La RDC nourrit l’ambitieux projet de doubler d’ici à 2018 le taux d’accès à l’électricité, actuellement estimé à 9 %. Des efforts (de vastes chantiers d’ouvrage sont ouverts et des réformes incitatives sur la libéralisation sont prises) en cours pour améliorer la capacité de production, de transport et de distribution afin d’atteindre cet objectif. La capacité de production actuelle du pays est d’environ 2 516 mégawatts (MW), dont 1 500 MW seulement produits, soit 2,5 % du potentiel hydroélectrique estimé à 100 000 MW. Le parc de production est constitué d’une douzaine de centrales hydroélectriques : Inga II (1 424 MW), Inga I (351 MW), Nseke (248 MW), Nzilo (108 MW), Zongo (75 MW), Mwadingusha (68 MW), Koni (42 MW), Ruzizi I (28,2 MW), Tshopo (18,8 MW), Kyimbi (17,2 MW), Sanga (11,52 MW) et Mobayi (11,4 MW).
Inga, un don de Dieu
Inga fait l’objet des attentions internationales. À lui tout seul, il représente un potentiel de 44 000 MW. C’est le plus gisement hydroélectrique au monde. Cet ensemble comprend aujourd’hui deux centrales (Inga I et II) ayant une puissance totale de 1 775 MW : Inga I avec 6 groupes totalisant 351 MW, Inga II avec ses huit groupes totalisant 1 424 MW. Avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD), le gouvernement a bouclé un financement de 12 milliards de dollars pour Inga III. C’est un projet présenté comme viable parce que les Sud-Africains ont préacheté 2 500 MW sur les 4 800 de sa production envisagée avant 2025, à condition que les travaux démarrent en 2017 comme prévu. Le reste sera distribué aux miniers (1 000 MW), les ménages, les PMI, PME et TPME (1 300 MW). Dans son état définitif, le complexe d’Inga fournirait plus de 25 % de la production mondiale d’énergie hydroélectrique. La construction d’Inga III est donc une panacée pour résoudre de manière structurelle le déficit d’énergie en RDC.
Des améliorations sont également prévues dans le transport du courant. En particulier, la ligne de transport Inga-Katanga. Avec une paix relative dans le pays depuis 2003, la RDC envisage d’augmenter ses exportations d’électricité vers le Zimbabwe et l’Afrique du Sud jusqu’à 500 MW (essentiellement produite à partir du barrage d’Inga). La distribution d’électricité est actuellement confiée à une société zambienne, la CEC. Dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), Inga a été retenu pour un projet d’interconnexion des réseaux sur toute l’Afrique et même l’Europe a été envisagée. Un autre projet, le Western Power Corridor (WESTCOR) sur le même site, cette fois-ci pour l’intégration sous-régionale de la zone de SADC pour la production et le transport de l’énergie électrique, existe. Ce projet pourrait générer au moins 5 milliards de dollars chaque année, une fois complètement fonctionnel.
Améliorer la desserte
D’autres projets de réhabilitation des centrales existantes pour améliorer la desserte sont en cours d’exécution, notamment à Zongo. Les travaux qui ont commencé en 2012 sont exécutés par la firme chinoise Sinohydro. Ils devaient se terminer en 2015 mais ils ont pris du retard. À terme, la capacité de la centrale devra passer de 75 MW à 150 MW. Coût des travaux : 365 millions de dollars. Grâce à un financement de la banque européenne d’investissement (BEI), la capacité de transport de l’énergie électrique va doubler, passant de 500 MW à 1 000 MW pour améliorer la desserte à Kinshasa et dans le Kongo-Central.
