ON N’A PAS besoin d’un dessin pour comprendre que tout est pénurie, tout est urgence, tout est priorité en République démocratique du Congo. Le régime de Mobutu a tout détruit. Il n’y a pas mieux que la déclaration au vitriol du professeur Jean Claude Biebie Ekalabo, pour le compte du Parti Lumumbiste unifié (PALU) à la Conférence nationale souveraine (CNS) pour décrire l’étendue du gâchis. Je me souviens encore, comme si c’était hier, de cette déclaration d’une rare violence verbale qui n’a pas manqué de faire vaciller Mgr Laurent Monsengwo Pasinya dans son siège de président de la CNS, au point d’exiger de son auteur des excuses publiques pour les mots si forts utilisés dans le discours. Passons.
La CNS avait réuni les délégués de toutes les couches de la population (partis politiques, société civile, groupes professionnels, armée et police), venus de toutes les régions et de la diaspora, à Kinshasa de 1990 à 1992. Le but était de se mettre ensemble, discuter et analyser la situation générale du pays afin de remédier au « mal zaïrois ». Si le but de la CNS, faire le procès du régime de Mobutu Sese Seko, a été atteint, il est dommage de constater les « Résolutions et les Acquis de la CNS » n’ont jamais été appliqués.
La majorité des Zaïrois de l’époque avaient fondé tous leurs espoirs sur l’application des « Résolutions et Acquis de la CNS ». Mais c’était sans compter avec le président Mobutu qui a déjoué la tentative de mettre en place un « État de droit, démocratique et prospère ». Puis vinrent les rébellions, d’abord de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de 1996 à 1997 avec Laurent Désiré Kabila, puis celles du Rassemblement des Congolais pour la démocratie (RCD) et ses branches dissidentes, ainsi que du Mouvement de libération du Congo (MLC) sous la houlette de Jean Pierre Bemba.
Et la suite, on la connaît : Joseph Kabila Kabange qui succède à Laurent Désiré Kabila, assassiné dans son palais, en janvier 2001, a choisi la voie de la réconciliation et de la réunification du pays à travers le Dialogue intercongolais de Sun City en Afrique du Sud. Durant tout son pouvoir, de 2001 à 2018, il s’est employé à la recherche de la paix et de la stabilité du pays plongé dans la guerre civile.
Changer vite fait !
Depuis janvier 2019, la RDC expérimente une nouvelle forme de gouvernance, l’alternance au pouvoir incarnée par Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le nouveau président de la République élu. Son avènement suscite encore beaucoup d’espoir chez les Congolais, qui croient en « le changement ». Le changement, voilà une expression qui est bien connoté en RDC. « Il faut qu’il change vite fait ». C’est le refrain que serinent tous les commentaires à l’adresse du nouveau chef de l’État. Les Congolais souhaitent le changement, l’alternance, le gouverner autrement sous la bannière de l’opposition.
Les attentes des citoyens sont immédiates. Félix Antoine Tshisekedi, lui-même, a fini par se convaincre qu’il doit cesser d’être le président d’un parti, d’une tribu… et prendre de la hauteur. Avec vue sur l’histoire nationale. La RDC veut quelqu’un pour la diriger et boire les colères de la population. Quelqu’un qui parle vrai. Comme Patrice Emery Lumumba, Etienne Tshisekedi wa Mulumba et Laurent Désiré Kabila.
Le pays ressemble à un tissu en lambeaux. Il faut tout reconstruire, si besoin, repartir à zéro. Parmi les chantiers prioritaires au cœur de l’action du nouveau pouvoir, l’énergie, l’agriculture, les infrastructures, l’industrialisation et l’intégration régionale. Dans la vision de Félix Antoine Tshisekedi pour le Congo, le volet énergétique est une priorité majeure en vue de l’industrialisation du pays, voire dans le renforcement des capacités du continent et dans la construction des infrastructures indispensables pour connecter l’Afrique. Depuis qu’il est à la tête du pays, Fatshi s’emploie à persuader les partenaires bilatéraux et multilatéraux que la RDC a besoin de leur accompagnement pour transformer ses potentialités en richesses. Et les potentialités énergétiques, le pays en a à revendre.
