Félix Tshisekedi a beau vouloir se poser en rassembleur

À quelque chose, malheur est parfois bon. Le décès de son père, Etienne Tshisekedi, l’a propulsé au devant de la scène politique de manière inattendue. Président du Rassemblement de l’Opposition à la quasi unanimité des composantes de la plateforme, et désigné comme candidat 1ER Ministre pour le compte du Rassemblement, Félix marque petit à petit son territoire.

Discrètement, il se fait recevoir par des chefs d’État du continent sous prétexte, officiellement, de recevoir les condoléances à la suite du décès de son père… Qui sont-ils, ses hommes de l’ombre ? Ceux qui lui dictent les faits et les gestes à poser, comme le font les coaches. Félix Tshisekedi est un des cinq enfants de l’homme politique de la République démocratique du Congo, Étienne Tshisekedi. Né en 1963, il a plus vécu à Bruxelles (Belgique) et est l’un des secrétaires nationaux de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS), le parti de son père, fondé le 15 février 1982. Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi a été nommé en 2008 secrétaire national chargé de l’extérieur à l’UDPS. En novembre 2011, il est élu député UDPS à Mbuji-Mayi mais n’a jamais siégé à l’Assemblée nationale. En octobre 2016, il est nommé secrétaire général adjoint de l’UDPS.

À la mort de son père en février, Félix Tshisekedi devient le président de l’UDPS. Un mois après, il a été désigné à la tête de l’opposition congolaise. Avec Pierre Lumbi, nommé président du comité des sages du Rassemblement, il aura pour tâche de relancer les discussions sur l’application de l’accord de cogestion signé avec le pouvoir en décembre 2016.

Mais cette « restructuration » n’est pas du goût de tous les membres.

Trois responsables de petits partis du Rassemblement qui, n’ayant pas accepté cette restructuration, ont quitté la réunion. À l’UDPS, le parti-phare du Rassemblement, un responsable a déclaré que « cette restructuration » était la conséquence de la « naïveté » et du « manque d’expérience politique » de Félix Tshisekedi.

D’âprès batailles à l’UDPS

Chez les Tshisekedi, on connaissait déjà le père, mais il faut désormais compter avec la mère, « Maman Marthe », bien décidée, selon ses détracteurs, à ce que son fils Félix devienne le nouveau patron de l’UDPS et 1ER Ministre. La situation interne à l’UDPS est à la confrontation : d’âpres batailles, comme entre 2007 et 2010, quand la maladie avait tenu le président de l’UDPS loin de la RDC, pour le contrôle du parti.

Depuis avril, Félix est à Kinshasa pour « redynamiser » l’UDPS, à la peine depuis la défaite à la présidentielle de 2011. Il tient à être présent, à reprendre les choses en main. « C’est un garçon qui a fait ses preuves dans le parti. Il en a gravi les échelons les uns après les autres, affirmait Jean-Joseph Mukendi, un cadre de l’UDPS.

Nul ne peut l’empêcher d’avoir des ambitions parce qu’il s’appelle Tshisekedi. » Pour Valentin Mubake, conseiller politique d’Etienne Tshisekedi, lui-même tombé en disgrâce pour avoir rencontré le président de la République, Joseph Kabila, dans le cadre de ses consultations pour relifter l’accord politique du 31 décembre 2016, tout se fera conformément aux statuts du parti. Mais Félix, 54 ans, sait que le terrain est glissant et qu’il lui faut avancer à petits pas.

Il en fait l’amère expérience avec la dissidence au sein du Rassemblement et à l’UDPS. Félix Tshisekedi a beau vouloir se poser en rassembleur, l’UDPS se retrouve une fois de plus au bord du précipice.