Facebook condamné à 1 million d’euros d’amende en Italie

Le scandale de Cambridge Analytica laisse encore des traces. Le réseau social devra mettre la main à la poche, mais le montant de l’amende semble, en revanche, dérisoire face au poids d’un tel géant, estiment des observateurs.

AU REGARD de la taille du géant du web et de son chiffre d’affaires mondial estimé à 55,8 milliards de dollars en 2018, l’amende d’un million d’euros à laquelle a été condamné le premier réseau social est anecdotique. Par ce biais, la Garante per la protezione dei dati personali, régulateur chargé de faire appliquer les règles relevant du domaine de la protection des données (et donc du RGPD), marque néanmoins le coup en reconnaissant Facebook coupable de fautes et de manquements flagrants dans le cadre de l’affaire Cambridge Analytica. Pour rappel, le cabinet Cambridge Analytica s’est retrouvé en 2018 au cœur d’un scandale qui a sérieusement écorné la réputation de Facebook. La société a toujours démenti avoir collecté et exploité sans leur consentement les données personnelles de 87 millions d’utilisateurs de Facebook à des fins politiques, via une application de tests psychologiques. C’est l’un des plus importants scandales traversés par Facebook ces dernières années, un cabinet britannique ayant abusivement exploité les données personnelles de 87 millions de personnes pour servir les intérêts politiques de ses clients. En Italie, si seulement 57 personnes avaient utilisé la fameuse application « this is your digital life » initialement utilisée par certains cadres de Cambridge Analytica pour aspirer les données personnelles des membres de Facebook, on apprend que 214 077 personnes sont concernées par ce scandale, la récupération des données ayant également touché les amis des amis des personnes concernées. 

Pour la Garante per la protezione dei dati personali, Facebook n’a pas suffisamment informé et protégé ses membres quant à d’éventuels abus de ce genre, n’ayant pas pris la peine de collecter explicitement leur consentement et d’expliquer les implications qu’entraînait l’installation de ce genre d’applications. 

« Nous sommes depuis fortement engagés dans la protection de la vie privée des personnes et nous avons investi dans des ressources, des technologies et des partenariats et nous avons embauché au cours de la seule année passée, plus de 20 000 personnes impliquées dans la sécurité (…) Nous avons apporté d’importants changements à notre plateforme à l’époque et nous avons également considérablement restreint l’information à laquelle les développeurs d’applications peuvent avoir accès », a réagi Facebook. 

Condamnation en Allemagne

Ce n’est pas la première fois que l’autorité italienne condamne Facebook. En décembre 2018, elle avait déjà infligé au géant du web une amende de 10 millions d’euros, le reconnaissant coupable de vente de données personnelles sans accord de ses membres. En décembre dernier déjà, l’autorité italienne garante de la concurrence avait infligé une amende de 10 millions d’euros à Facebook, l’accusant de vendre les données de ses utilisateurs sans les informer correctement.

Ailleurs en Europe, le régulateur britannique (ICO) avait lui infligé une amende de 500 000 livres (565 000 euros) à Facebook en novembre dernier dans l’affaire Cambridge Analytica. En Espagne, le groupe avait été condamné en septembre 2017 par l’Agence locale de protection des données (AEPD) à payer une amende de 1,2 million d’euros. Aux États-Unis, une amende qui s’élèverait à plusieurs milliards infligée par le régulateur fédéral, pendrait au nez de Facebook. 

Facebook a été condamné à une amende de 2 millions d’euros en Allemagne, après avoir été mis en cause pour sa gestion des données personnelles dans le monde entier sur internet. Le mardi 2 juillet, l’Office fédéral de la justice s’en est pris à Facebook pour avoir fourni des informations trompeuses en ce qui concerne le nombre de plaintes liées à la diffusion de contenus illégaux sur ledit réseau social.

La loi allemande exige aux plateformes de réseaux sociaux de signaler le nombre exact de plaintes relatives à des contenus illégaux présents sur leur site. Or, d’après un rapport sur la transparence remis à l’Office fédéral de la justice par Facebook, 1048 plaintes pour contenu illégal ont été signalées au cours du deuxième semestre 2018 alors que YouTube et Twitter ont comptabilisé plus de 250 000 plaintes sur l’année 2018.