L’ASSOCIATION internationale du transport aérien (IATA) estime que 75 % des compagnies ont moins de trois mois de trésorerie pour survivre. Entre 150 et 200 milliards de dollars d’aides des États sont nécessaires pour passer la crise et assurer la reprise. Au mois de mars, au bord de la faillite avant même la catastrophe économique actuelle, Alitalia va être sauvée par le coronavirus. En effet, le gouvernement italien a décidé de nationaliser la compagnie à cause justement de la catastrophe économique actuelle. Un nouveau soutien que Bruxelles n’aurait probablement pas accepté en temps « normal ». Par ailleurs, Corsair annonce qu’elle va suspendre tous ses vols à l’exception des Antilles et de La Réunion et que quasiment la totalité du personnel sera mis au chômage partiel. Son PDG, Pascal de Izaguirre demande des aides d’État pour tous les transporteurs français, sous forme de recapitalisation ou de prêts. « Il faut des aides d’État pour toutes les compagnies françaises, pas seulement pour Air France », revendique-t-il.
Bol d’air
Toujours en mars, la Norvège apporte une bouffée d’oxygène à Norwegian Air Shuttle. Le gouvernement va garantir à 90 % 502 millions d’euros de prêts bancaires aux compagnies aériennes norvégiennes à cours de liquidités, dont la moitié pour la compagnie low-cost Norwegian. La Suède et le Dannemark ont également aidé SAS.
Le 24 avril, la France soutient Air France à hauteur de 7 milliards d’euros : « Ce n’est pas un chèque en blanc », avait dit Bruno Le Maire, le ministre des Finances et de l’Économie. C’est un plan de sauvetage « historique » d’Air France sous forme de prêts : 4 milliards d’euros de prêts garantis par l’État et 3 milliards d’euros de prêts directs. Auc Pays-Bas, le gouvernement néerlandais a quant à lui l’intention de fournir une aide financière de deux à quatre milliards d’euros à KLM. Dans le cadre de l’augmentation de capital envisagée par Air France-KLM d’ici à mai 2021, et pour laquelle l’État a manifesté « son intention d’examiner les conditions de sa participation », l’une des options sur la table est de convertir tout ou partie du prêt d’actionnaire en actions. Cette forme de recapitalisation par l’abandon de créances a déjà eu lieu dans le passé au sein du groupe.
Le 29 avril, Après le sauvetage d’Air France, les autres compagnies aériennes demandent une aide pour pouvoir, elles aussi, survivre et éviter une distorsion de concurrence. Aucune compagnie n’a obtenu un prêt bancaire garanti par l’État. Le Scara, un syndicat de compagnies aériennes, demande un milliard d’euros d’aides. Le gouvernement français travaille sur des schémas d’aides.
Au mois de mai, le groupe de transport aérien Lufthansa avait annoncé négocier avec l’État allemand un plan de sauvetage « de 9 milliards d’euros » pour lui éviter la faillite en raison de la crise liée au Covid-19. Les négociations portent non seulement sur un prêt mais aussi sur l’entrée de l’État allemand au capital du groupe à hauteur de 25 %. De son côté, le gouvernement italien s’est dit prêt à injecter au moins 3 milliards d’euros dans Alitalia.
Le 28 mai, l’État français a décidé de mettre en place des plans d’aide spécifiques pour plusieurs secteurs du voyage (tourisme, hôtellerie, aéronautique), mais pas pour les compagnies aériennes et les aéroports, frappés de plein fouet eux aussi par la crise. Contrairement à l’automobile où l’État aide Renault et la filière, l’aide au transport aérien se limite à Air France.
Le 23 juin, Edward Wilson accorde sa première interview en France, après avoir été nommé directeur général de la compagnie Ryanair en septembre 2019, en remplacement de Michael O’Leary. Ce dernier ayant pris les commandes de l’ensemble du groupe composé non seulement de la compagnie à bas coûts irlandaise mais aussi de Buzz, Malta Air et Laudamotion. « C’est une honte d’avoir aidé Air France », déclare-t-il. Stratégie de reprise, décision de l’Autriche d’obliger les compagnies à ne pas vendre de billets d’avion en dessous de 40 euros, situation d’Air France, place d’Easyjet dans le ciel européen dans le futur, réputation de Ryanair… Edward Wilson répond d’une manière qui n’a rien à envier à Michael O’Leary: sans mâcher ses mots.