Et si les forêts représentaient l’avenir économique de la RDC !

En décembre dernier, la société civile environnementale et les autres parties prenantes ont fait fort dans la revendication, à l’issue de leur forum porté par la CNCEIB sur la gestion durable de ces écosystèmes. Ils mettent en garde les futurs dirigeants du pays.

SUR LA CARTE géographique de la République démocratique du Congo, les forêts occupent une superficie de 155 millions d’ha, soit 66 % du territoire national. Sur l’infographie des forêts de la RDC, on voit que les forêts denses humides représentent 101 millions d’ha, tandis que les forêts de montagne occupent 1 million d’ha ; les forêts sèches, 24 millions d’ha et les mosaïques de savane, 29 millions d’ha.  

Ce n’est pas tout. Par la diversité des espèces et des plantes de ces écosystèmes, la RDC vient en 5è position dans le classement des pays ayant la diversité biologique la plus riche au monde. Cette diversité biologique sur des vastes étendues offre des moyens de subsistance et de production des revenus à des millions de personnes dont les peuples autochtones pygmées. 

Point n’est besoin de dire que le rôle des forêts congolaises dans la lutte contre le réchauffement climatique et la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES) est indéniable car le Bassin du Congo est le 2è poumon forestier du monde, après l’Amazonie en Amérique. 

Puissance environnementale

Au vu de cette présentation, les forêts congolaises pèsent économiquement très lourdes. Les experts parlent désormais de la RDC comme une « puissance environnementale » du fait de sa méga-biodiversité (parcs nationaux et réserves naturelles avec des espèces endémiques qu’on retrouve uniquement en RDC, comme le Bonobo, l’Okapi, le paon congolais, le gorille des plaines de l’Est, etc.). Les activistes de la société civile et les autres défenseurs de l’écologie sont formels : la RDC ne peut vivre sans les forêts. 

Les mêmes activistes notent qu’en comparaison avec d’autres ressources naturelles, comme les minerais, le pétrole, etc. (scandale géologique), la valeur économique de la forêt à travers ses nombreux services écosystémiques est souvent méconnue en termes de recettes. Explication : bien que le secteur minier soit prépondérant dans l’économie de la RDC, ils estiment que le secteur forestier peut aussi rapporter gros à cette économie et aider à faire de la RDC un pays émergent. Contrairement aux minerais qui sont épuisables, les forêts, elles, se regénèrent. 

Outre le rôle écologique de la forêt, il y a également les usages qui sont tout autant économiques que le bois à l’état pur : la cuisine et l’alimentation, l’immobilier, la menuiserie et l’ébénisterie, la décoration, la papeterie, la maroquinerie recourent aux produits issus de ressources forestières. 

On comprend dès lors pourquoi la gestion durable des ressources forestières est au centre des préoccupations internationales majeures de l’heure. Les activistes de la société civile environnementale pensent que la RDC qui est une puissance environnementale doit dès à présent faire de cette problématique une question nationale stratégique.

Dans le mémo qu’ils ont produit en décembre dernier, ils recommandent aux nouveaux députés et au président de la République élu d’inscrire la gestion des forêts nationales dans « une approche holistique de ses différentes vocations et fonctions éventuelles (économique, sociale, environnementale et culturelle) en privilégiant une mosaïque d’usages dans la perspective de prise en compte des générations présentes et futures ». D’après eux, cette approche constitue « le socle d’une vision éclairée des réformes éventuelles à mener dans ce domaine et de consolidation des acquis sur les bonnes pratiques de préservation, d’utilisation et d’exploitation durable et de gouvernance des ressources naturelles ». 

Gestion durable des forêts, un impératif

La nécessité de gérer durablement les forêts pour le bien-être des populations, l’économie et pour la lutte contre le réchauffement climatique est un impératif pour les nouveaux dirigeants du pays. Puisqu’ils ont le pouvoir de la décision, les dirigeants ont la responsabilité politique de préserver les forêts et de les gérer durablement. Quand la biodiversité s’effondre, c’est l’espèce humaine qui est en danger, disent les écologistes. Ils ont aussi la responsabilité morale de ne pas priver les générations présentes et futures de ce patrimoine écologique dont la nature a doté la RDC. 

D’où la nécessité d’en faire une des priorités gouvernementales afin de réduire la pauvreté et garantir le bien-être à tous les Congolais, particulièrement aux communautés locales et aux peuples autochtones. Mais aussi de participer à la lutte contre le changement climatique par la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Pour rappel, la Terre est aujourd’hui menacée par des activités anthropiques favorisant énormément le dérèglement climatique.

La RDC a adopté en 2015 un plan REDD+ (réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts) qui est pour le moment dans sa phase d’investissement.

Il vise deux impacts majeurs : primo, répondre efficacement aux moteurs de déforestation et de dégradation forestière, et secundo, assurer des co-bénéfices de développement pour la population en milieux urbain et rural. 

La RDC, un des pays en pointe de ce processus, exécute un programme de 25 millions de dollars pour réaliser la R-PP et générer des crédits carbones dans le cadre du système REDD+. 

Observatoire forestier 

Sur le plan régional (Congo, Cameroun, Gabon et RDC), on parle de mettre en place un Observatoire des forêts du Bassin du Congo. L’initiative a pour soubassement l’échange des informations et expériences sur la gouvernance forestière, l’utilisation des terres, le processus REDD+ ainsi que sur la foresterie participative. 

Les discussions des experts autour de cette question portent notamment sur plusieurs thématiques : les processus législatifs en matière de forêts dans le Bassin du Congo, le processus REDD+, zéro déforestation, l’agrobusiness, les synergies entre Flegt, REDD+ et gouvernance de l’utilisation des terres, la foresterie participative, le régime foncier et les droits des peuples, etc.