S’AGISSANT de cette dernière, Gécamines a conclu un accord pour racheter au groupe George Forrest l’usine de traitement des terrils de Lubumbashi (STL). Actuellement, cette usine est en cours de réparation et sera opérationnelle au cours du premier trimestre 2019, rassurent les dirigeants de Gécamines.
Quant à Kingamyambo, Gécamines a réalisé une étude de faisabilité économique en vue de la construction d’une nouvelle usine de traitement des rejets (potentiel certifié : 140 000 tonnes de cuivre et 32 000 tonnes de cobalt). La mobilisation des financements est en cours.
Concernant le projet Kamatanda, la mine située dans la périphérie de la ville de Likasi, est déjà en exploitation. Sa réserve est estimée à 200 000 tonnes de cuivre et 30 000 tonnes de cobalt. Une nouvelle unité de broyage-criblage a été installée sur le site de Kamatanda et sera pleinement opérationnelle incessamment, selon les mêmes sources.
Qui soulignent, à propos du projet Kambove, que le concentrateur (HMS) de la mine de Kamfundwa, à Kambove, fournit l’usine de Shituru en concentrés de cuivre et de cobalt. Une unité de lixiviation (extraction des principes solubles d’une substance par le lavage) en tas y a été adjointe afin d’améliorer la récupération globale des minerais.
Enfin, à Shituru, la salle d’électrolyse a été partiellement rénovée permettant une production annuelle dans des conditions modernes de 55 000 tonnes de cuivre. Une unité d’extraction par solvant (SX) a également été installée afin de produire un cuivre de meilleure qualité commerciale, poursuivent les mêmes sources. L’objectif est la suppression des décotes de qualité sur les cathodes produites.
Fabriquer les batteries
Dans le cadre de son programme de transformation, Gécamines entend se positionner comme « un opérateur minier performant et de premier rang ». Pour les dirigeants de l’entreprise, il s’agit de développer la nouvelle stratégie en matière de partenariats : accord pour une durée limitée, conception, construction et fonctionnement intégralement financés par le partenaire.
La stratégie prévoit également une plus grande implication des cadres de Gécamines dans le pilotage du projet ainsi que la récupération d’une entité de production moderne, après dix ans d’exploitation. L’exemple-type de cette stratégie est Deziwa. La Société Minière de Deziwa est le fruit du partenariat entre Gécamines et la firme chinoise Nonferrous Metal Mining (CNMC).
Deziwa représente plus de 1,5 million de tonnes de cuivre certifiées et 300 000 tonnes de cobalt avec un complément à venir de 2,5 millions de tonnes de cuivre, une fois que le gisement aura été certifié dans le cadre du partenariat.
Par ailleurs, Gécamines finalise actuellement un accord commercial avec un fabricant de batteries désireux d’assurer son approvisionnement en matière première, notamment le cobalt, indépendamment des fluctuations des cours des minerais. Toujours dans cette nouvelle vision concernant les nouveaux partenariats, Gécamines a conclu avec un grand groupe chinois spécialisé dans la production de batteries électriques un accord de partenariat pour un projet de partage de production basé sur les gisements de Kilamusembo et de Kingamyambo, près de Kolwezi. Ce projet représente un potentiel d’environ un million de tonnes de cuivre et 100 000 tonnes de cobalt.
Cap sur l’avenir
La production annuelle moyenne de Gécamines de ces trois dernières années est de 15 000 tonnes, pour le cuivre, et 250 tonnes, pour le cobalt. Pendant les cinq dernières années, la République démocratique du Congo a produit annuellement autour d’un million de tonnes de cuivre et 75 000 tonnes de cobalt, se propulsant ainsi au sommet des pays producteurs de cobalt, produit stratégique. Depuis 2017, les cours du cobalt ont explosé, atteignant jusqu’à 40 dollars la livre, soit 88 000 dollars la tonne. Les spécialistes notent qu’à long terme, les perspectives restent « prometteuses », compte tenu des innovations industrielles qu’offre le cobalt. Mais aussi d’autres métaux tels que le lithium, le tantale, le niobium que l’on trouve en RDC, et particulièrement dans certains périmètres de Gécamines, dont la zone stannifère encore green field.
