Feu le wax made in Congo

Les tissus en provenance de l’étranger dominent le marché congolais depuis plus d’une décennie. La femme congolaise n’a plus d’autre choix que de s’adapter

Une présentation de wax dans un magasin à Kinshasa.
Une présentation de wax dans un magasin à Kinshasa.

« Nos yeux voient,  mais notre attention est tournée ailleurs », s’exclame une vendeuse au marché central de Kinshasa. Elle n’est pas la seule à faire ce constat. Depuis plus d’une décennie, la Congolaise, qu’elle appartienne à la vieille ou à la nouvelle génération, s’habille en wax importé. Cette situation est la conséquence de la fermeture de la quasi-totalité des entreprises textiles qui faisaient la fierté du pays dans les années 1970 et 1980 comme Utexafrica, CPT-CPA, Sintexkin… Les wax made in Congo ont disparu de la circulation. Aujourd’hui, tout vient de Chine, d’Inde, de Côte d’Ivoire, du Ghana et des Pays-Bas.

Depuis plus d’une décennie, la Congolaise s’habille en pagne étranger à cause de la fermeture de la quasi-totalité des entreprises textiles qui faisaient la fierté du pays dans les années 1970 et 1980 comme Utexafrica, CPT-CPA, Sintexkin… Aujourd’hui, tout vient de la Chine, d’Inde, de Côte d’Ivoire, du Ghana et des Pays-Bas.

Dans la catégorie des produits réputés d’origine et de qualité supérieure, on trouve en premier la firme Vlisco avec, comme spécialités, le Super wax, le wax hollandais et le wax Java. Sa boutique huppée, située dans un coin stratégique, au centre-ville de Kinshasa, ainsi que son organisation interne, lui donnent un aspect classe. L’essentiel de sa clientèle se recrute parmi les femmes salariées, les femmes d’affaires et celles dont les maris ont un certain pouvoir d’achat et en mesure de leur offrir un Super wax au prix de 127 000 francs, ou un wax hollandais à 92 100 francs, ou encore le wax Java à 75 000 francs pour les 6 yards, équivalant à plus ou moins un mois de salaire d’un enseignant congolais. Dans ce registre classe, on trouve la maison Woodin, installée à Kinshasa depuis près de cinq ans. Ce magasin vend des wax en provenance, principalement, du Ghana et de Côte d’Ivoire. Là aussi les tissus sont d’origine et attirent toute femme qui veut s’habiller avec élégance, en tenant compte de son statut, de la griffe et de la qualité du tissu. Les prix des wax Woodin oscillent entre 31 000 francs, pour les 4 yards, et 50 000 francs pour les 6 yards. Chez Vlisco comme chez Woodin, l’ambiance est tellement calme que l’on se croirait dans un monastère. Le service est bien organisé à tous les niveaux, tandis que le choix des wax est facilité par des étals et des rayons à portée de main et une bonne présentation.

Pour le reste, les wax qui inondent le marché kinois sont de fabrication chinoise et indienne. Réputés bon marché, ils sont de premier, deuxième et troisième choix pour le même produit, et en 6, 4 et 2 yards. Ces produits sont à la portée de toutes les bourses, surtout des plus modestes.

Dans certains points de vente de ces wax d’origine asiatique, l’ambiance est festive. La musique, jouée à fond, sort des baffles placés juste à l’entrée des magasins dans lesquels résonne à tue-tête la voix des DJ qui cherchent à attirer l’attention des passants.

Quelques différences de prix ont été observées entretemps sur le marché pour un produit portant la même étiquette. C’est ainsi que le Super wax qui coûte 127 000 francs chez Vlisco est vendu ailleurs à 110 000 francs. Le Real wax, vendu à 12 500 francs dans certains magasins, est « soldé » à 10 000 francs dans d’autres. « Ces différences de prix constituent un signe indicateur de la qualité du wax que l’on désire acquérir. Il est regrettable que certains concurrents essayent de pirater les dessins des grandes marques dans la perspective de mieux vendre », explique un vendeur.

Le magasin Lambada a tout de même la particularité d’avoir une gamme variée de produits en vente à Kinshasa. On peut y retrouver, du moins par les noms, tous les wax jadis commercialisés par les sociétés textiles congolaises : Fancy, Attack, Top wax et Super Soso,  remis au goût du jour. Autre spécialité, des wax au design purement congolais commandés par des confessions religieuses. L’Église catholique y est très présente avec des wax baptisés Mama Légionnaire, Jubilé d’or Anuarite… L’Église protestante a son fameux pagne Moklisto adjali mwinda, sans oublier certaines Églises de réveil. Mais ces différents wax, quoique présentant un design congolais, sont imprimés en Asie et renvoyés à Kinshasa pour distribution et vente.