Les uns sont peut-être nés avec une cuillère en argent dans la bouche. Les autres ont bénéficié du coup de pouce de leur famille ou de la belle-famille, mais d’autres tissent, tout seuls, leurs toiles.
Moïse Katumbi Chapwe illustre à sa manière la réalité du rêve américain. Né en 1964, il est le fils d’un émigré grec, Nissim Soriano qui s’était installé au près du Lac Moero au Katanga et proche de la frontière avec la Zambie. Nissim Soriano y prospéra grâce à son commerce de poisson. Moïse Katumbi fut ses études primaires au lycée Kiwele de Lubumbashi et ses études secondaires pédagogiques chez les pères catholiques de Kapolowe. Après ses études, il devint le gérant des établissements de son frère aîné, Raphaël Katebe Katoto, qui approvisionnait en poissons la Gécamines et les marchés des grandes villes du Shaba. Agé d’à peine 17 ans, Moïse Katumbi créa sa première société active dans la pêche dans le Lac Moero. Son commerce s’étendit également en Zambie et se diversifie : transport, commerce, approvisionnement alimentaire. Il créa, en 1987, l’Établissement Katumbi qui regroupe ses activités : commerce, agro-alimentaire, mines et transport.
En 1997, il créa la société Mining Company Katanga (MCK) qui récupéra 80% des activités d’exploitation du cuivre et du cobalt de la Gécamines. MCK a été vendue, en novembre 2015, à la société française Necotrans. Moïse Katumbi fut contraint, en 1997, à l’exil en Zambie, puis en Afrique du Sud, par le nouveau régime, celui de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), qui venait de s’installer au pouvoir à Kinshasa sous la houlette de Laurent-Désiré Kabila, le tombeur de Mobutu. Moïse Katumbi se sentit en insécurité après qu’un dossier de justice a été réchauffé, et dans lequel il était accusé de meurtre d’un homme d’affaires grec à Lubumbashi. En Zambie, il apprit l’anglais et suivit une formation en gestion. Moïse Katumbi travailla notamment dans le commerce d’émeraudes et noua des liens étroits avec feu le président Frederick Chiluba. L’ancien président zambien fut condamné, en 2007, par un tribunal britannique pour avoir détourné 46 millions de dollars de fonds publics. Katumbi fuit la Zambie parce que recherché par la justice zambienne. Après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, en 2001, Joseph Kabila lui succéda au pouvoir. En 2003, il donna son quitus pour le retour au pays de Katumbi, qui aurait tout orchestré. Depuis son retour d’exil en Afrique du Sud, Moïse Katumbi a bâti sa fortune grâce aux mines et au transport. Il contrôlerait aujourd’hui sept chaînes de télévision.