Fatshi fixe son cap pour l’an II, avec une tonalité sociale

Le président de la République a débuté l’année 2020, année qu’il a décrétée « Année de l’action » par un voyage qui l’a conduit au Vatican en Italie, à Londres au Royaume-Uni et à Davos en Suisse. Aussitôt rentré au pays, il a présidé le vendredi 24 janvier à la Cité de l’Union africaine la 18è réunion du Conseil des ministres.

DANS sa communication aux membres du gouvernement, Félix Antoine Tshisekedi, le président de la République, a abordé trois sujets : l’an I de l’alternance démocratique, son périple au Vatican, au Royaume-Uni et en Suisse, ainsi que sa position sur les réactions que ses propos devant la communauté congolaise à Londres ont provoquées. 

Sur la première année de son mandat en tant que président de la République, il a d’abord rendu grâce à Dieu qui a permis de franchir ce cap de la première année de cette alternance démocratique. Félix Antoine Tshisekedi souhaite que ce changement affecte les mentalités et la qualité de vie des Congolais. Il a ainsi rappelé aux membres du gouvernement « l’intensité des défis » auxquels il va falloir faire face dans tous les domaines, tout en soulignant qu’ils ne sont pas « insurmontables ». À ce propos, il a indiqué que « les défis façonnent les hommes ». 

Créer les conditions

D’où sa détermination sur le plan socio-économique à combattre la pauvreté et à créer les conditions pour l’augmentation des richesses en recherchant, pour ce faire, les ressources appropriées. Au cours de l’année 2020 qu’il a décrétée « Année de l’action », a-t-il déclaré la volonté affichée de changement devra se concrétiser. 

Faisant la revue de différentes séquences de son action à la tête du pays, Félix Antoine Tshisekedi a fait remarquer que la première phase, du 24 janvier au 5 septembre 2019, a été marquée par « sa volonté d’impulser sans tarder, avec l’accompagnement du gouvernement sortant, les travaux d’infrastructures (routes, ponts, habitats, écoles, etc.). Chiffrés à un montant initial de près de 400 millions de dollars, ces travaux d’infrastructures sont réalisés à près de 85 %. 

De même, il a fallu des actions urgentes de pacification du pays car la situation sécuritaire était très tendue. En effet, a-t-il indiqué, sans la paix, aucun développement n’est possible. 

L’an I de Fatshi est aussi marqué par le retour de la République démocratique du Congo sur la scène internationale. En témoignent les invitations reçues par le président de la République de partout dans le monde et l’afflux d’investisseurs étrangers vers le pays. 

Quant à la seconde phase de la première année de sa présidence, du 6 septembre 2019 au 24 janvier 2020, elle est celle de l’accompagnement de son projet de société par l’actuel gouvernement. D’après lui, plusieurs résultats sont à mettre à son actif, notamment la concrétisation de la gratuité de l’enseignement primaire, la pacification d’une  grande partie du pays, le retour de la coopération avec les institutions de Bretton-Wood, etc. 

En ce qui concerne la sécurité, Félix Antoine Tshisekedi est souligné sa décision de restaurer la paix dans l’Est du pays et de faire installer à Beni l’état-major avancé des Forces armées de la RDC. Il a donné des directives et des moyens nécessaires à cet effet. Depuis, il a été constaté que les FARDC sont en train de récupérer des terrains aux groupes armés qui écument cette partie du pays. Il a épinglé notamment l’arrestation du grand chef des milices ADF et la reprise de la localité de Madina.

Les réformes

Le président de la République s’est assigné l’objectif de doter l’État d’une armée  véritablement républicaine, d’une police professionnelle et motivée ainsi que des services de sécurité bien structurés. Il a redit sa volonté d’honorer ceux qui ont décidé de sacrifier leurs vies pour défendre la nation. Concernant la coexistence des communautés dans les hauts et moyens plateaux du Sud-Kivu, il s’engage à ne laisser personne instaurer des différences entre les Congolais dès lors qu’ils tiennent leur état de la constitution et des lois du pays. Félix Antoine Tshisekedi a invité ses compatriotes à prier pour l’unité et le progrès de leur pays. 

