Face au taux de chômage qui peine à baisser, la jeunesse trouve un refuge dans la débrouillardise. Des jeunes affirment ne plus attendre une offre d’emploi structuré pour survivre. Ils se jettent dans les activités informelles.
«Rien n’est plus dramatique que des parents éduquent leurs enfants et les voient vieillir au chômage. C’est une bombe à retardement qu’il faut désamorcer.» Cette déclaration a été faite en janvier dernier, par Alioune Guèye, responsable du réseau des jeunes leaders d’Afrique et de la diaspora lors de la rencontre avec le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et l’Onusida. Ce constat partagé, au niveau africain, est aussi le lot quotidien de plusieurs jeunes congolais. Trouver un emploi décent en RDC, c’est la chose que la majorité estime délicate, après avoir accomplies les études universitaires. Dans un environnement où la mise en retraite des agents publics de l’Etat constitue encore un défi à relever, des jeunes diplômés n’attendent plus cette alternance de génération.
A Kinshasa, la plupart des jeunes se rabattent sur la vente de cartes de recharge des téléphones cellulaires. « Nous ne pouvons pas attendre que le gouvernement crée de l’emploi ou rende favorable le climat des affaires pour attirer le maximum des investisseurs étrangers. Par instinct de survie, nous tentons de débrouiller dans l’informel pour ne pas disparaître », déclare Gérard Paytiyo, un jeune vendeur des cartes prépayées à Delvaux, dans la commune de Ngaliema.
Pour Rachel, vendeuse des fruits « depuis l’âge de 18 ans », cette activité constitue sa seule source de revenus. « Je vends des fruits depuis onze ans et J’ai tenté d’autres petits métiers, mais cela n’a pas été un succès », a-t-elle déclaré.
Cette réalité est vécue, selon la rentabilité de l’activité, dans les différentes villes du pays. Au Katanga, il y a de nombreux cas des jeunes, et même des enfants creuseurs dans les mines artisanales. L’informel devient un gagne-pain pour plusieurs jeunes congolais issus de familles moins nanties.
Vivre sans une activité génératrice de revenus est trop dangereux, estime Trésor Landu, un diplômé de l’Université Pédagogique nationale (UPN). «Quand un jeune ne travaille pas, il est à la charge de sa famille. Il a envie de fonder une famille mais ne peut pas le faire. Il devient un aigri social et peut tomber dans le grand banditisme», a-t-il renchéri.
Cette situation de manque d’emplois chez les jeunes, reste partagée dans toute l’Afrique. «Sur 75 millions de jeunes chômeurs dans le monde, 38 millions sont en Afrique, soit un taux moyen de 10,3% sur le continent», avait indiqué Dramane Haïdara, directeur adjoint de l’Organisation internationale du travail (OIT). La jeunesse africaine forme plus de 40% de la population active du continent. Ces jeunes africains, chômeurs, sont âgés de 18 à 35 ans, selon l’OIT.