Jacques Kamenga Tshimuanga, le directeur général de Gécamines, fait remarquer que cette tendance haussière des cours du cobalt, consécutive à l’essor industriel de nombreuses applications industrielles dont le cobalt est le composant essentiel, a conduit le gouvernement à « décréter le cobalt métal stratégique ».
Paradoxe : la production élevée, associée à des cours exceptionnellement hauts, surtout pour le cobalt, n’a malheureusement pas induit des revenus que l’État serait en droit d’attendre, en termes d’impôts et taxes. De même, Gécamines n’en a pas tiré profit, en tant qu’associée dans la plupart des joint-ventures minières conclus sur la base de ses gisements, pourtant, apport principal.
Selon le DG de Gécamines, les perspectives qu’offre le cobalt devraient pourtant permettre à l’État d’engranger des revenus substantiels nécessaires au développement du pays, par l’entremise de la Gécamines dont l’État congolais est l’unique actionnaire et qui dispose d’un potentiel de plus de 300 000 tonnes de cobalt dans ses différents périmètres miniers, mais aussi des autres entreprises privées opérant dans le secteur. Pour l’équipe dirigeante de la société, il y a « l’impérieuse nécessité » de poursuivre le programme de recherche et de prospection afin de mettre en évidence de nouvelles ressources géologiques.
C’est dans cette perspective que Gécamines se redéploye dans le Lualaba avec un outil industriel moderne. Plus de 60 % des réserves en cobalt de la RDC sont localisées dans cette province. Gécamines qui compte y faire son retour, va installer le premier complexe métallurgique moderne basé sur les rejets de Kingamyambo contenant 32 000 tonnes de cobalt et 141 000 tonnes de cuivre déjà certifiées. À terme, le complexe métallurgique produira par an 12 000 tonnes de cuivre et 2 200 tonnes de cobalt, avec un rendement de récupération autour de 70 % pour le cobalt.
Jacques Kamenga Tshimuanga explique : « Compte tenu de l’opportunité qu’offre le cobalt, la Gécamines a décidé de ne plus le considérer comme un produit fatal de la production du cuivre. Elle veut en devenir un grand producteur et vise, à moyen terme, de produire au moins 10 000 tonnes de cobalt par an. » D’aucuns ont pensé que la situation de Gécamines était « catastrophique et désespérée ».
Se remettre sur les bons rails
La situation de Gécamines reste préoccupante avec des problèmes d’organisation. « Nous sommes bien conscients d’être restés une entreprise du passé, avec une structure en décalage des standards industriels internationaux. Nous avons ainsi décidé de prendre le problème par les cornes en mettant en œuvre une transformation profonde de la Gécamines en la dotant d’une organisation moderne, plus décentralisée, basée sur une logique d’unités productives (Business Unit), responsabilisées et autonomes dans la majorité de leur gestion courante », fait savoir le DG.
Dans cette nouvelle configuration organisationnelle, la géologie a été élevée au niveau de direction et sera dotée des moyens techniques modernes pour mener rapidement à grande échelle la recherche en vue de mettre en évidence de nouvelles réserves géologiques, surtout celles de cobalt. Outre cette transformation en profondeur, poursuit Jacques Kamenga, Gécamines a décidé de ne conclure désormais que des partenariats innovants et gagnants-gagnants » basés, selon le cas, sur le principe CET (construction-exploitation- transfert) ou BOT (built-operate-transfer) ou encore de partage de production, à l’instar de la pratique courante dans l’industrie pétrolière.
Le résultat est d’ores et déjà appréciable, au regard du partenariat avec le groupe chinois CNMC, à Kolwezi, pour la construction en mode BOT d’une usine moderne d’une capacité annuelle de 80 000 tonnes de cuivre et 5 800 tonnes de cobalt. L’objectif est d’atteindre in fine une production de 200 000 tonnes de cuivre et 10 000 tonnes de cobalt par an. Cette usine deviendra la propriété pleine et entière de Gécamines au terme maximum de 10 ans, délai jugé, au terme des négociations, suffisant pour la récupération de l’investissement. Gécamines est décidée à tirer le meilleur profit de ses participations actuelles, en renégociant, dans un esprit d’équité, tous ses partenariats déjà constitués pour une migration vers des partenariats basés sur le partage de production, insiste Jacques Kamenga.