Entre-temps, des chantiers de construction d’ouvrages sont ouverts dans le pays. C’est le cas du barrage de Kakobola dans le Bandundu, fruit du partenariat entre la RDC, l’Inde et Exim Bank. Ce sont deux firmes indiennes Angélique International Ltd (AIL) et Bharat Heavy Electricals (BHE) qui exécutent les travaux dont le coût est estimé à 55 millions de dollars (42 millions apportés par l’Inde via Exim Bank et 13 millions par la RDC). Kakobola, d’une capacité de 10,5 MW, va fournir de l’énergie à la ville de Kikwit et aux territoires d’Idiofa et Gungu. Les travaux ont connu beaucoup de retard car l’ouvrage aurait dû être livré en 2014. Les ressortissants de l’ex-Bandundu mise sur ce barrage en vue de l’industrialisation de leur province. Au Kasaï, les espoirs sont fondés sur le barrage de Grand Katende en construction. C’est le fruit d’un partenariat avec l’Inde et Exim Bank. D’une puissance de 64 MW, cette centrale va coûter 280 millions de dollars, dont 168 millions apportés par la banque chinoise, sous forme de prêt à rembourser par l’Inde. Le projet démarré en 2011 a connu du retard, surtout à cause de l’enclavement de la province et dans les décaissements des fonds. Il devait se terminer normalement en 2014. Avec l’énergie que va produire le Grand Katende, les autorité de la province rêvent de créer un hub de développement au centre du pays.
Les défis du futur
L’hydroélectricité représente donc 96 % de la production d’électricité, les 4 % restants étant fourni par des centrales thermiques de faible puissance situées, pour la plupart, dans des zones isolées. L’apport potentiel des centrales d’Inga est obéré, leur production ne dépasse pas 40 % de leur capacité. Une bonne partie de cette production est destinée à l’exportation, laissant ainsi la demande locale insatisfaite. Cette situation fait que le taux d’accès des populations à l’électricité est de 3 % en milieu rural, 40 % pour les villes et 9 % sur le plan national alors que la moyenne en Afrique subsaharienne est de 30 %). Le secteur énergétique de la RDC est donc sous-développé en termes de capacité de production, de consommation, d’accès et de fiabilité.
L’accès à une électricité fiable et peu onéreuse est un véritable goulet d’étranglement pour les entreprises, qu’elles soient petites, moyennes et grandes, ainsi que pour les ménages. L’accès au réseau de la Société nationale d’électricité (SNEL) est bien souvent long, difficile et coûteux. Par ailleurs, en raison de la vétusté du réseau et/ou d’une production insuffisante, les pannes d’électricité sont fréquentes. Elles représentent plus de mois de travail selon certaines études. Les pertes de production dues aux coupures d’électricité sont importantes, soit environ 20 % de la production. Pour pallier cela, les entreprises et les ménages se sont mis aux groupes électrogènes, mais le coût de ces services d’énergie privés est deux fois, voire plus, plus élevé que celui du réseau de la SNEL. L’accès à l’électricité est très inférieur à la moyenne des pays africains dans les zones aussi bien urbaines que rurales, mais la situation est particulièrement dramatique dans ces dernières. La demande en énergie a été accentuée aussi par le boom minier dans le Katanga. Malgré la médiocre qualité des services, les tarifs de l’électricité de la SNEL sont parmi les plus élevés des systèmes à prédominance hydroélectrique de l’Afrique, soit 209 francs le KW pour le client ordinaire (code 34) en décembre contre 101 francs en octobre 2016.
En plus de l’insuffisance de la couverture et de la fiabilité du réseau, les réformes doivent s’attaquer aux inefficacités, qui génèrent d’importants coûts cachés et font grimper les tarifs. La SNEL est la principale source d’inefficacités dans le secteur. Les pertes dans le transport et la distribution atteignent presque la moitié de la puissance générée, un chiffre élevé par rapport à la moyenne de 27 % des autres pays africains riches en ressources. Ceci est vraisemblablement dû au manque de maintenance et de réhabilitation du réseau de distribution existant, et à une politique permissive envers les branchements clandestins. On observe aussi un sureffectif relativement élevé par rapport à celui des autres compagnies d’électricité africaines. Enfin, la mégestion qui caractérise la SNEL, limite ainsi l’investissement dans la réhabilitation et l’extension du système.