La mise sur pied de ce projet sera l’aboutissement d’un des objectifs clés de ce secteur. Il permettra également l’intégration du « genre » dans les politiques et programmes nationaux.
Le Programme de renforcement des capacités organisationnelles par l’octroi des bourses (Precob) initiée par la Coopération technique belge (CTB) est entré dans sa phase de mise en œuvre des formations locales. Lancé officiellement en janvier dernier, ce programme, financé à hauteur de 30 millions d’euros, est consacré à une série de formations managériales, au profit de hauts cadres des institutions et organisations des secteurs de concentration de la coopération belge au Congo. A la faveur de la deuxième vague de formations, organisée, fin août, à Kinshasa, les organisateurs ont annoncé la création en RDC d’une école nationale de formation en « genre ». A en croire Géneviève Inagosi Kassongo, ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, il s’agit d’un établissement, à l’instar des centres et écoles de formation relevant d’autres ministères, tel l’Ecole nationale des Finances (ENF), qui relève des attributions du ministère des Finances. La mise sur pied de ce centre de formation en « genre » à l’échelle nationale constitue l’aboutissement d’un des objectifs de la série de formations, dans le cadre du Precob. Ce besoin de formation avait été identifié lors d’un audit institutionnel et organisationnel initié par le ministère. Des partenaires financiers comme l’Union européenne, la Coopération technique belge, à travers le Precob, aident ainsi le ministère du genre à mettre en œuvre ce projet. A savoir, la nécessité du renforcement de capacités techniques et managériales des ressources humaines du même département. La première phase de formation initiale en genre s’est déroulée en janvier, dans la capitale. La seconde, organisée au Centre catholique Nganda, se veut « approfondie ». Elle vise notamment l’élaboration et la définition d’un plan d’action « genre » intégrant des activités concrètes, l’approfondissement de grands axes de la politique nationale « genre », l’intégration du « genre » dans les politiques et programmes nationaux de développement. Au sortir de la formation, cadres et responsables des directions normatives et ceux des services spécialisés devraient être mieux outillés, pour faire face aux difficultés liées à la gestion de la problématique du genre. Ceci, grâce à la connaissance appropriée de ses enjeux et de ses défis pour un pays, comme la RDC. La première phase de cette formation, qui a eu lieu, fin juin 2014, était animée par le Dr. Fatou Sarr Sow, directrice du laboratoire « Genre et Recherche scientifique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal). En RDC, les femmes constituent 53% de la population active et seulement 34 % de leurs activités sont reportées dans les comptes nationaux. Une enquête menée à Kinshasa, en 2005, dans le secteur informel révélait que les femmes travaillaient en moyenne 51,1 heures contre 48,3 heures pour les hommes, mais le revenu horaire moyen pour l’homme est de 407,5 francs contre 155,8 francs pour la femme (soit 38% du revenu des hommes). La prise en compte du genre dans les politiques, programmes et autres projets se révèle indispensable en vue de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Elle exige en amont une clarification des rôles et responsabilités des différents acteurs, notamment le gouvernement, l’Assemblée nationale, les agences internationales et les organisations de la société civile. Pour la RDC, l’intégration du genre dans les politiques et programmes suppose un engagement au plus haut niveau pour l’implication de l’ensemble des départements sectoriels dans la mise en œuvre de la stratégie « genre » nationale.
Genre : un concept confondu à la femme
La problématique du genre a été au centre d’une session de formation, dite initiale, organisée, début juin, à Kinshasa au bénéfice des cadres et experts du ministère du Genre, Famille et Enfant. Les participants à cette session ont mesuré les défis à relever par la RDC, en matière du genre. Ils concernent à la fois des aspects économiques, sociaux, juridiques, sécuritaires et de gouvernance. Pour les experts, le genre est un concept à la fois abstrait et opératoire. Concept abstrait : il appelle à une clarification, car il est parfois source de confusions. Par exemple, le genre ne signifie pas la femme. Utiliser les deux termes de manière interchangeable est conceptuellement erroné. Les concepts genre et femme sont délimités comme des concepts interdépendants mais distincts.
Le genre est un concept opératoire, puisqu’il permet d’établir la distinction entre le rôle biologique et le rôle social.