LE CAP (Afrique du Sud), Dar es Salaam (Tanzanie), Johannesburg (Afrique du Sud) et Luanda (Angola) devraient devenir les premiers géants économiques de l’Afrique. Ces dernières seront de véritables villes durables. Aujourd’hui, les principales villes africaines contribuent à hauteur de 700 millions de dollars au PIB du continent. Un chiffre qui devrait atteindre 1,7 milliard d’ici à 2030, note la Oxford Economics.
Selon ONU-Habitat, l’urbanisation rapide, surtout dans les villes des pays en développement, pose des défis en matière de répartition des personnes et des ressources, ainsi que d’utilisation des sols. L’accroissement de l’exode rural pourrait aggraver la pauvreté et les inégalités à mesure que les personnes affluent vers les villes à la recherche d’emploi et d’opportunités.
À cet effet, on notera une détérioration accentuée des services disponibles, tels que l’eau, le transport et le ramassage des ordures. Cette expansion urbaine n’est pas sans conséquence.
Villes durables
D’après ONU-Habitat, « 60 % de tous les résidents urbains des pays en développement ont été victimes de crimes au moins une fois au cours des cinq dernières années, dont 70 % en Amérique latine et en Afrique ». Les femmes et les enfants sont souvent les plus touchés. La nécessité de repenser le modèle des villes durables est extrêmement urgente, étant donné que les villes produisent plus de 70 % des émissions mondiales de carbone. Plus d’un milliard d’habitants résidant dans des taudis subissent les effets négatifs de la pollution atmosphérique. ONU-Habitat propose une démarche en trois volets pour l’édification des villes durables : une législation urbaine globale et efficace, un bon aménagement et une bonne planification urbaine et la mise à niveau d’un financement adéquat des projets.
Ces trois principes peuvent être des leviers de transformation des villes offrant une plus grande attractivité environnementale, économique et sociale. Les milieux urbains africains sont particulièrement vulnérables aux inondations et aux flambées de maladies telles que le paludisme, le choléra et même Ebola. Toutefois, celles-ci peuvent être atténuées grâce à une bonne planification, une mise en œuvre efficace des politiques de protection des zones écologiquement sensibles, le reboisement et l’utilisation des déchets pour la production d’énergie, par exemple. Compte tenu des difficultés économiques et sociales rencontrées par de nombreuses villes africaines, celles-ci peuvent-elles offrir à leurs habitants une meilleure qualité de vie en offrant des services de base efficaces tout en garantissant la sécurité et la préservation de l’environnement ? En synergie avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), les Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA), un organisme représentant plus de 1 000 villes africaines, ont élaboré le Programme urbain pour l’Afrique (AUA), qui avait été adopté par les dirigeants africains en juillet 2016. Ce programme comporte un ensemble de mesures urgentes à prendre afin d’améliorer le niveau d’attractivité des villes, ainsi que la promotion de l’urbanisation comme catalyseur de la transformation du continent. Il représente aussi les contributions africaines à l’Agenda urbain mondial qui a été adopté lors de la conférence sur le logement et le développement urbain durable organisée par ONU-Habitat en octobre 2016 à Quito en Équateur.
Les pays participant à ce premier sommet mondial des Nations unies après l’adoption des objectifs de développement durable et de l’accord de Paris sur le changement climatique avaient adopté le « nouvel agenda urbain » pour le XXIe siècle. Il est clair que la planification urbaine exige un changement de perception de l’urbanisation qui doit être considérée non pas comme un problème, mais comme un outil de développement. Les pays africains doivent adopter de nouveaux modèles de développement conçus pour tirer davantage profit de l’urbanisation en facilitant la transformation urbaine, en créant des emplois et en répondant aux inégalités sociales et à la pauvreté.
Réduire les bidonvilles
Si l’urbanisation planifiée, l’industrialisation, la croissance économique et le développement humain peuvent se renforcer, il est également urgent que les établissements humains soient des leviers propices de l’émergence des villes durables. En Afrique, près de 450 millions de personnes vivent dans les bidonvilles. Ce qui représente près de la moitié de la population africaine. Selon ONU-Habitat, c’est une « manifestation claire d’un secteur urbain mal planifié et géré, et en particulier d’un dysfonctionnement du secteur du logement ». L’Afrique abrite deux des cinq plus grands bidonvilles du monde. Le bidonville de West Point à Monrovia (Liberia) où vivent plus de 750 000 personnes et le bidonville de Kibera à Nairobi, au Kenya, le plus grand avec plus de 2 millions de personnes.
Face à ce drame de l’habitat en Afrique, il faut des réponses rapides. La construction de près de 4 millions de logements par an, dont 70 % pour loger les populations vivantes en ville. Des réglementations assurant une planification efficace, ainsi que leur mise en œuvre, permettront aux villes de faire face à la croissance exponentielle des constructions anarchiques et fourniront un cadre à la croissance et au développement des villes, tout en favorisant la croissance économique.