SELON ce communiqué, « cet apport de capitaux frais permet d’ores et déjà d’assurer la pérennité de l’activité et de l’emploi à moyen terme ». Par ailleurs, poursuit le même communiqué, « des initiatives complémentaires seront prises à court terme afin de dynamiser les ventes ». On retiendra utilement que cette acquisition s’inscrit dans un cadre privé. Et que Val-Saint-Lambert n’intègrera donc pas « le périmètre de consolidation » des sociétés du Groupe Forrest et demeurera indépendante de la société holding belge Groupe Forrest International (GFI SA).
Réagissant à cette acquisition, George A. Forrest a déclaré : « Je suis heureux d’acquérir Val-Saint-Lambert, une société de renommée mondiale, intimement liée à l’histoire de la Belgique, de la province de Liège et à la qualité extraordinaire de son artisanat. Comme dans l’ensemble de mes investissements, cette acquisition s’inscrit dans une réflexion de long terme, avec comme priorité la pérennité de l’activité et de l’emploi… »
La société Val-Saint-Lambert n’est plus à présenter. Pour rappel, les cristalleries du Val-Saint-Lambert ont été créées en 1826. De renommée internationale, son cristal est réputé pour être l’un des plus limpides du monde. Val-Saint-Lambert est célèbre pour son cristal doublé, coloré et taillé. La marque collabore régulièrement avec des designers internationaux célèbres, permettant ainsi de donner naissance à des œuvres contemporaines, témoins du savoir-faire ancestral de la cristallerie belge, souligne le communiqué du Groupe Forrest.
La saga des Forrest
En République démocratique du Congo, le Groupe Forrest est une légende. Une légende digne d’un conte de fée, tissée au fil des années de dur labeur. George A. Forrest qui en est aujourd’hui le Big Boss, est citoyen belge, mais résident à Lubumbashi. Il a été conseiller économique au Commerce extérieur du Royaume de Belgique jusqu’en 2012, et a été jusqu’en 2011, consul honoraire de la République française à Lubumbashi.
En 1986, il devient seul capitaine à bord, après avoir cogéré l’entreprise familiale pendant une quinzaine d’années avec son frère Victor. L’histoire de cette entreprise commence en 1922, avec le père. Un Néo-Zélandais d’origine. Comme la plupart des Occidentaux, à l’époque, M. Forrest se lance dans « l’aventure ». Encore mineur, le voilà, seul, en Afrique du Sud au début des années 1920, puis il débarque au Katanga, au Congo belge, dont il connaît très peu de choses, à l’exception de la croissance économique sans précédent que connaissait la colonie belge à l’époque. Le 22 février 1922, il crée alors une société de transport à Kolwezi, actuellement dans la province de Lualaba, dénommée « Entreprise Générale Malta Forrest » (EGMF).
Au fil des ans, l’entreprise recherche d’autres niches, notamment dans la construction et l’exploitation minière. EGMF est alors une entreprise de construction « réputée » et « respectée », aussi bien auprès des autorités du pays que des clients privés et institutions internationales diverses.
George Arthur confie qu’il est encore aujourd’hui convaincu que « de la diversification de ses métiers dépend la pérennité de l’entreprise ». D’autant plus qu’au début des années 1990, alors que le contexte n’augurait rien de bien rassurant pour l’avenir du pays à cause de l’instabilité politique et des pillages, et que nombre de patrons ou chefs entreprises quittaient le Zaïre et délocalisaient leurs activités, les Forrest, eux, n’ont jamais pensé un seul instant partir. « L’abandon de cette terre, qui m’a vu naître et grandir, la terre d’adoption de mon père qui, jamais, ne retourna en Nouvelle-Zélande, me semblait inacceptable. Mais je ne tenais pas non plus à subir et éventuellement, disparaître », déclare George A. Forrest.
L’ombre de la mère
Outre ses activités économiques, George Arthur Forrest a développé, via les Fondations Forrest, diverses initiatives en faveur des populations locales, notamment au Katanga et dans le Kongo-Central. En 2012, la Fondation George Arthur Forrest a été créée. Un de ses principaux objectifs, par des actions concrètes, est de participer au renforcement de la sécurité juridique et judiciaire des investissements privés en Afrique.
Parallèlement, elle promeut la transparence et l’éthique de ces mêmes investissements privés sur le continent. Indirectement, elle contribuera à redynamiser les relations, notamment économiques, entre l’Afrique et l’Europe. La Fondation George A. Forrest, en collaboration avec la Clinique Saint-Pierre de Bruxelles, finance l’introduction des techniques de laparoscopie à l’Hôpital Panzi où le Dr Mukwege soigne les femmes victimes de violences sexuelles.
Dans le domaine de la santé, la Fondation Rachel Forrest, du nom de la mère, soutient des hôpitaux, des centres de santé ou encore des dispensaires. GFI détient également le Centre Médical pour la Communauté (CMC) implanté à Lubumbashi et Kolwezi. Ce centre possède une clinique, la plus réputée et développée du Katanga, ainsi que des dispensaires et permanences de médecine du travail.
Aujourd’hui, la Fondation Rachel Forrest (FRF) est dirigée par Lydia, l’épouse de George A. Forrest. Basée à Lubumbashi, elle a réhabilité et entretient le zoo de Lubumbashi, premier zoo africain. Par l’entremise de l’Association des Amis du Zoo de Lubumbashi, elle offre à la population un lieu éducatif, sensibilisant l’ensemble des citoyens à la faune et à la flore de notre pays.
La FRF développe également des projets au bénéfice des populations locales dans des secteurs variés dont l’enseignement, la petite enfance, le sport, les infrastructures, la culture et l’environnement.
L’éducation est une priorité de la FRF. Par ses initiatives, la Fondation contribue à l’accès et à la qualité de l’enseignement pour des milliers d’enfants congolais et finance certaines écoles de manière régulière. Des soutiens ponctuels sont également accordés à des institutions pour divers types de projets, par exemple la construction de bibliothèques, de salles de classes ou encore de salles informatiques.
Par ailleurs, Lydia et George ont créé l’ASBL Dialogues et la Galerie d’Art Contemporain du Musée national de Lubumbashi. L’ASBL soutient les artistes congolais afin qu’ils puissent s’exprimer, présenter leur travail et en vivre.
De 2008 à 2012, en dépit de la crise économique mondiale, la Fondation a attribué aux projets qu’elle soutient plus de 8 millions de dollars.