LE PROJET a été repris dans le cahier des actions à mener par le ministère des Ressources hydrauliques et de l’Énergie, dans le sous-secteur d’électricité, parmi tant d’autres projets comme la remise en l’état du groupe I de la centrale de la Tshopo (Kisangani), l’implantation d’un transformateur au répartiteur Centre à Likasi afin d’augmenter la desserte en électricité, la construction des microcentrales électriques dans le Sud-Kivu, etc. Pour ce qui est de l’énergie thermique, la Société nationale d’électricité (SNEL) exploite 36 centrales thermiques. Une dizaine d’autres centrales thermiques appartiennent aux privés.
Longtemps à l’abandon, la centrale thermique de Kananga, elle, a été réhabilitée en un temps record, en 2017, à la faveur du séjour de Joseph Kabila Kabange, alors chef de l’État, dans la ville. Il se rapporte que cette centrale a été fallacieusement déclarée « vétuste et détériorée » pour pousser les Kanangais à s’abonner auprès de l’Enerka, une entreprise privée dont l’ex-Gouv’ Kande Mupompa serait actionnaire.
Quid de Katende?
Rien n’a été prévu pour le projet Katende dans le cadre budgétaire à moyen terme 2020-2022. En 2017 déjà, sur une prévision budgétaire du secteur énergétique de 368 780 692 543 FC, soit 3 % du budget général, le gouvernement avait prévu d’engager un montant de 5 800 000 000 FC comme sa contrepartie aux projets Kakobola et Katende. Hélas, aucune avancée significative n’a été notée sur l’un ou l’autre projet. En 2018, les experts du ministère des Ressources hydrauliques et de l’Énergie révéleront que les travaux de construction de la centrale de Katende sont à l’arrêt, faute de la contrepartie attendue du gouvernement congolais.
Le projet nécessite 10 millions de dollars. Dans leur rapport sur la loi de finances 2019, les organisations de la société civile travaillant sous la supervision du Réseau Gouvernance Économique et Démocratie (REGED) et la co-coordination de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), ont alors sollicité du Parlement la révision à la hausse du budget du secteur de l’énergie qui représente 1,8 % du budget général du pouvoir central. Le budget 2019 prévoit, en effet, des dépenses de l’ordre de 181 362 581 120 FC, soit 103 766 210 dollars au taux budgétaire de 1 747,8 FC le dollar, pour le secteur de l’énergie. « La modicité du budget du secteur de l’énergie traduit une incohérence avec la vision du gouvernement sur l’amélioration de l’accès de la population à l’électricité et à l’eau potable en milieux urbain et rural », lit-on dans le rapport de la société civile. Qui a donc proposé aux deux chambres du Parlement de puiser dans les rubriques « Autres prestations des services » les montants de 117 138 310 FC du secrétariat général du gouvernement et de 146 813 949 FC sur les prévisions des services généraux afin d’apporter l’obole de l’État au titre de la contrepartie du projet de la centrale hydroélectrique de Katende.
Ce barrage devrait, en effet, électrifier les provinces issues du démembrement de deux Kasaï. Hélas, ni les sénateurs ni les députés n’ont répondu favorablement à la requête de la société civile. L’État s’est longtemps emmêlé les pinceaux dans l’électrification de la région du Kasaï. Avant le projet Katende en partenariat avec la coopération indienne, il était question de soutirer du courant sur la ligne très haute tension courant continu Inga-Shaba (THTCC) au niveau de Tshimbulu, a près de 30 km de Mbuji-mayi et de Kananga.
Après plusieurs colloques, séminaires, conférences, ateliers, pré-études et études de faisabilité à grands frais du Trésor, le projet a été classé sans lendemain. La région du Kasaï compte parmi les moins industrialisées et rurbanisées du pays, faute de courant électrique. Aussi, la société civile recommande-t-elle l’accélération de la nomination des animateurs d’ANSER (Agence nationale de service d’électrification rurale) qui est, en effet, une structure censée suppléer la SNEL dans l’arrière-pays et de l’ARE ( Autorité de régulation de l’électricité), par ordonnance présidentielle en vue de sécuriser les crédits prévus pour leur mise en place et leur fonctionnement, soit 100 000 000 FC et 505 757 839 FC, pour la mise en place et le fonctionnement d’ANSER et 2 000 000 000 FC et 195 136 554 FC pour la mise en place et le fonctionnement d’ARE.
Les deux établissements publics sont placés sous la tutelle du ministère des Ressources hydrauliques et de l’Énergie.
L’ARE créée en 2016 et l’ANSER en 2014 ont été dotés, par arrêté ministériel, d’une commission interdisciplinaire d’appui à leur mise en place opérationnelle à travers le Comité préparatoire de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (CPARE) et le Comité préparatoire de l’Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieu rural et périurbain (CPANSER). « Ces deux comités provisoires étaient supposés apprêter l’ensemble des instruments de gestion nécessaires au fonctionnement harmonieux des deux établissements publics pendant une durée de 12 mois, prolongée d’une période additionnelle de 7 mois, au bout de laquelle leurs organes de gestion seraient désignés et installés à titre définitif », a précisé Albert Yuma.
Près de trois ans après, rien n’est venu. Mais, lueur d’espoir, le prochain gouvernement, le cabinet Ilunkamba, devrait élaborer un collectif budgétaire 2019 qu’il présentera simultanément avec le budget 2020 ainsi que le cadre budgétaire à moyen terme 2020-2022 lors de la session parlementaire de septembre 2019. Naturellement, la société civile reste optimiste sur la prise en compte de ses propositions qui ont le mérite de remettre la RDC sur la voie d’atteinte de l’Objectif « Énergie pour tous d’ici 2030 ».