C’est une note de 137 068 812.820 francs, soit 75 586 640 dollars au taux budgétaire de 1 813,4 CDF/USD qui a été élaborée par le ministère de la Communication et des Médias. Dans le budget 2018, c’est plutôt le montant de 7 093 385 269 francs, soit 3 911 650 dollars, qui a retenu. Selon des sources, cette somme a tout l’air d’un « forfait » plutôt que le résultat d’une étude préalablement établie sur le coût de la réfection de l’immeuble communément appelé « la Cité de la Voix du peuple » avec ses 19 niveaux.
Présomption de surfacturation
Toutefois, les crédits sollicités par le ministère de la Communication et des Médias, plus de 75 millions de dollars, équivaudraient à la construction des 7 tours du genre Future Tower sur le boulevard du 30 Juin ou encore à 5 fois la valeur du grand bâtiment administratif de la Société commerciale des transports et des ports (SCTP, ex-ONATRA) selon les estimations de la firme IMMOAF. Fin novembre 2017, l’Agence congolaise de presse (ACP), un autre média public, indiquait que le marché avait déjà été attribué à une entreprise chinoise non autrement identifiée. L’ACP n’avait pas non plus indiqué par quel mécanisme le marché de réhabilitation de la tour de la RTNC a été attribué, même la durée des travaux n’a pas été révélée.
L’immeuble date de plus de 40 ans et a tout ou presque l’air défectueux, en commençant par les ascenseurs. Il suinte par endroits lors de grandes précipitations alors que nombre de ses locaux, faute d’entretien, regorgent de tapis de poussière. Comme la tour de la GECAMINES, ex-SOZACOM, sur le boulevard du 30 Juin à Kinshasa, la tour de la Cité de la Voix du peuple, appelée du temps du règne de Mobutu, « la Voix du Zaïre », est un foyer d’amiante, substance toxique susceptible d’entraîner à petit feu la mort.
Instrument politique
Le bâtiment a, en effet, été construit au milieu des années 1970 et abrite actuellement les services administratifs de la RTNC et le secrétariat général du ministère de la Communication et des Médias. À la suite de la loi de libéralisation des médias, votée par le Parlement de Transition, le 22 juin 1996, des réflexions ont été mûries pour une ouverture du bâtiment à des opérateurs privés en vue de sa rentabilité. Vu sous l’angle économique, la tour de la Cité de la Voix du peuple est l’un des éléphants blancs zaïrois. Mais politiquement, le bâtiment avec la télé et la radio de l’État est un instrument stratégique de propagande politique pour tous les régimes qui se sont succédé en RDC. Jusqu’en 2009, la RTNC comptait parmi les entreprises du groupe du portefeuille national.
Elle a été transformée en établissement public à la suite de la réforme des entreprises publiques engagée par le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (COPIREP). Sa contribution au budget de l’État est nulle. La RTNC est subventionnée par l’État et ses agents sont payés comme des fonctionnaires de l’État.
In globo, le ministère de la Communication et des Médias avait sollicité des crédits de l’ordre 295 773 965 344 francs pour l’exercice 2018, mais le ministère du Budget n’a officiellement prévu que 42 030 818 735 francs.