Encore Socimex pour apporter poulet et riz dans l’assiette des agents de l’État

Le ministre d’État en charge du Budget avait déjà passé commande, début décembre, à Socimex. Depuis un certain, c’est le fournisseur attitré du gouvernement pour l’importation des poulets et riz destinés à l’administration publique pour les fêtes de Noël et Nouvel An. 

C’est devenu une coutume. Chaque fin d’année, l’importateur libanais Socimex remporte haut la main le marché de livraison des vivres importés à l’État… à l’issue d’un appel d’offre, se justifie-t-on au ministère du Budget. Le marché accordé à Socimex représente une commande ferme de quelque de 27 000 cartons des poulets dits « poids 12 » et plus de 20 000 sacs de riz de 50 kg. Au bas mot, l’État devrait décaisser plus de 2 millions de dollars dans ce marché au bénéfice de l’importateur libanais… au grand dam des producteurs locaux. Et c’est la dernière, alors la toute dernière offre pour Socimex, laisse-t-on entendre.

Depuis Lubumbashi où il se trouvait en visite d’inspection, le ministre d’État et ministre de l’Économie, Joseph Kapika Dikanku, a déclaré, selon l’Agence congolaise de presse (ACP), que le chef de l’État, Joseph Kabila Kabange, a pris l’engagement pour que la République démocratique du Congo consomme les produits du cru dès décembre 2018. Et Kapika de poursuivre : « La République démocratique du Congo dispose des lacs, des terres et des pâturages pour que la grande partie des aliments viennent du pays ».

Cette rengaine-là a fait date. Voilà pratiquement dix ans que le gouvernement avait décidé de soutenir les importateurs nationaux ou encore la production locale. C’est dans ce cadre que s’explique l’aménagement du parc de Bukanga-Lonzo et la réhabilitation du Domaine agro-industriel présidentiel de la N’Sele.

Les nationaux d’abord

Des infrastructures qui auront coûté au moins 200 millions de dollars. Pour autant, fin 2016, le gouvernement avait vendu 45 millions de dollars aux importateurs essentiellement de surgelés et de riz. L’argent a, en réalité, profité aux expatriés Congo Futur, Sokin, etc. En 2012, le gouvernement avait pourtant levé l’option de ne soutenir que des importateurs nationaux, en fait des Congolais. Hélas, Mme Nzuzi wa Bombo se plaindra de ne rien bénéficier de l’État alors que Jean Lengo (groupe Ledya) avait plutôt d’ambitieux projets pleins la tête, un port international. Les autres se sont reconvertis à autre chose sinon sont partis voir ailleurs.

L’on sait comment l’homme d’affaires kasaïen Kansebu a été mis en difficulté au point de craquer.

L’État a sacrifié les nationaux sur l’autel des bakchichs versés par des groupes asiatiques devenus maîtres du marché et de l’économie, fulminaient ses proches. Et ces expats en font à leur tête. Du temps du ministre Jean-Paul Nemoyato, le ministère de l’Économie avait entrepris des démarches auprès de la Fédération des entreprises du Congo en vue d’élaguer de la structure des prix tous les éléments favorisant la surenchère. En réponse, la FEC avait organisé un atelier à ce sujet et réservé la primeur des recommandations au 1ER Ministre. Sous le mandat de Bulambo Kilosho, des agents du ministère de l’Économie sans recourir à une expertise étrangère, avaient élaboré un document détaillé sur les bénéfices que gagnent les importateurs. Bulambo Kilosho avait transmis à son collègue des Finances, Matata Ponyo, ledit dossier afin de remettre l’État dans ses droits face à des importateurs véreux. Matata deviendra même 1ER Ministre. Mais le dossier ne connaîtra aucune évolution escomptée bien que  Socimex, Congo Futur, Sokin, etc., aient également souscrit au principe du rabais des prix des biens de consommation importés.

Le sucre blanc, par exemple, aurait dû connaître, à cette époque, une baisse de 30 %, le prix du lait en poudre diminuerait de 18 %, celui du riz blanc thaïlandais de 13 % contre 1,56 % pour le riz venu de Vietnam. Quant aux surgelés, le prix du poulet à bouillir aurait baissé de 6,4 % alors que celui du poisson chinchard (Mpiodi) de 5 %. Au contraire, les consommateurs congolais sont soumis à un régime de yo-yo des prix sur le marché.