Il y a 45 ans disparaissait Joseph Kasa-Vubu, premier Président de la RDC et symbole de l’intégrité

Il est le Président le plus malheureux de la RDC. A ses 45 ans de disparition (24 mars 1969 – 24 mars) 2014, aucune trompette, aucun discours, aucune manifestation officielle. Pourtant les témoignages des grands de cette République lui octroi la sagesse, l’intégrité, la transparence dans la gestion des biens de l’Etat. « Il remettait même les 100 francs dans le trésor public, reliquat de ses frais de mission », a-t-on appris de ceux-là même qui ont vécu avec lui. Mais pourquoi alors cette méfiance envers un homme d’une aussi grande importance, un des modèles de la bonne gouvernance du pays. La réponse reste secret.

C’est le 29 juin à l’occasion du cinquantenaire de la RDC que les monuments de Joseph Kasavubu à Kinshasa et de Moïse Tshombé au Katanga seront inaugurés. Est-ce une malheureuse coïncidence ? En réalité, l’homme ne mérite pas ce traitement, même après sa disparition. « « Est-ce de cette manière là qu’on peut rendre hommage au premier président de la RDC ?», s’interroge un habitant de Kinshasa, abordé par Business et Finances.

Quand il pleut, l’eau entre jusqu’au niveau du centre de la tombe, là où repose le premier président de la RDC
décrit le député

Son mausolée construit de justesse en 2006 au Bas-Congo est abandonnée à son triste sort. Situé au village Singhini, à 215 km de Matadi, il est actuellement très délabré. D’où l’interpellation de la société civile de cette province auprès du gouvernement pour sa réhabilitation. Jérôme Mayala, membre de la société civile de Tshela, affirme que le toit de cet édifice est troué, laissant entrer l’eau de pluie. Le député national Albert Fabrice Puela, qui revient du Bas-Congo, indique que la route menant à ce site s’est également fortement dégradée. « A quoi sert ce mausolée lorsqu’on ne sait pas y accéder? A 12 kilomètres seulement de la cité de Tshela, est inaccessible dans la forêt où il n’y a ni électricité, ni garde, ni drapeau, ni toilettes. « Quand il pleut, l’eau entre jusqu’au niveau du centre de la tombe, là où repose le premier président de la RDC », décrit le député. Et ses enfants, sa famille, ses amis,s ses collègues du parti, ABAKO, où se sont-ils cachés pour laisser pourrir autant cette situation?

Juste quelques manifestations en sourdine qui ont eu lieu au Bas-Congo et à Kinshasa pour célébrer cet anniversaire. Dans tous les territoires et villes de sa province natale, on s’est rabattu sur des cultes œcuméniques alors qu’à Kinshasa, une poignée des partis politiques dont l’Alliance des bâtisseurs du Kongo (Abako) ont déposé des gerbes de fleurs devant le monument de l’ancien président érigé dans la commune qui porte son nom. «Ils pouvaient bien organiser une excursion dans la province du Bas-Congo pour un « salongo » productif autour du mausolée qui s’effondre», a fait remarquer ce KInois.

Associés à l’Abako, d’autres partis politiques dont l’Union pour la nation congolaise (UNC) et la Plateforme « Sauvons le Congo » n’ont fait que des déclarations d’intention durant l’hommage sans action concrète. « Tous les historiens de bonne foi s’accordent sur le fait que le véritable, le vrai père de l’indépendance de ce pays c’est Joseph Kasa-Vubu, ce père de la bonne gouvernance et de la démocratie fédéraliste. Alors, il est grand temps qu’il recouvre sa place dans la mémoire collective de ce pays », a déclaré docteur Pierre Anatole Matusuila.

Pour sa part, le secrétaire général de l’UNC, Bertrand Ewanga, a invité les Congolais à se rappeler les valeurs défendues par Joseph Kasa-Vubu. « Sa mémoire doit être une interpellation pour nous. Et tant que nous ne retrouverons pas les traces de Kasa-Vubu dans l’amour de la nation, la gestion du pays, nous tournerons comme les enfants d’Israël dans le désert », a-t-il soutenu. Martin Fayulu s’est limité au même appel. « Est-ce que nous assumons son héritage : la cohésion nationale et l’intégrité ? », s’est-il interrogé.

Au Bas Congo, le crédo n’est pas allé loin. Les membres du gouvernement provincial ainsi que ceux de l’Association Œuvres du président Kasa-Vubu et des partisans de l’Abako, parti que l’ancien chef de l’Etat congolais avait dirigé, ne se sont même pas rendus à ce mausolée pourtant si près d’eux. Rien que des messes organisées dans des paroisses .

Biographie

Né à Dizi près de Tshela dans le Mayombe (Bas-Congo). D’après le témoignage de ses condisciples et des missionnaires de Scheut ayant eu Joseph Kasa-Vubu pour élève, son année de naissance se situerait en 1915. Étudiant au petit-séminaire de Mbata-Kiela, il est jugé trop indépendant pour devenir prêtre, il est alors invité à poursuivre la scolarité normale, s’orientant vers la philosophie. S’estimant insuffisamment payé pour son niveau d’instruction, il abandonne la carrière d’enseignant, et devient employé dans la société Agrifor pour ensuite devenir en 1942, aide-comptable au service des Finances du Gouvernement colonial.

À Léopoldville, plus tard capitale du Congo, il subit les influences parfois divergentes de divers groupes d’évolués congolais originaires de diverses provinces. Il se fera connaître en tant que dirigeant de l’organisation kongo ABAKO. En 1958, il devient bourgmestre de Dendale (aujourd’hui commune de Kasa-Vubu). Lorsque le pays devient indépendant (30 juin 1960), il devient le premier président de la République du Congo.

Après avoir été évincé par le coup d’État politique de son Maréchal Joseph Mobutu en 1965, il fut astreint à résidence par ce dernier et mourut de manque de soins en 1969 dans sa résidence surveillée de Kisundi, situé à Boma, dans le Bas-Congo.