Les articles de première nécessité, produits dans la province de Bandundu et évacués vers la ville de Kinshasa, sont vendus à un tarif beaucoup plus élevé à destination, à cause de la multiplicité de taxes jugées illicites par des commerçants.
Manioc, maïs, arachide, courge, huile de palme… sont les principaux produits vendus dans les différents parkings de Kimbanseke, à l’Est de la capitale. Un sac de cossettes de manioc, par exemple, acheté à 15.000 francs dans le Bandundu est vendu à 40.000 francs à Kinshasa. 25 litres d’huile de palme passe de 8.000 francs à 20.000 francs. Hubert Mazabala, secrétaire de l’Association des parkings de Kimbanseke (APAKI), affirme que les tracasseries tant policières que douanières entre Kinshasa et Bandundu, ainsi que les conditions de location des camions, demeurent la principale cause de cette contradiction dans la fixation des prix.
Insuffisance de véhicules
Le nombre de véhicules desservant l’axe routier Kinshasa-Bandundu est insuffisant, par rapport aux besoins réels sur le terrain, déclare celui qui gère plus de 60 parkings où sont déchargés tous ces produits en provenance de Bandundu. Conséquence : les propriétaires des camions posent des conditions qui impactent négativement sur les prix de vente des produits agricoles. Ces derniers conditionnent, selon lui, la location de leurs véhicules par le versement d’une garantie de 500 dollars. Le client est obligé de payer à l’équipage du véhicule, un pourboire de 150 dollars dénommé « Ntungunu ». En plus de cet argent, l’obligation est faite au client de céder à 10 sacs de cossettes de manioc ou tout autre produit à transporter. Un autre droit à payer l’attend au parking de Kinshasa. C’est le « ekotiseli » (droit d’entrée), dont le montant est de 100 dollars. Par conséquent, le client, pour faire des bénéfices, se voit contraint d’augmenter les prix de ses produits, à la vente.
La peau dure des tracasseries
En dépit de décisions déjà prises, au niveau national comme provincial, pour mettre fin aux différentes tracasseries, rien ne change sur le terrain. Leurs auteurs semblent faire fi de toutes ces mesures. auxquelles font face les trafiquants, les tracasseries semblent être dures d’oreilles.
il y a plus de 15 barrières sur la route de Bandundu, avant d’arriver au parking
Roger Nsimba, commerçant
En outre, les commerçants se plaignent du comportement de la police de roulage et du Bureau des recettes de Bandundu (BRB). D’après Roger Nsimba, qui exerce son commerce sur cet axe routier, « il y a plus de 15 barrières sur cette route, avant d’arriver au parking ». Ces barrières, de l’avis de ce trafiquant, sont plus à Kenge, Kwango, Kabuba, Dungu, Nsele, Menkao, Masamuna, et Mbakana. « Avant de franchir ces barrières, les policiers de circulation routière vous exigent de débourser des montants variant entre 500 et 15.000 francs selon les produits transportés : 500 francs par sac de ail, 700 francs par bidon de 25 litres d’huile de palme, 1.000 francs par sac de braise, et par chèvre, 1.900 francs par sac de cossette de manioc, 2.500 francs par sac de courge et 14.000 francs par vache. ». Sans compter « qu’il faille payer 400.000 francs, pour chaque camion qui transporte 200 sacs et 600.000 francs, pour chaque remorque ». Le propriétaire des véhicules s’arrangent déjà pour remettre aux chauffeurs ces sommes d’argent avant le voyage, précise-t-il. Aussi, faudra-t-il prévoir 30.000 francs, pour les services de sécurité, notamment, la Direction générale de migration (DGM).
Sur place à Kinshasa, confie le secrétaire de l’APAKI, ce problème de tracasserie ne se pose pas avec acuité, comme il en est le cas dans le Bureau des recettes de Bandundu. Les taxes payées sont légalement fixées par l’Hôtel de ville. En dehors de 450 francs à payer, par sac, pour chaque produit transporté, taxe sur les produits agricoles revenant de droit à la Direction générale des recettes de Kinshasa (DGRK), à la Direction urbaine des Transports et Communication, la taxe de stationnement au parking.