Cette épidémie qui fait des ravages dans cette partie du continent, paralyse, en même temps, le commerce régional. Les commerçants, eux, se grattent la tête face à un grand manque à gagner qui se prolonge.
L‘économie sénégalaise commence à en pâtir. Les importations en provenance de la Guinée-Conackry sont à l’arrêt.
« Dans les marchés dakarois, les commerçants ont le moral dans les chaussettes. Pour cause, le marché n’est plus fréquenté comme avant. Jadis, les lieux grouillaient de monde, les camions remplis de marchandises. Mais depuis le mois d’avril, c’est l’inverse. Les mangues devaient commencer à inonder le marché, à cause de la fermeture de la frontière avec la Guinée, beaucoup de marchandises ne viennent plus. Cela fait que les commerçants, qui s’approvisionnent sur ces lieux, ne viennent plus », explique Khadiatou Oumou, une commerçante sénégalaise, en séjour à Kinshasa. « Nous sommes en face d’un dilemme. La fermeture de la frontière est salutaire. Parce que c’est une mesure préventive. Mais elle nous cause du tort, dans la mesure où elle a entrainé un manque à gagner de plusieurs millions de francs CFA. Plusieurs familles vivent, directement ou indirectement, du commerce dans ces marchés », ajoute-t-elle. Les conséquences de la fièvre hémorragique à virus d’Ebola ne sont pas qu’humaines. L’économie sénégalaise commence à en pâtir. Les importations en provenance de la Guinée-Conackry sont à l’arrêt. La psychose que cette maladie a suscitée dans l’esprit des sénégalais, complique la tâche aux vendeurs, pour écouler les mangues et autres fruits en provenance du Mali et de Casamance. En effet, les sénégalais sont devenus réticents pour se procurer ces fruits. En dehors des mangues, le cola importé de la Guinée Conakry n’est plus visible sur les étalages. Profitant de la rareté de ce produit, prisé par les sénégalais, ceux qui en disposent augmentent le prix. Le prix d’un panier est passé de 70 mille à 100 mille francs CFA. Ce qui fait l’affaire de grossistes qui avaient réussi à conserver des stocks, venant de la Guinée voisine. La majeure partie de l’huile de palme qui se vend sur marché, est aussi importée de la Guinée. Les importations sont quasi nulles, ce dernier temps. Ceux qui ont épuisé leurs réserves n’arrivent plus à s’approvisionner. Si cette situation perdure, il y a risque d’une rupture des stocks. Ce qui sera très dommageable pour les commerçants et les consommateurs. « Je rentrais avec un chiffre d’affaire quotidien qui tourne autour de 40000 francs CFA. Depuis que la frontière est fermée, je ne me retrouve qu’avec 7000 francs CFA ou moins, dans mes poches », confie un membre du syndicat des commerçants sénégalais. La suppression des vols par la plupart des compagnies aériennes complique davantage la situation. « De telles mesures sont contre productives », pense Sylvain Baize, un spécialiste français de la maladie. Il estime que cette mise en quarantaine déstabilise complètement la lutte contre l’épidémie. « Les rotations des personnels soignants expatriés et l’acheminement du matériel seront problématiques alors qu’il n’y a déjà pas assez de moyens », a-t-il souligné. Le virus d’Ebola frappe essentiellement trois pays de l’Afrique de l’Ouest (Liberia, Sierra Leone, la Guinée).