Quels enseignements tirez-vous du Sommet et du Forum économique Russie-Afrique ?
Denis Kalume répond : « La Russie emboîte le pas aux États-Unis, à la Chine, au Japon, à l’Inde et à la Turquie dans l’organisation de ce genre de forum économique. C’est la toute première fois que la Russie l’organise, et il a connu un grand succès, 47 chefs d’État et de gouvernement sur 53 délégations y ont pris part. Les enseignements tirés sont d’abord une très bonne préparation matérielle et intellectuelle, qui a été précédée par plusieurs rencontres entre les autorités russes et les ambassadeurs et chefs des missions diplomatiques accrédités à Moscou. » Comment appréciez-vous la participation de la RDC à ce double événement ? « La participation de la RDC a été très remarquée, car Félix Antoine Tshisekedi est le premier président de la RDC à entreprendre une visite officielle en Russie depuis 1960, et cela après une alternance pacifique et civilisée de pouvoir au pays de Lumumba. » Et d’ajouter : « Le président de la République s’est fait accompagner par une forte délégation comprenant sept ministres, plusieurs conseillers de son cabinet, et par de nombreux opérateurs économiques ainsi que par notre organe de promotion des investissements (ANAPI), le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) et la Fédération des Entreprises du Congo (FEC). La moisson a été abondante, plusieurs contacts ont été noués, des partenariats ont été signés dans les domaines public-public, public-privé et privé-privé. »
Le Sommet et le Forum économique de Sotchi marquent-ils un tournant historique dans la relation de la Russie à l’Afrique ? « Effectivement. L’époque de l’URSS marquée par sa coopération militaire avec des régimes communistes en Afrique est révolue. C’était la période de la Guerre froide, quand l’Afrique était obligée de prendre part à cette confrontation entre l’idéologie communiste et l’idéologie capitaliste, jusqu’à l’effondrement du mur de Berlin. Maintenant, c’est la globalisation, le capitalisme fait graviter les capitaux autour du monde et atterrissent là où il y a les meilleures performances du doing business. La Russie a aussi l’ambition de jouer un rôle majeur dans ce processus. »
C’est votre première expérience dans la diplomatie. Est-ce pour vous une expérience exaltante, la mission d’ambassadeur ? « C’est vraiment exaltant dans la mesure où je viens d’un autre corps, l’armée, pour entrer dans un nouveau corps avec un nouvel esprit. Je devais donc m’adapter et me fondre dans le corps de diplomates, adopter leur code de conduite, leur accoutrement, leurs apparats, leur profil comportemental impliquant la courtoise, l’élégance, la délicatesse, être stratège et négociateur. »
« Quelles sont les priorités de votre mandat ? « Les priorités sont multiples. Et parmi les priorités, je tiens tout d’abord à redorer l’image de la RDC en Russie ; œuvrer pour le renforcement des relations entre les deux pays et pour l’intensification de la coopération multisectorielle avec un accent particulier sur la coopération économique gagnant-gagnant, privé-privé, privé-public, public-public, comme en témoigne les résultats récoltés lors du Forum économique de Sotchi, où plusieurs contrats, MOI, et Accords ont été signés. »
Dans quels domaines estimez-vous renforcer la coopération bilatérale avec la Russie ? « Je pense aux domaines puisés dans les 14 piliers du Programme du gouvernement : infrastructures de transport (route, rail, air, fleuve et lac), production agricole (transformation, conservation et commercialisation), nouvelles technologies de l’information et de la communication pour appuyer et concrétiser le Plan national du numérique, etc. »