Des voix se lèvent en Egypte et en France pour dénoncer le partenariat liant ces trois opérateurs. À la base de la contestation : des motivations plus politiques qu’économiques.
La fronde contre la coopération entre les compagnies est venue d’Egypte, inspirée par Hamdin Sabbahi, chef d’un parti politique et co-dirigeant du Front du salut national, principal adversaire politique de l’actuel président égyptien à l’élection de 2014. Ce dernier est à la base d’un appel lancé à travers le hashtag « Boycottez Mobinil », visant à proscrire les biens et services proposés par l’opérateur de téléphonie mobile, filiale du groupe français Orange en Egypte.
Le maintien de cette menace augure des jours sombres pour la santé économique de l’entreprise, car elle pourrait entraîner la perte de nombreux abonnés et entamer le chiffre d’affaire de Mobinil, classé actuellement deuxième plus grand opérateur égyptien avec 34 millions de consommateurs. En plus, la compagnie venait de déclarer récemment 2 794 476 231 Livres, soit 366 355 833 dollars de revenu net pour un capital opérationnel estimé à 275 926 912 livres.
Trois ans auparavant, Mobinil avait fait les frais d’une polémique du même genre déclenchée, cette fois-là, par Naguib Sawiress, son fondateur, qui avait publié sur Twitter une caricature d’un salafiste déguisé en Mickey. Cette publication avait heurté les sensibilités et entraîné un appel islamiste au boycott, causant ainsi la perte des millions de clients à l’époque.
Le fond du problème est ailleurs. Hamdin Sabbahi reproche à Mobinil ses relations avec l’opérateur israélien Partner actif dans les colonies de peuplement israélien situées en territoire palestinien. Ce rapprochement était devenu de plus en plus intolérable à partir du moment où Partner était à l’initiative de l’opération dénommée « Adopte un combattant » au cours de l’expédition militaire israélienne de juillet et août 2014 contre Gaza. Partner avait conçu ce mouvement dans le but d’apporter une aide matérielle et morale aux militaires israéliens participant à l’offensive « Bordure protectrice ». Ceci expliquant cela, le politicien égyptien a donc épinglé Orange, actionnaire majoritaire de Mobinil accusé d’avoir des accointances avec l’israélien Partner.
Des ONG françaises font pression sur Orange
En France, cinq ONG et deux syndicats sont montés au créneau pour dénoncer le partenariat entre Orange et Partner dont les activités, soutient-on, contribuent au maintien du statu quo en Palestine et à la viabilité économique des colonies israéliennes. Une réalité qui, à leurs yeux, est pourtant illégale.
En clair, ces organisations fustigent les violations des droits des humains commises par Partner qui compte 2,77 millions d’abonnés, soit une part de marché de 28% en Israël. Et cela grâce à un contrat de marque signé avec Orange, lui permettant d’utiliser le nom et le logo d’Orange comme argument de vente.
Dans le communiqué intitulé « Les liaisons dangereuses d’Orange dans le territoire palestinien occupé », ces organisations françaises dénoncent le fameux accord signé en 1998, puis renouvelé en 2011 et amendé en 2015. Selon les clauses de ce deal, l’opérateur israélien a le droit d’exploiter la marque et l’image d’Orange pour des raisons de marketing et de compétitivité, en échange d’une redevance.
À travers cette démarche, ces organisations demandent à Orange ainsi qu’au gouvernement français d’intervenir pour faire cesser les atteintes aux droits humains auxquelles ils contribueraient indirectement par la relation d’affaires établie avec l’opérateur télécom israélien.
D’après le même communiqué, ces organisations soulignent avoir instamment demandé aux dirigeants du groupe français de faire une déclaration publique sur leur volonté de désengagement et de dénoncer, en outre, les violations des droits de l’homme dont Partner est complice.
Tout naturellement, Orange se défend. L’entreprise affirme qu’elle « n’est pas opérateur en Israël », « ne détient aucune action ou droit de vote de Partner, et n’a aucune influence dans sa gestion et sa stratégie».
À en croire le groupe français, le contrat évoqué n’a pas été renouvelé en 2011 mais que les dernières négociations menées ont permis, en avril 2015, d’introduire une date de fin « pour mars 2025 ainsi que des clauses de sortie ».