Par ailleurs, le président de la République a informé les membres du gouvernement de son voyage au Vatican, en Angleterre et en Suisse. Concernant l’étape du Saint-Siège, il a indiqué que c’est à l’invitation du Saint-Père, en vue de la ratification de l’accord-cadre entre la RDC et le Saint-Siège. À Londres, le président de la République a participé au Sommet UK-Afrique sur les investissements. 

C’était l’occasion de faire voir aux Britanniques les possibilités d’investissement en RDC, avec l’assurance d’une prospérité mutuelle inspirée par une coopération gagnant-gagnant. Félix Antoine Tshisekedi a indiqué qu’avec le Brexit et ses conséquences, la Grande-Bretagne a la possibilité de s’ouvrir à l’Afrique de manière plus audacieuse que par le passé, en raison de l’immensité du marché africain et de ses atouts. Dans cette optique, la RDC est un partenaire incontournable dans la sous-région. Plusieurs investissements y sont attendus de la part des Britanniques. 

Fini, la récréation !

À Davos, en Suisse, le président de la République a représenté le pays pour la première fois à ce grand forum économique mondial qui traitait de la crise et des aspects climatiques. Il y a pris la parole pour s’exprimer sur différents sujets dont les mines, la sécurité dans le monde, l’environnement, etc. 

Sur la polémique née de ses déclarations devant la communauté congolaise à Londres, Félix Antoine Tshisekedi a rappelé que c’est devenu coutume pour lui de s’adresser à la diaspora congolaise chaque fois qu’il en a l’occasion lors de ses voyages. Droit dans bottes, il a martelé qu’il ne laissera personne entraver, par diverses manœuvres, la concrétisation de l’aspiration du peuple congolais au changement. 

Donc, comme un rappel à l’ordre, il a prévenu qu’il n’hésitera pas à prendre ses responsabilités, dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles, en cas d’obstruction de son action, d’où qu’elle vienne, si on l’y pousse. Le président de la République a néanmoins invité tous à la retenue dans les propos, au respect des institutions et à la sincérité dans l’accomplissement de ses missions. 

Selon des proches collaborateurs, Félix Antoine Tshisekedi défendra bec et ongles les « chantiers » engagés depuis un an, et affiche sa volonté de donner une tonalité plus sociale aux réformes à venir pour tenir compte des attentes de la population. 

D’où d’ailleurs le face-face avec le public, un rendez-vous que d’aucuns souhaitent « annuel, humble mais résolu », laissent entendre ses collaborateurs du président. D’après eux, le président sait pertinemment bien qu’il ne peut pas tout, il sait qu’il ne réussira pas tout.  

L’an II intervient dans un contexte délicat pour l’exécutif, confronté à cette polémique née de déclarations présidentielles à Londres. Ce qui ravive les peurs, les colères accumulées pendant des années qui ont conduit le pays à ce choix de l’alternance. Elles n’ont pas disparu en une année. Normal que Félix Antoine Tshisekedi s’attache d’abord à défendre « les engagements pris » lors de la campagne électorale. « Ce que nous avons dit et promis, nous allons le faire », déclare Vital Kamerhe, son directeur de cabinet lors de son interview à l’émission Top Presse de la radio Top Congo, le samedi 25 janvier. 

Jusqu’à présent, la majorité des Congolais attendent. Depuis un an, les Congolais sont passés de l’espoir au doute même s’ils jugent « juste » la politique du président Tshisekedi. « Il faut qu’il soit au rendez-vous de ses promesses », commente un analyste politique. Pour la deuxième année, estime-t-il, Félix Antoine Tshisekedi doit fixer une double priorité: mieux « servir » les plus vulnérables tout en réduisant les dépenses de l’État. « Il lui faut des choix forts et courageux pour remettre beaucoup de choses à l’endroit », selon lui. 

En d’autres termes, le président de la République devra surtout consacrer une large place au social. Pour cette année, il faut « un nouveau contrat social » pour répondre aux problèmes de l’emploi, des retraites mais aussi de la relance économique. Bref, il faut un plan pauvreté.