DANS le cadre du Programme intégré national (PIN-RDC) du 11è FED (Fonds européen de développement) de l’Union européenne (UE), le Parc national de la Garamba (PNG) fait partie des cinq aires protégées ciblées sur les 67 que compte la République démocratique du Congo. Le PIN 11è FED est une « réponse au besoin de poursuivre et d’amplifier les appuis communautaires dans et autour des trois aires protégées reconnues comme patrimoine mondial de l’UNESCO, et d’étendre ces appuis à deux autres aires, représentatives de la diversité des écosystèmes congolais ».
Concrètement, quatre sites d’intervention (parcs nationaux), pour ce qui est de la conservation, ont été retenus : Garamba, Virunga, Salonga et Upemba- Kundelungu. Deux sites ont été sélectionnés, pour la valeur de leur biodiversité au niveau national et au niveau régional, leur représentativité au sein des écosystèmes congolais, et pour leur complémentarité avec les programmes des autres partenaires. Le cinquième site, la réserve de biosphère de Yangambi, a été retenu pour ce qu’elle représente en termes d’apprentissage pour le développement durable désigné par la RDC et reconnu par l’UNESCO dans le cadre de son Programme sur l’homme et la biosphère.
Conservation
Situé au Nord de la RDC, le PNG (5 133 km² en 2005) est l’un des plus anciens parcs d’Afrique. En partenariat avec l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), African Parks a pris en charge la gestion du PNG. Dans le volet conservation, l’équipe de gestion fait face à deux phénomènes : le braconnage et l’insécurité transfrontalière, ainsi que la déforestation. Le Parc national de la Garamba doit faire face à un braconnage intensif, organisé et lourdement armé. La pression croissante sur le parc est due à la présence de nombreux groupes armés, notamment la LRA, et l’arrivée massive des transhumants provenant des régions du Sahel.
Face à cette menace d’ampleur régionale, explique les responsables du projet, le PNG s’est doté des ressources humaines et technologiques nécessaires pour mettre en place un mécanisme transfrontalier de suivi et d’échange d’informations au sein d’un centre régional de coordination de l’information. Qui plus est, l’approche intégrée au niveau du paysage transfrontalier est renforcée par l’action coordonnée des programmes PIN-RDC et ECOFAC6 du 11è FED de l’UE.
Les mêmes responsables expliquent que la résolution de cette crise transfrontalière nécessite la collaboration entre les États de la région (RDC, RCA, Soudan du Sud, Tchad, etc.). Les premières discussions ont eu lieu avec le Soudan du Sud en novembre 2018. Le PNG compte également renforcer sa collaboration avec le Parc national de Lantoto (Soudan du Sud).
Quant à la lutte contre la déforestation, on retiendra que la coupe de bois pour la fabrique de charbon de bois (makala) menace sérieusement l’environnement dans certaines parties du domaine de chasse de Gangala na Bodio. L’équipe de gestion du projet a instauré un mécanisme de gouvernance participatif et des comités de suivi de la coupe de bois au niveau des chefferies. Les activités de développement de l’agroforesterie contribuent à enrayer la menace. Les premiers effets de ces mesures sont déjà perceptibles.
Pour ce qui est de la préservation de la faune, le PNG abrite la dernière population des girafes de la RDC (42 individus en 2017). Actuellement, elle est en croissance (55 individus en 2019) grâce au projet dont l’objectif est d’augmenter la taille de la population de 30 % à l’horizon 2022.
Par ailleurs, la population des éléphants du PNG constitue les derniers grands troupeaux dans le pays. Elle est menacée par le braconnage perpétré par les groupes armés et autres professionnels.
Pour les responsables du parc l’objectif est de stabiliser les effectifs à l’horizon 2022. C’est ainsi que les efforts de lutte anti-braconnage sont intensifiés : des colliers sont posés sur les animaux, la dynamique des populations étudiée et un système de suivi à l’échelle du paysage mis en place…
Développement
Quant au volet développement, il y a trois aspects : l’énergie solaire, l’agro-écologie ainsi que la gouvernance et la gestion participative. Pour ce qui est de l’énergie solaire, l’équipe de gestion du PNG a mis en place un programme de distribution d’énergie solaire en partenariat avec le secteur privé pour la commercialisation et la distribution de micro-crédits, en appui au zonage du complexe en cours.
Ce programme a démarré en juin 2019 avec la mobilisation de l’équipe et les activités de la première phase sur la zone est du PNG (Tadu-Faradje-Aba). L’identification des besoins à Dungu doit encore être faite.
Par ailleurs, d’ici la fin de 2020, deux premières centrales et mini-réseaux solaires devraient être opérationnels à Faradje et Tadu, 4 000 kits solaires et 2500 lampes solaires distribués dans la zone est du parc.
Pour ce qui de l’agro-écologie, après une phase d’étude préparatoire, la mise en œuvre du programme a démarré.
Il consiste à améliorer la productivité des cultures vivrières et des produits forestiers non ligneux dans les domaines de chasse pour diminuer la pression sur les ressources naturelles, et développer les cultures de rente (cacao, café, palmier à huile, etc.) dans les zones tampons en maintenant les communautés riveraines à l’extérieur des domaines de chasse et en fournissant des alternatives aux activités illégales délocalisées (orpaillage).
La mise en œuvre du programme est basée sur deux principes : la subvention des appuis et incitation du secteur privé, ainsi que l’approche « paysans relais/champs école ».
Pour ce qui est de la gouvernance et de la gestion participative, le projet (environnement et agriculture durable) EAD 11è FED permet au PNG de mettre en place des activités pour le développement d’un mécanisme de gouvernance participative des ressources naturelles des domaines de chasse autour du PNG. À savoir l’élaboration et la mise en place avec les communautés et autorités d’un plan d’utilisation des terres des domaines de chasse ; la cessation de l’orpaillage dans les domaines de chasse ; la mise en place d’un mécanisme de gouvernance et de suivi de la coupe de bois dans les domaines de chasse s’appuyant sur les chefferies locales.
Mais aussi la sensibilisation des autorités (chefferies, administration, etc.) et des communautés sur la cessation des activités d’orpaillage dans l’aire protégée, et sur le programme de développement de l’agro-écologie dans les domaines de chasse et en zone riveraine ; la signature d’un accord de partenariat avec les chefferies pour l’entretien des pistes dans les trois domaines de chasse ; et la mise à contribution des communautés à la réalisation et la gestion des infrastructures socio-collectives (eau, éducation et santé).