principal produit d’exportation du pays, qui en 1960 a exporté 167 000 tonnes d’huile de palme et 60 000 tonnes d’huile de palmiste. Ces exportations représentaient près de la moitié des recettes d’exportation totales du pays et le mettaient au rang de second exportateur d’huile de palme au monde, derrière la Malaisie, mais à égalité avec l’Indonésie. La production totale était bien supérieure encore quand la consommation nationale est prise en considération (l’huile de palme étant la principale huile alimentaire dans la plus grande partie du pays), estimée à environ 270 000 tonnes d’huile de palme dont 100 000 tonnes provenant des plantations industrielles, 50 000 tonnes des plantations paysannes et environ 120 000 tonnes de la palmeraie naturelle.
En 2001, après quatre décennies de déclin, la production des plantations industrielles était estimée à moins de 5 000 tonnes. La grande partie de la production nationale provient encore des plantations paysannes ou de la palmeraie naturelle. Elle est consommée sur place ou commercialisée sur les marchés locaux. Actuellement, la RDC importe plus de 50 000 tonnes d’huile de palme par an pour faire face à la demande nationale qui n’a cessé de progresser. La production nationale est estimée à environ 300 000 tonnes dont 200 000 tonnes provenant de la palmeraie naturelle, 50 000 tonnes des plantations paysannes et 50 000 tonnes des plantations industrielles.
Les importations et la production des plantations industrielles approvisionnent essentiellement les grands centres urbains. L’huile de palme est utilisée comme huile alimentaire (très largement non-raffinée) ou pour la fabrication de savons et autres produits de consommation courante (bougies, etc.).
Réhabilitation et extension
Le secteur industriel est dominé par deux grands groupes (PHC et Blattner) qui approvisionnent des industries de transformation (MARSAVCO) de Kinshasa. Les plantations industrielles sont dans l’ensemble très vieilles et en fin de leur cycle productif. Un élan de réhabilitation et d’extension est observé depuis 2002. La production industrielle reprend très sensiblement, passant de moins de 15 000 tonnes en 2001 à plus de 50 000 tonnes à ce jour. Il semble que le secteur villageois n’ait pas cessé de renouveler régulièrement ses plantations (essentiellement pour l’autoconsommation). Cependant, les rendements moyens sont très bas: 5 tonnes de régimes à l’ha en plantation paysanne à 10 tonnes en plantations industrielles (contre 25 ou même 30 tonnes/ha en Malaisie et en Indonésie).
De plus, les rendements de transformation en huile sont très faibles : 15 % en extraction industrielle, à cause des équipements obsolètes, contre 23 % pour des unités modernes; et moins de 10 % en extraction artisanale, à cause des méthodes archaïques (presse manuelle) qui entraînent non seulement un taux d’extraction très bas mais encore une mauvaise qualité (acidité) de l’huile. Il existe aujourd’hui des mini-presses qui permettent des taux d’extraction de 18-20 %.
Ces très faibles rendements à l’extraction entraînent un gaspillage énorme, puisque le pays est obligé d’importer plus de 50 000 tonnes par an. Selon des prévisions, une amélioration du taux d’extraction moyen de seulement 5 % permettrait de produire environ 150 000 tonnes d’huile supplémentaires (un accroissement de 50 %) à partir de la même production de régimes. Le potentiel de croissance du secteur est considérable. En effet, la demande nationale et internationale en huile de palme est forte, y compris pour le biodiesel, et les prix sont et devraient rester attractifs.
La demande nationale devrait connaître une croissance soutenue à cause de la croissance démographique (3 % par an) et l’augmentation de la consommation par habitant, faible à l’heure actuelle (environ 5 kg/an comparé à plus de 12 kg/an en Afrique de l’Ouest), due à l’accroissement des revenus. La seule demande nationale, estimée à 350 000 tonnes, pourrait augmenter au rythme de près de 5 % par an et dépasser 1 million de tonnes en 2030. Cela représente près de trois fois le niveau actuel et demanderait la plantation d’environ 160 000 ha de plantations additionnelles (avec un rendement moyen de 20t/ha), soit 8 000 ha par an.
Le prix de revient de l’huile de palme produite industriellement dans le pays est estimé à environ 700 dollars/tonne rendue Kinshasa. Il est inferieur au prix de l’huile importée (environ 900 dollars/tonne). De plus, explique-t-on, des gains de productivité importants sont possibles à tous les niveaux de la chaîne (productivité agricole, taux d’extraction de l’huile, réduction des coûts de transport) qui permettraient de réduire substantiellement les coûts de production et donc les marges bénéficiaires.
La priorité devrait être accordée à l’accroissement de la productivité agricole, notamment à travers la recherche nationale afin de produire plus de matériel végétal sélectionné. Il sera donc nécessaire de mettre en place rapidement des mécanismes, par exemple en se servant des plantations industrielles comme relais dans le cadre de partenariats publics-privés, qui permettent la diffusion du progrès technologique (plants sélectionnés, intrants, conseil) auprès des planteurs paysans.
L’accent devrait être aussi mis sur l’amélioration des rendements d’extraction. Les équipements doivent être renouvelés grâce à l’accès au crédit, notamment au Fonds de promotion de l’industrie (FPI). Le développement du secteur de l’huile de palme peut cependant avoir des impacts sociaux et environnementaux très sérieux (dépossession de la population des droits fonciers coutumiers et déforestation).