Accusé, début 2013, par des éditeurs de la presse française de se faire de l’argent sur leur dos par le biais de Google News, le géant américain a négocié et obtenu un accord financier à l’amiable.
Après d’âpres négociations avec l’Association de la presse d’information politique et générale (AIPG), Google a déboursé la somme de soixante millions d’euros, sur trois ans, pour soutenir l’innovation dans la presse française. Ce fonds a donné naissance, en 2013, à un dispositif nommé Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP). Le principe de celui-ci est de financer un projet initié par un média à hauteur de 60% au maximum, les quarante % restants étant à la charge du média.
En 2013 et 2014, le FINP a financé une vingtaine des projets en France pour un montant de 15 millions d’euros par an. Ce fonds restera actif jusqu’au début de l’année 2016.
Un nouveau fonds d’aide à la presse
En dépit de ses efforts envers la presse française, Google affronte de nombreuses accusations. Dans un premier temps, le parlement européen avait voté, en novembre 2014, une résolution non contraignante à son encontre. La résolution appelait la Commission européenne à « envisager des propositions afin de séparer le moteur de recherche Google des autres services commerciaux ». Par la suite, la Commission s’est attaquée en avril 2015 à Google, l’accusant de violer les règles européennes en matière d’entente et d’abus de position dominante.
Placé sous le coup de la procédure pour abus de position dominante par Bruxelles, Google a réussi à trouver un terrain d’entente avec certains médias européens en annonçant le lancement d’un fonds pour soutenir le journalisme en ligne, « un journalisme de qualité par la technologie et l’innovation ».
Le géant américain a plié aux exigences des éditeurs européens et s’est donc allié à eux. Les heureux partenaires ont pour titres Les Echos (France), The Guardian et The Financial Times (Royaume-Uni), la Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit (Allemagne), NRC Media (Pays-Bas), El Pais (Espagne) et La Stampa (Italie).
En dehors de ces éditeurs, Google s’associe à des organisations telles que l’European Journalism Center et le Global Editors Network ou l’International News Media Association. Baptisé Digital news initiative (DNI) ou Initiative pour le journalisme numérique, ce nouveau dispositif qui pèse 150 millions d’euros, est destiné à remplacer le FNIP dans les prochains mois.
150 millions d’euros sur trois ans
Le Digital news initiative s’articulera sur trois axes : le développement des produits, le soutien à l’innovation, la formation et la recherche. Google précise aussi que ce nouvel outil pourra être rejoint par d’autres éditeurs européens en cours de route. Au finish, Google et les éditeurs « mettront en place un groupe de travail pour accroître le revenu, le trafic et le degré d’engagement des lecteurs sur internet », explique dans son communiqué, le géant de la Sillicon Valley.
Afin de soutenir l’innovation, Google mettra alors à disposition 150 millions d’euros pour les projets mettant en avant des idées nouvelles dans la pratique du journalisme numérique durant une période de trois ans.
Enfin, pour la recherche et la formation, le moteur de recherche va notamment proposer aux médias, d’une part, des développeurs dédiés basés à Paris, à Hambourg et à Londres pour travailler avec les salles de rédaction et, d’autre part, des ressources et des outils en ligne repensés pour les journalistes.
Carlo D’Assaro Biondo, le patron des partenariats stratégiques du groupe en Europe cité par Le Monde, a déclaré devant les patrons des médias réunis lors d’une conférence organisée par le Financial Times sur le numérique à Londres, que « Google a toujours souhaité être l’ami et le partenaire de l’industrie des médias ». Selon lui, la relation de Google avec cette industrie a été incomprise au fil des ans. « Nous voulons jouer un rôle dans le combat commun pour trouver des modèles plus durables pour les médias », a-t-il affirmé.
La présente initiative ne vise pas, pour Google, à régler tous les problèmes dans le monde des médias, a encore réaffirmé Biondo : « mais je suis sûr que nous réussirons mieux si le journalisme et la technologie travaillent ensemble plutôt que séparément ».