Outre la paix et la sécurité, l’ancienne métropole vise aussi le développement des secteurs comme l’énergie, l’eau et l’agriculture. Une délégation d’hommes d’affaires wallons vient de séjourner dans la capitale congolaise.
«Du concret, vite ! ». C’est par ces trois mots qu’un diplomate belge en poste à Kinshasa résume les missions économiques de son pays qui se succèdent en RDC. Pour 2015, déjà, deux importantes délégations d’hommes d’affaires ont séjourné à Kinshasa. Une troisième pourrait venir en novembre, laisse entendre le même diplomate. La dernière mission en date est celle qu’a conduite Jean-Claude Marcourt, ministre belge de l’Économie, de l’Industrie, de l’Innovation du numérique et de l’Enseignement supérieur. Composée d’hommes d’affaires, mais aussi de scientifiques de la région wallonne, cette délégation a eu des contacts jugés « fructueux » avec les autorités congolaises. Il s’est agi de nouer d’éventuels partenariats pour l’amélioration de la qualité de l’eau et de l’énergie dans la capitale. Plusieurs entreprises belges, dont le cluster TWEED représentant une centaine de sociétés, étaient de la partie. Peu avant de quitter Kinshasa, le 9 septembre, Jean-Claude Marcourt a déclaré que les entreprises wallonnes osent en RDC, où elles sont bien disposées à investir moyennant, en contrepartie, l’engagement des autorités congolaises. Selon lui, la RDC est le pays qui bénéficie d’une coopération plus riche et plus soutenue de la part de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mise en œuvre par la Wallonie-Bruxelles internationale (WBI), cette coopération privilégie des secteurs prioritaires comme l’éducation, la formation professionnelle et technique, la création et le développement des activités économiques dans les domaines de l’agriculture, de l’agro-alimentaire, de la culture et des entreprises culturelles.
Jean-Claude Marcourt a aussi mis en exergue le fait que, en dépit de plusieurs missions en RDC, les exportations wallonnes y demeurent en-deçà des ambitions. En 2014, par exemple, ces exportations ont représenté 11,9 millions d’euros, plaçant ainsi la RDC au 87e rang des clients mondiaux de la Wallonie. Optimiste, le ministre belge estime que le pays présente des fondamentaux économiques globalement positifs et encourageants grâce, notamment, à son taux de croissance annuel proche de deux chiffres, à une inflation relativement maîtrisée et à un taux de change stable.
Viser les secteurs à impact social
Sur l’objet de la mission, Jean-Claude Marcourt pense que la RDC continue de faire face à de grandes difficultés malgré les progrès considérables en matière d’assainissement et d’accès à l’eau potable et à l’énergie. Ce qui offre de bonnes opportunités aux entreprises belges du secteur pour le captage et le traitement du précieux liquide. Il a annoncé par ailleurs la tenue d’un forum sur l’eau, en octobre, à Kinshasa. La RDC et la Belgique ont pris l’engagement de travailler ensemble pour l’atteinte des objectifs qu’elles se sont assignées dans le Programme indicatif de coopération (PIC).
La mission belge s’est soldée par la signature de quelques contrats, notamment dans le secteur de l’énergie, de l’environnement, de l’enseignement et de la santé. Dans le secteur de l’éducation, l’université de Liège va soutenir celle de Kinshasa (Unikin) et ouvrir dans la capitale une School of Management, qui est en train d’être implantée. Le chef de la délégation n’a pas évoqué les autres contrats signés se bornant à annoncer que des contacts « prometteurs » ont été pris. Les secteurs de l’environnement et de l’eau sont, de l’avis des investisseurs belges, une priorité. Dans le domaine de la santé, les Belges ont un projet sur la sécurité des médicaments. Dans ce secteur, la Belgique veut mettre son expertise au profit de la RDC.
Présence belge en RDC
Beaucoup d’entreprises belges sont déjà présentes en RDC. Dans l’agriculture, un consortium belge met sur pied une usine de production industrielle de manioc, en collaboration avec le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Les Belges sont également présents dans le secteur énergétique. Dans ce secteur, trouve Edesse, qui exploite une centrale hydro-électrique à Tshikapa, dans l’ex-province du Kasaï-Occidental. Elle vient de signer un contrat pour le même service à Beni et Butembo, au Nord-Kivu. La société ALTEC travaille déjà depuis quelque temps dans la purification de l’eau. Elle a obtenu du ministère de l’Industrie le droit d’importer une unité de fabrication dans la future zone économique de Maluku et d’implanter un centre de formation pour la fabrication d’une briqueterie industrielle au même endroit. ALTEC construit une nouvelle briqueterie industrielle à Kwilu-Ngongo, au Kongo-Central. Cette société sera alimentée à partir de déchets de cannes à sucre. Une autre entreprise belge, Sodefor, travaille dans le bois et la construction. Dans le secteur aéronautique, l’aéroport de Liège intervient dans la gestion de l’aéroport de Ndjili. Le ministre belge de l’ Économie, de l’Industrie, de l’Innovation du numérique et de l’Enseignement supérieur a fait savoir que les entreprises belges s’installeront davantage en RDC au fur et à mesure que le climat des affaires va s’améliorer.
Une cinquantaine d’entreprises
À titre d’illustration, l’homme d’État belge a indiqué que la coopération belgo-congolaise est d’une grande importance en ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique, notamment dans le transfert des compétences sur le recyclage, le traitement des déchets et la gestion des forêts, ainsi que le traitement, la distribution et la production d’eau. Pour l’ambassadeur de Belgique à Kinshasa, Michel Lastschenko, les différentes visites des officiels et hommes d’affaires de son pays en RDC témoignent de « la solidarité active de la Belgique pour restaurer la paix et la stabilité dans la région (des Grands Lacs) et pour souligner que la paix et la sécurité ne reposent pas uniquement sur des victoires militaires et des avancées diplomatiques, mais doivent être consolidées par le développement économique et social ».
Beaucoup d’entreprises ont quitté le Congo à la suite de mesures de zaïrianisation (nationalisation) de 1973 et des pillages des années 1990. La Belgique, ancienne puissance coloniale, dispose d’une certaine expertise sur le pays. Depuis l’adhésion de la RDC à l’OHADA, la volonté d’appliquer la transparence et la stabilité des affaires donne des gages supplémentaires aux investisseurs potentiels. La délégation belge était composée de plus de cinquante entrepreneurs.