Il y a une identité de vues et d’intérêts entre le Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba (MSN) et les Nations Unies. C’est ce qu’a laissé entendre Dr Mamadou Diallo, à la fois représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations Unies en RDC, coordonnateur humanitaire et résident du PNUD en RDC et co-président du Groupe de coordination des bailleurs, à l’issue de l’audience que lui a accordée, vendredi 13 janvier, le coordonnateur du Comité exécutif du MNS, le général Denis Kalume Numbi. C’est un « bon départ », a souligné Mamadou Diallo, qui a dit qu’il était venu répondre à une invitation de son hôte à « une prise de contact régulière ». Lors de cette entrevue qui a ressemblé à une séance de travail, il lui a réitéré « l’engagement de la MONUSCO et de l’ensemble de la famille des Nations Unies au Congo de continuer à appuyer le Mécanisme national de suivi et les efforts du gouvernement du Congo dans la mise en œuvre des engagements nationaux suite à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba ».
Entente cordiale
Le 24 février prochain, ce traité pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région des Grands lacs totalisera 4 ans d’existence. C’est en perspective de cet événement que Denis Kalume et Mamadou Diallo ont convenu que leurs équipes techniques respectives travaillent de concert à la préparation d’une feuille de route y afférente. Sur l’évolution de la mise en œuvre proprement dite des différents engagements nationaux de la RDC, le coordonnateur du MNS a fait part à son hôte des préoccupations de la RDC sur ce que devait être l’accompagnement des garants de l’Accord et de ses partenaires dans la mise en œuvre des engagements régionaux et internationaux. Le représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations Unies en RDC a promis de poursuivre les efforts pour pouvoir aller de l’avant dans le cadre de l’application des engagements de la RDC. Et pour cela, il a déclaré qu’il peut compter sur le général Kalume qu’il a déjà eu « l’honneur de connaître sous d’autres cieux et dans d’autres fora », et avec lequel il est surtout content de « travailler maintenant au quotidien ».
« En signant l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, notre président n’a recherché que la paix et la stabilité pour la RDC et la région (des Grands lacs) », a précisé le coordonnateur du Comité exécutif du MNS. Il a rappelé que la communauté internationale a, pour sa part, signé cet Accord pour accompagner la RDC et se tenir saisie de tout ce qui concerne le rétablissement d’une paix durable en RDC. « À ce titre, la communauté internationale a mis en place son bras opérationnel, la MONUSCO, pour nous accompagner », a fait remarquer Denis Kalume. C’est justement sur cet accompagnement qu’il s’est entretenu avec Mamadou Diallo. Ils ont donc décidé de mettre en place un mécanisme qui permettra à leurs experts respectifs de se concerter de manière à ce que le 4è anniversaire d’existence de l’Accord d’Addis-Abeba soit l’occasion de faire une évaluation, sans complaisance. « Une évaluation des progrès qui ont été accomplis ; des difficultés rencontrées – surtout que le Congo fait de son mieux pour s’acquitter de ses obligations – ; ainsi que de ce que les autres signataires ont fait pour s’acquitter de leurs obligations », a insisté le général Kalume, qui est en même temps l’interface de la RDC dans le Mécanisme régional de suivi.
À l’heure du bilan
L’Accord d’Addis-Abeba est plus connu dans sa composante paix et stabilité, mais il comporte également une autre composante tout aussi essentielle que la première. Cette composante est soutenue par le 4è engagement regional, qui fait de l’intégration économique régionale une exigence, avec une attention particulière à la problématique de l’exploitation et le commerce illicite des ressources naturelles de la RDC. Mais elle est aussi soutenue par un Plan d’action adopté par les pays signataires de l’Accord en janvier 2014. Son but est développer la coopération régionale. D’où cette initiative d’organiser, entre autres, une conférence sur l’investissement sous les auspices de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies dans la région des Grands lacs. C’est pour aller plus loin dans ce sens et poser des actes concrets dans le cadre d’un partenariat entre les secteurs public et privé qu’un forum économique sur les investissements privés a été organisé, du 24 au 25 février 2016, à Kinshasa. Une année après ces assises, on glane quelques retombées positives à l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI) mais aussi des abus de la part de certains investisseurs.
L’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région des Grands lacs tire sa substance d’un constat. Depuis 2000, la région des Grands lacs est en proie à plusieurs conflits armés, dont la RDC est le principal champ de bataille. D’importants progrès ont été faits, depuis, grâce aux processus de paix et de stabilité. Cependant, de nombreux groupes armés, nationaux et étrangers, souvent téléguidés de l’extérieur, continuent à se livrer à la violation des droits humains, à un pillage systématique des ressources naturelles de la RDC, objet de convoitises internationales. C’est dans ce contexte de violence, d’instabilité politique et de pillage des ressources qu’une dizaine de pays de la région et de la Communauté de développement de l’Afrique australe ont signé, en février 2013, à Addis-Abeba, cet Accord-cadre.