Les partenaires financiers de la République démocratique du Congo comptent en toute urgence mobiliser 26 millions de dollars pour venir en aide aux populations déplacées et victimes de conflits armés dans la partie est du pays. Pourtant 20 millions de dollars ont été décaissés par les bailleurs pour la même cause et pour les mêmes zones. Ces fonds ont été mis à la disposition des ONG sous la houlette du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Le résultat est plutôt mitigé. Selon la Revue annuelle conjointe 2016 PNUD-RDC, le Projet Moyens d’existence durables (MED) compte parmi les trois composantes de Croissance inclusive et développement durable (CIDD), financé à près de 20 millions de dollars. Parmi les projets propres aux MED, il y a, par exemple, le Programme d’appui au secteur de micro-finance (PASMIF), financé par la Belgique et la Suède à hauteur de 12,2 millions de dollars. Le projet a été exécuté par des institutions de microfinance et une COOPEC (Coopérative d’épargne et de crédit) que la Revue ne cite pas nommément ainsi que des ONG ci-après : FPM, APROCEC et ANIMF.
Si le PNUD se félicite du fait que le nombre de clients des institutions de microfinance a augmenté de 133 %, entre 2011 et 2015, force est de constater cependant que dans l’Est, des institutions de microfinance sont quasiment toutes au bord de la faillite, à commencer par le mastodonte MECRECO. Quelque 3,6 millions de dollars ont été engagés toujours dans le cadre du projet MED au Projet intégré de stabilisation du Nord Kalehe, au Sud-Kivu. Pourtant, la région est redevenue aussi fragile qu’il y a 20 ans. Le projet a été mené avec le partenariat des ministères du Développement rural, de l’Agriculture, des Affaires sociales et du Genre. Et les ONG qui l’ont exécuté sont APC, ADMR, AVUDS, IDHE et ACODEPA. Il y a naturellement la sempiternelle lutte contre le VIH-Sida, chère au PNUD pour laquelle plus de 145 000 dollars ont déjà été dépensés sur les 185 000 disponibles. Le PNUD, le Programme national multisectoriel de lutte contre le sida (PNMLS) ainsi que les ministères de la Santé publique et de la Justice exécutent ce projet. Au dernier résultat, 22 905 personnes se sont fait dépister…. volontairement ! Il y a aussi le Projet Initiative Energie durable pour tous exécuté par les ministères en charge de l’Énergie et de l’Environnement avec un budget de 252 000 dollars. Il n’en reste que 12 petits mille dollars.
L’énergie est et demeure pourtant le maillon faible qui empêche le développement de la RDC. À chaque rapport de Doing Business, la RDC perd de précieux points à cause de la question énergétique et se retrouve par conséquent dans la queue du peloton du hit de la Banque mondiale.
Appuis japonais
Le Japon est aussi venu à la rescousse du Projet MED avec plus de 14,1 millions des dollars, dont 3 millions pour le Projet Réponse rapide pour la stabilisation et la réintégration des communautés affectées par les conflits en territoire de Kungu dans le Sud-Ubangi. Plus de 50 % du budget ont déjà été décaissés pour ce projet exécuté – sous la direction des ministères du Développement rural, de l’Agriculture, de l’Intérieur et de la Justice – par des ONG ci-après : AIDES, AUDR, IPR, PRODIP. Sur terrain, la région est marquée par la pauvreté et une crise alimentaire récurrente. Autre projet exécuté par les ONG ALPM, AP et CISSOPA sous la direction, entre autres, du ministère de la Jeunesse (Sports) et de l’Enseignement primaire, porte sur la réintégration des ex-enfants soldats en territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Résultat en dessous de la moyenne, de l’avis des observateurs sur terrain. Le recrutement des enfants à des fins militaires demeure comme une hydre de Lerne dans la région. Ce projet a pourtant été réparti en deux phases pour plus de 6,8 millions de dollars. Le Projet Réponse rapide pour la cohésion sociale et le relèvement économique dans le Sud-Kivu, plus précisément dans l’île d’Idjwi et à Irumu et Mambasa, dans la province de l’Ituri, dispose d’un budget de 2,3 millions de dollars. Caritas, FOCIDI, ADMR, AVUDS, CPR, PADEBU, etc., comptent parmi les ONG qui devaient l’exécuter en 2016. Plus du tiers du budget a été décaissé selon la Revue annuelle PNUD-RDC… en quelle période ? Le PNUD ne le dit pas. Voilà qui n’exclut pas que les animateurs de principaux ministères partenaires de ces différents projets ne se mettent à les exécuter à la va-vite pour tout vider du budget.