Plus de 1 700 morts. C’est le décompte macabre fait par les autorités camerounaises à la suite de l’explosion dans la nuit du 21 août 1986. Situé dans une région montagneuse du Nord-Ouest du Cameroun, le lac Nyos libère à cette occasion plus d’1 km³ de gaz carbonique dans l’air. La dispersion du gaz toxique dans les vallées environnantes provoque non seulement des pertes en vies humaines mais elle décime le bétail des villages alentours dans un rayon de plus de 15 km. Cette tragédie marquera durablement la région et ses habitants pendant de nombreuses années. C’est à la suite de cette catastrophe que le gouvernement et ses principaux partenaires, dont l’Union européenne, s’engagent dans des projets de sécurisation et de viabilisation des alentours du lac. L’objectif sera d’éloigner durablement le risque d’une nouvelle explosion et de rassurer les habitants de la région en évacuant progressivement le gaz enfoui au fond du lac. Un système de dégazage artificiel a été installé depuis 2001 et fait l’objet d’un suivi attentif.
Près de 30 ans après ce drame, la localité de Nyos est toujours considérée comme une zone à haut risque par les autorités, malgré plusieurs mesures de sécurisation prises à cet effet. Entre 2010 et 2014, l’Union européenne a injecté plus de 14 millions d’euros, permettant le lancement de travaux de renforcement du barrage du lac, l’aménagement de la voie d’accès au site et l’accompagnement à la réinstallation des populations. Cette initiative a bénéficié à 10 000 personnes. En renforçant le barrage naturel du lac, l’objectif est d’éliminer les risques liés à sa rupture éventuelle. C’est ce barrage naturel qui retient les eaux du lac. Par ailleurs, le Cameroun a entrepris un vaste programme de dégazage du lac. À ce jour, les spécialistes s’accordent à dire qu’on ne peut pas parler de zone sécurisée pour le moment tant que le gaz est entier dans le lac. Parmi les causes de l’explosion de gaz à l’origine de la catastrophe, on a évoqué plusieurs paramètres comme les tremblements de terre, les glissements de terrain et d’autres phénomènes climatiques susceptibles de déclencher ce type de phénomène. Pour conjurer une nouvelle menace, on a installé une colonne équipée de vannes sous l’eau et en surface. Des capteurs permettent de mesurer certains paramètres parmi lesquels le débit et la pression. Deux systèmes de surveillance ont été installés sur place pour la transmission des données.
Le lac Nyos a une très grande profondeur, 210 m, 2 km de longueur et 1 km de large. Ce lac est particulier dans la mesure où il est stratifié, ses eaux constituent des couches. Ces eaux ne se mélangent pas, ce qui augmente le danger. Le gaz stocké au fond du lac devrait normalement remonter à la surface et s’échapper sans problème. Mais comme le lac est stratifié, le gaz qui vient du lac reste piégé au fond et la pression monte.
Le CO2 est plus lourd que l’air. Lorsqu’il est libéré en grande quantité, il agit comme un vaste nuage plus dense que l’air. Il devient mortel parce que l’oxygène manquait. Trois lacs de ce type ont été repéré en Afrique et sous la même latitude : les lacs Monoun et Nyos au Cameroun. L’autre c’est le lac Kivu qui contient plus de gaz que le Nyos. Mais il est beaucoup plus profond, 485 m de profondeur.