DANS la ville de Goma et sa périphérie, il y a pas moins de 2 500 ONG établies, nous a-t-on confié. Le reportage que nous y avons commencé, se devait d’être poursuivi à Kinshasa pour, un complément d’enquête. Dans la première partie de notre reportage, nous nous sommes arrêtés à la signature de la lettre d’intention, datée du 14 mai 2018, dans laquelle la REGIDESO et Mercy Corps s’engagent à ce que le contrat de collaboration pour l’exploitation des bornes fontaines dans la ville de Goma soit signé au plus tard le 30 juin 2018, afin de permettre le démarrage opérationnel en août de la même année. Voilà comment la société Congo Maji a-t-elle été créée ?
Jusque-là, tout paraît normal. Des sources à Kinshasa confient que malgré ses réticences et même celles de l’autorité provinciale, la REGIDESO et Mercy Corps ont fini par signer la lettre d’intention. Malheureusement, nous ne saurons pas plus sur comment cette lettre a été signée.
Cependant, nous avons appris qu’en dépit de l’approbation de l’offre spontanée ainsi que de la signature de la lettre d’intention, Mercy Corps était en face des interlocuteurs (REGIDESO et autorité provinciale) qui ne montraient pas le voyant vert de confiance. C’est ainsi qu’avant même de s’engager pour un contrat de collaboration avec Mercy Corps, la REGIDESO exige d’abord les preuves des infrastructures, de gestion transparente, mais surtout les preuves des fonds. Comme en témoigne la lettre LP04/06/MC-RDC/2018 de Mercy Corps, datée du 20 août 2018, destinée à Clément Mubiayi Nkashama, le directeur général de la REGIDESO à Kinshasa, avec copie à Jean-Pierre Engau, le secrétaire général de la REGIDESO, et à Papy Byamungu Saïdi, le directeur gérant de la société Congo Maji Sarl. Objet : transmission des informations complémentaires « Dévolution des droits et obligations de Mercy Corps Europe à la société Congo Maji Sarl, pour approbation de la REGIDESO ».
Pour le compte de Mercy Corps/Europe, Jean-Philippe Marcoux, le directeur national de Mercy Corps/RDC, écrit : « Nous avons l’honneur de donner suite à votre lettre du 27 juin 2018 référencée DG/SG/181/El/bk ainsi qu’à l’une des résolutions du 30 juillet 2018 de la réunion d’actualisation du planning de mise en œuvre du contrat de collaboration entre Congo Maji Sarl et la REGIDESO dans lesquelles vous constatez qu’il manque un élément charnière dans le dossier vous transmis par Mercy Corps par sa lettre LP02/06-RDC/2018 du 15 juin 2018… » Et de poursuivre : « Vous demandez, en effet, la preuve formelle de la dévolution officielle des droits et obligations de Mercy Corps à Congo Maji Sarl. Par ce courrier, nous sommes heureux de vous transmettre le protocole d’accord signé entre Mercy Corps Europe et l’entreprise Congo Maji Sarl qui établit la dévolution des droits et obligations du premier au dernier dans le cadre de la composante ‘Fourniture de service’ du Programme Imagine. Ce protocole inclut en ses annexes le budget nécessaire à Congo Maji Sarl (selon le modèle financier) ainsi que pour soutenir les autres activités d’accompagnement.
Enfin, Jean-Philippe Marcoux conclut : « En soumettant ces informations ces informations complémentaires, dans le délai et selon votre demande, nous espérons pouvoir nous rencontrer ce 31 août 2018 pour vivre cette première étape dans la collaboration entre votre institution et Congo Maji que nous souhaitons longue et gagnant-gagnant… »
Avant de parler de Congo Maji Sarl et de son protocole d’accord avec Mercy Corps, il convient de rappeler qu’en date du 26 juin 2018, Anselme Kitakya, alors ministre provincial (Nord-Kivu) des Ressources hydrauliques et Électricité, des Mines, des Hydrocarbures, de l’Industrie et des PME, avait transmis la lettre d’intention et la note de concept pour la proposition d’un contrat de collaboration entre la REGIDESO et Mercy Corps pour « l’exécution des activités commerciales et éventuellement la gestion technique d’une partie du réseau de distribution de la ville de Goma… », au directeur général de la REGIDESO. C’est « sur instruction de Son Excellence Monsieur le Gouverneur de la province du Nord-Kivu », qu’il lui transmettait ces documents.