Le forum de Matadi
À l’initiative, donc, du chef de l’État, la présidence de la République, en collaboration avec le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, a convoqué un forum sur l’énergie électrique en RDC à Matadi, le chef-lieu de la province du Kongo-Central, du 20 au 22 août. Le forum va se pencher sur « la gestion et l’impact de l’électricité sur l’industrie et le développement durable en RDC ». IL s’agit de matérialiser la vision et la volonté politique du président de la République sur l’électrification de la RDC.
À la présidence de la République, on rassure que Félix Antoine Tshisekedi tient à l’augmentation de la production et la sécurisation de la distribution de l’énergie électrique à travers un accroissement adéquat des investissements. Tout comme à l’émergence de nouveaux producteurs privés grâce à de meilleurs contrats de partenariat public-privé ainsi qu’à un suivi adéquat des activités de régulation assurées par l’autorité de régulation du secteur de l’électricité.
On indique également que ce forum va offrir un cadre de mise en œuvre des mécanismes d’utilisation rationnelle de l’énergie disponible avec des équipements économes, de sensibilisation des usagers à de pertes et au gaspillage ainsi que de promotion et de vulgarisation des énergies renouvelables (le solaire, l’éolien, la petite hydraulique, etc.). Les discussions vont porter sur le potentiel énergétique (énergies renouvelables et non renouvelables), l’état des lieux du secteur de l’électricité, les sites énergétiques et leur dispersion géographique, l’état des lieux de l’exploitation et de la gestion de l’énergie électrique…
Construction de nouvelles centrales
Quant à la 2ème phase de la politique de la SNEL, quatre grands Projets y sont inscrits. Il est prévu d’abord la construction de la centrale hydroélectrique de Luapula (800 MW à répartir à parts égales entre la RDC et la Zambie). Jusque-là, la SNEL est à la recherche de financement après la signature des protocoles d’accord intergouvernementaux et inter-sociétés (SNEL et ZESCO). Les études sont déjà réalisées.
Il est ensuite prévu la construction de la centrale hydroélectrique de Busanga (240 MW) et ligne associée. Outre la SNEL, les autres bailleurs de fonds sont la SICOMINES et la SICOHYDRO. Coût : 655,8 millions de dollars. L’accord a été signé par les trois parties et les études réalisées. Puis, la construction de la centrale hydroélectrique de Ruzizi III (147 MW à répartir à parts égales entre le Rwanda, le Burundi et la RDC). Les travaux d’ouvrage sont à financer par les trois pays concernés. Le Montage financier est en cours et les développeurs déjà recrutés. Enfin, le programme prévoit la construction de la centrale hydroélectrique d’Inga III (basse chute: 4 800 MW et haute chute: 7 800 MW) et du réseau de transport associé. Coût des travaux : 1,2 milliard de dollars. Le montage financier est en cours et les développeurs recrutés. Les études ont été réalisées par AECOM/Canada.
En matière de partenariat public-privé, la SNEL dit avoir une certaine expérience. Au moins cinq partenariats public-privé à son actif. Par exemple, avec les opérateurs miniers KCC, MUMI et KANSUKI, la SNEL réalise un projet de fiabilisation et de réhabilitation des infrastructures de production et de transport (FRIPT). Coût : 430 millions de dollars. Les travaux sont en cours d’exécution. Avec AMBL, la SNEL est en train de réhabiliter les centrales de Nzilo, Mwadingusha et Koni et les réseaux de transport associés. Coût : 250 millions de dollars. Les travaux sont en cours d’exécution. Avec Tenke Fungurume Mining, elle réhabilite la centrale de Nseke pour un montant de 256 millions de dollars. Trois groupes sont déjà réhabilités et les travaux se poursuivent sur le dernier groupe.
Par ailleurs, en partenariat avec la SICOMINES, la SNEL construit la centrale de Busanga et des lignes de transport associées. Coût de l’opération : 655,8 millions de dollars. Les études du projet sont déjà réalisées. Enfin, en partenariat avec DBSA /CONNECT AFRICA, il est question d’assainir les réseaux de distribution de Kinshasa et de l’implantation de 50 000 compteurs à prépaiement, pour un total de 27,5 millions de dollars. Le projet pilote est déjà exécuté.