Grand Inga est en voie de devenir une entité autonome

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

C’est une avancée significative. Le complexe hydroélectrique d’Inga va devenir une entité autonome. Le gouvernement va déposer très prochainement au Parlement un projet de loi dans ce sens. C’est une nécessité face au contexte et aux enjeux du moment, fait comprendre un expert proche du dossier, la RDC veut garder la main sur ce complexe dont le développement dépend des investisseurs. En 2013, la RDC et l’Afrique du Sud ont signé un accord sur le projet Grand Inga. Selon cet arrangement, la RDC vend à l’Afrique du Sud 2 500 MW sur les 4 800 à produire. Le reste, soit 2 300 MW, est destiné à la RDC.

Selon le chargé de mission à l’Agence de développement et de promotion du projet Grand Inga (ADPI), Bruno Kapandji, ancien ministre de l’Énergie, toutes les structures techniques et opérationnelles entre les deux États sont aujourd’hui mises en place. Et c’est l’ADPI qui va gérer tout le processus. La mise en œuvre du développement sur le projet Grand Inga par l’ADPI est le signe que l’Afrique du Sud et de la RDC veulent avoir le leadership (conjoint) sur ce grand projet panafricain. En avril 2008, des experts des 7 gouvernements africains et des représentants des grandes banques mondiales et des firmes de construction se sont réunis à Londres. Il était question de planifier la construction du plus grand barrage hydroélectrique jamais construit dans le monde. Ce barrage devrait coûter 80 milliards de dollars et pourrait alimenter des pays comme l’Afrique du Sud.

Les travaux de construction du Grand Inga devaient débuter en 2015 et la centrale devra entrer en service à partir de 2020. Les pays les plus industrialisés du monde soutiennent ce projet. D’autant plus que pour développer un pays, il n’y a pas meilleur moyen que la disponibilité d’une énergie à la fois abondante, de qualité et bon marché. L’énergie est l’un des catalyseurs les plus déterminants, à côté des infrastructures de transport, pour la transformation d’un pays. Des experts notent que l’électricité facilite l’industrialisation. Les exemples sont légion. Autour de nous, l’Afrique du Sud, la nation la plus industrialisée du continent, produit 44 175 MW pour une population de 51 millions d’habitants. Le Nigéria, la nation la plus peuplée du continent, produit environ 3 200 MW.

Les mêmes experts ajoutent que l’industrie nationale ne peut pas être compétitive sur le marché international si l’énergie constitue une part importante des coûts de production. Autrement dit, on achètera nos matières premières, pour les raffiner en Asie ou en Europe et nous revendre les produits transformés. La Banque mondiale estime, elle aussi, qu’une production énergétique fiable est essentielle à l’industrialisation. L’insuffisance de la production hydroélectrique est l’une des causes du déficit énergétique en RDC. L’offre est largement inférieure à la demande qui ne cesse de croître.

La demande en électricité a été accentuée par le boom minier dans l’ex-Katanga. Les minings pointent la pénurie d’électricité comme le principal obstacle à l’expansion de l’industrie minière. Dans l’immédiat, pas moins de 1 000 MW manqueraient au secteur minier pour produire davantage les métaux de base (cuivre, cobalt, zinc…). Disposant de leviers de lever de fonds importants, les entreprises minières contribuent largement à la modernisation des infrastructures énergétiques…

Il faut des investissements colossaux pour que la Société nationale d’électricité (SNEL) rattrape son retard car l’électricité est aussi un outil de lutte contre la pauvreté. Avec une production électrique stable, les usines tournent à plein régime, l’approvisionnement en eau est fiable, la bureaucratie plus efficace…

Le rôle majeur de la RDC a été récemment réaffirmé à la 17è session du Pool énergétique de l’Afrique centrale qui tenait réunion à Bangui en Centrafrique. Le potentiel hydroélectrique congolais est estimé à 100 000 MW, soit 13 % du potentiel mondial ,et 37 % du potentiel africain, dont 44 000 MW concentrés au niveau du seul site d’Inga. La relance du secteur de l’énergie électrique est une priorité absolue pour le gouvernement car elle constitue la clé de voûte du développement économique et industriel du pays et aussi des pays voisins. Parmi les objectifs à atteindre, il est question d’accroître le potentiel de l’exportation du pays, en développant de nouvelles lignes et/ou en renforçant les réseaux d’interconnexion électrique existants avec les pays voisins, dont la SAPP (South African Power Pool) financée par la Banque mondiale.