Depuis la mesure portant interdiction d’importation des véhicules, vieux de plus de dix ans, les activités portuaires sont en baisse. Des réclamations pour la révision de cette décision du gouvernement enflent.
Au port de Boma, dans la province du Bas-Congo, le travail de près de 20 000 personnes tournent autour de l’importation des véhicules d’occasion. C’est depuis octobre 2012 que le gouvernement avait pris la mesure interdisant l’importation de véhicules datant de plus de dix ans. Cette décision provoque, depuis, un manque à gagner considérable, au niveau des deux ports de Bas-Congo. « Avant l’interdiction, la période des grandes vacances, les bateaux Euro Cargo Afrique et Euro Cargo Amérique transportaient plus ou moins cinq mille véhicules. Ce trafic pouvait arriver à six rotations », indique Adolphe Bessy, déclarant en douane au port de Boma. Par contre, en août dernier, il n’y a pas eu plus de six cents véhicules importés, dit-il. Seulement trois navires ont accostés : AF Marine Shaba (23 véhicules dont dix hors normes), Luxune et Apollo 44 qui ont ramené une quinzaine de containers en provenance de Londres et Dubaï. Le député national, Muller Luthelo Nyudi, a déjà rassemblé plus 6 000 signatures, dans sa pétition lancée contre le décret du premier ministre. Il compte les déposer au courant de cette session parlementaire. Même si, pour le Ministre de l’Économie et Commerce, Jean-Paul Nemoyato, « le gouvernement ne reviendra pas sur sa décision. »
Mesures compensatoires
Certains opérateurs économiques ont compris et proposent des mesures compensatoires, comme la révision à la baisse des droits de douanes, pour les véhicules neufs. Gilbert Makengo, acheteur local, se dit étranglé financièrement : « Avant, nous ne déboursions que 2 000 à 3 000 dollars pour le dédouanement. Aujourd’hui, pour les véhicules plus récents, qui sont aussi moins nombreux, cela coûte presque le double ».
L’Afrique ne veut plus être une poubelle
La République démocratique du Congo n’est pas l’unique pays africain à interdire l’importation de vieux véhicules. Au Gabon, les voitures fabriquées depuis plus de trois ans ne sont plus les bienvenues, depuis fin 2013. En 2011, le Cameroun a fixé une limite de sept ans. Le durcissement de la réglementation n’a pas empêché l’introduction de très vieilles voitures. La corruption, le trafic de fausses cartes et plaques d’immatriculation sont parmi des astuces utilisées pour infiltrer les vieux engins dans ces pays. Face à ce phénomène, certains pays ont choisi de lâcher du lest. Le cas du Sénégal qui, en 2012, a fait passer la limite d’ancienneté de 5 à 8 ans. Au Nigeria, la «rallonge» a été portée à 10 ans, en 2010, mais le pays envisage dès 2015, de taxer les véhicules importés à 300 % afin d’encourager la production locale.
A l’anglaise
Aux deux ports du Bas-Congo, les voitures de seconde main de marque anglaise, à volant droit, sont en progression. Des petites marques comme Passo et Vitz, entrent en grand nombre. « Ces voitures coûtent moins chères et sont à la portée des congolais », note Adolphe Bessy, déclarant en douane au port de Boma. Chaque jour, des voitures débarquent dans le port de Boma, en provenance essentiellement de l’Europe. Dès leur dédouanement, ils sont convoyés dans les différents parcs automobiles de la Société commerciale des transports et des ports (SCTP). Ceux qui ne sont pas prêts pour le dédouanement, sont sommés de libérer les entrepôts. A Boma, deux grands importateurs dominent le secteur : Auto Mananga, basé en Allemagne et le Belge Remant. Les deux travaillent en collaboration avec les grands acheteurs de véhicules, établis à Bruxelles, le principal centre d’approvisionnement des ports congolais.